Stéphane Bern : « On peut célébrer la Révolution, mais pas la Terreur ! »

La vasque olympique, qui brille dans le jardin des Tuileries, sera-t-elle conservée après les Jeux olympiques de Paris ? Une pétition a été lancée dans ce sens lundi 29 juillet. De manière assez inattendue, l'engouement populaire pour les symboles des JO pose déjà la question de l'héritage patrimonial des jeux à Paris.

Pour l'animateur et défenseur du patrimoine Stéphane Bern, cet engouement doit être entendu.

Stéphane Bern : C'est un héritage collectif qui pose la question « qu'est-ce qui fait patrimoine ? ». Si on estime tous ensemble que cela fait partie maintenant de notre histoire et qu'on veut tous le garder, très bien ! Je trouve très positif qu'il y ait une meilleure visibilité des femmes dans le statuaire parisien, Christine de Pizan, Simone Veil, ou Olympe de Gouges y ont leur place. La démarche est très belle, il faut simplement se demander où on peut les installer. Je suis plus réservé sur ce qui concerne les anneaux olympiques sur la tour Eiffel, car d'autres événements viendront à l'avenir.

Et pour la vasque olympique ?

Je trouve la vasque de Mathieu Lehanneur magnifique, mais je vois difficilement comment faire entrer cet objet dans le patrimoine alors même qu'il est dans le jardin des Tuileries, un lieu lui-même classé au patrimoine. Cependant, je ne m'y opposerais pas. Plus on fait entrer des objets dans le patrimoine contemporain, plus on fait respecter tout le patrimoine.

Cette demande de « sanctification patrimoniale subite » n'est-elle pas un peu hâtive ?

C'est évidemment trop tôt, mais nous vivons un moment de fierté nationale : 100 000 personnes se pressent pour la voir, alors on se dit qu'il faudrait immédiatement l'inscrire dans le patrimoine? Il ne vous a pas échappé que l'on vit dans une époque où règne l'émotion.

Marie-Antoinette, la tête coupée, qui chante « À ça ira, ça ira? », j'ai du mal à le digérer. On peut célébrer les valeurs de la Révolution comme l'abolition des privilèges ou les droits de l'homme et du citoyen? mais pas la Terreur ou la décapitation de Marie-Antoinette ! C'est le seul moment où j'étais choqué. Pour ce qui est du reste, j'ai adoré les tableaux et ce long défilé sur la Seine qui m'a rappelé le jubilé de diamant d'Elizabeth II sur la Tamise, et j'ai trouvé les danseurs formidables.

Même la Cène ?

Ça n'était pas le banquet de Bacchus ? Je m'y connais un peu en dieux grecs, ils ne ressemblent pas vraiment à Philippe Katherine [rires], même si j'adore Philippe Katherine évidemment. Je suis pour l'inclusion, mais il y avait peut-être un peu trop de drag-queens à mon goût? À vrai dire, je ne vois pas vraiment le rapport avec les Jeux olympiques. La seule critique que je formulerais sur ce spectacle, c'est qu'on ne nous a rien expliqué lors de la retransmission, je crois qu'on aurait évité bien des polémiques avec des explications nourries.

Article de Propos recueillis par Clément Pétreault