Marseille, deuxième plus grande ville de France, est depuis des années confrontée à des défis majeurs en matière de sécurité, principalement liés au narcotrafic. Face à cette crise qui concerne aujourd’hui tout le territoire national, le gouvernement tente de répondre aux problématiques de violence et de criminalité qui affectent les habitants et ternissent l’image de la ville. D’un autre côté et cela semble presque comique ou plutôt tragique, Benoît Payan, le maire de Marseille, a fait le choix improbable de jumeler Marseille avec Naples, ville elle-même marquée par des problématiques similaires…
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est donc rendu à Marseille, où il a présenté une nouvelle proposition de loi pour la lutte contre le trafic de drogue, tandis qu’un récent rapport sénatorial propose une série de réformes, notamment la création d’une DEA à la française (la Drug Enforcement Administration, est une agence fédérale américaine chargée de la lutte contre le trafic de drogues et la criminalité liée aux stupéfiants).
La crise sécuritaire à Marseille : un bilan alarmant
La situation sécuritaire à Marseille est de plus en plus préoccupante, avec des statistiques qui illustrent une recrudescence des actes violents liés au narcotrafic. En 2023, 85 décès ont été directement attribués aux violences liées aux stupéfiants, un chiffre en augmentation par rapport aux années précédentes. Le rapport sénatorial publié en mai 2024 confirme cette tendance, notant une banalisation de la consommation de drogue en France, avec près de cinq millions de consommateurs réguliers. Ce rapport souligne également que le narcotrafic représente désormais une menace pour les “intérêts fondamentaux de la nation.”
Une stratégie de lutte controversée
Lors de sa récente visite à Marseille, Bruno Retailleau a souligné l’urgence d’une mobilisation nationale contre le trafic de drogue. Il est venu pour prendre la température du terrain et voir s’il peut trouver des points d’appui. Il a annoncé qu’une nouvelle loi sera soumise au Parlement en janvier 2025, avec des propositions comme la création d’un parquet national antistupéfiants. Cette initiative répond aux recommandations du rapport sénatorial, qui appelle à une “guerre contre la drogue” afin de lutter contre la “mexicanisation” du territoire, terme utilisé par Retailleau pour décrire la propagation de la violence due aux cartels et aux gangs.
Les ambiguïtés de la politique municipale
À Marseille, l’attitude de Benoît Payan et de son administration sur les questions de sécurité semble nager à contre courant de la volonté nationale de lutter contre le narco trafic. En effet, depuis son arrivée au pouvoir en 2020. le maire se montre réticente à installer davantage de caméras de surveillance, jugeant ces dispositifs insuffisants pour dissuader les trafics. De plus, il défend clairement l’ouverture de “salles de consommation à moindre risque” (souvent appelées “salles de shoot”) pour réduire les risques sanitaires et sociaux pour les usagers de drogues.
Enfin, la décision de jumeler Marseille avec Naples suscite des interrogations. Naples est elle-même marquée par une criminalité endémique, dominée par la Camorra. Ce choix pourrait être perçu comme un signal contradictoire, alors que Marseille tente de se défaire de son image de ville gangrénée par le crime organisé.
Les propositions du rapport sénatorial : une “DEA à la française”
Le rapport sénatorial publié en 2024 propose la création d’une agence nationale dédiée exclusivement à la lutte contre le narcotrafic, inspirée du modèle de la DEA américaine. Cette “DEA à la française” aurait pour mission de coordonner les opérations anti-drogue à l’échelle nationale et de développer des partenariats avec des agences internationales pour lutter contre les cartels qui opèrent sur le territoire français.
En conclusion, la lutte contre le trafic de drogue à Marseille reste un défi majeur, qui expose des divisions profondes au sein des autorités locales et souligne un besoin de coordination nationale. L’approche de Benoît Payan, marquée par des positions ambiguës sur la surveillance et les salles de consommation ou la pose de caméras, peut laisser percevoir un manque de détermination à s’attaquer pleinement au problème. La proposition de loi de Bruno Retailleau pourrait offrir une réponse inédite en matière de sécurité, mais son impact dépendra de la capacité de Marseille à adhérer à une vision cohérente, coordonnée avec les initiatives nationales.
Jean-Philippe Vigneron
Fondateur du Club Marseille Vision, Responsable Délégué Renaissance du 6/8.