Une étude OpinionWay, réalisée pendant la quinzaine de Noël (les « fêtes de fin d’année », les désormais traditionnelles FFA) pour La Tribune, livre des conclusions plus alarmantes que jamais sur le niveau d’inculture de la jeunesse française. Un échantillon représentatif a été interrogé sur un certain nombre de dates très classiques de l’Histoire de France. On ne parle pas de celles du roman national, hein, attention : pas de Bouvines, pas d’Azincourt, pas de baptême de Clovis, pas de mort de Louis XIV ou de traité de Verdun. Pas même d’Austerlitz ou des Trois Glorieuses. On se doute que ce serait beaucoup trop demander. Non, non, là, les questions concernaient l’Histoire comme on l’apprend depuis quelques décennies : avec une France qui commence par la République, des événements « incontournables » comme l’abolition de la peine de mort, la chute du mur de Berlin ou le droit de vote des femmes. Eh bien, même dans cette Histoire rabougrie et politisée, la jeunesse est nulle.
Commençons par les chiffres les plus affligeants. 46 % des sondés ignorent en quelle année a eu lieu la Révolution française. 60 % ne savent pas quand le mur de Berlin est tombé. 77 % sont incapables de donner la date de l’abolition de la peine de mort et 69 % échouent à situer la date à laquelle les femmes ont obtenu le droit de vote. Voilà. Tout simplement. Cette génération née entre 1999 et 2008, à peu près, ne sait rien. On pourrait même dire que plus les dates demandées sont récentes, moins ils en savent. « Ils sont fiers d’être cons », disait Desproges de la jeunesse de son temps, lors de son mémorable réquisitoire contre Cohn-Bendit sur France Inter. On pourrait ajouter que, non seulement ils en sont fiers, mais il n’y a aucune raison pour que cela change. 45 % de cette riante jeunesse, qui est notre relève, s’informe grâce aux réseaux sociaux.
On pourrait modérer un peu cette consternation en constatant deux choses. D’abord, la prédominance des réseaux sociaux ne va pas tarder à sonner le glas de la presse gauchiste subventionnée, du service public de propagande et de toute la cohorte qui va avec : amuseurs stipendiés, commissaires politiques déguisés en fact-checkers, séries qui représentent « la France telle qu’on voudrait qu’elle soit », comme disait Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, lors d’une audition parlementaire… Ensuite, c’est également la fin des totems de l’Éducation nationale à la papa, ce que montre bien le choix des « grandes dates » de ce sondage.
Voilà donc la jeunesse qui vient : une génération inculte et indifférente, disponible pour toutes sortes de bourrages de crâne, qui pense d’ailleurs symboliquement, à 41 %, que le but de la loi de 1905 est de « discriminer les musulmans ». Les francs-maçons de la IIIe République, qui ont voté cette loi par haine de la religion catholique, doivent faire des triples saltos dans leur tombe. Ces gens vont prendre le pouvoir quand nous vieillirons, puis quand nous mourrons. Et la plupart d’entre eux votent déjà, persuadés, pour citer à nouveau Desproges, que « Marceau, Berthier et Périphérique étaient des maréchaux d’Empire ». Il va falloir nous débrouiller avec ce constat. Et encore faut-il s’estimer heureux : on ne leur a pas demandé si la Terre était plate.
Arnaud Florac