
Sélectionné au Festival de Cannes, l’esthétique film de Paolo Sorrentino retrace la vie d’une belle Italienne jouée par Celeste Dalla Porta, et conte la sauvage cité napolitaine.
C’est un bébé né dans la mer, une petite fille à laquelle on donne un prénom de sirène, « Parthenope », titre du film de Paolo Sorrentino (sortie le 12 mars). Plus qu’une cuiller en argent, un carrosse royal (transformé en lit) est alors offert à la belle enfant qui deviendra une superbe jeune fille, incarnée par la grâcieuse Celeste Dalla Porta.
Dans son enfance et sa jeunesse, elle est entourée de son frère fragile et d’un amoureux transi ; mais comme on ne peut pas être heureux dans le plus bel endroit du monde, la baie de Naples, la demoiselle au visage de déesse va vite découvrir l’effet perturbateur de sa beauté. « Vous pouvez tout obtenir sans même demander », lui dit un vieil écrivain américain, homo et alcoolique (Gary Oldman), dans un hôtel de Capri. Etudiante en anthropologie, Parthenope se consacre à une thèse sur les miracles, conseillée par un professeur donneur de leçon (Silvio Orlando). Elle est elle-même un miracle, trop belle pour tous, fascinante et inoubliable, libre mais seule, c’est une femme qui fuit toujours, aux yeux éteints, à la recherche d’elle-même.
Une fresque mélancolique
Sélectionné en compétition au Festival de Cannes, présenté en avant-première au Festival de Deauville, « Parthenope » est « un film sur le sacré » selon Paolo Sorrentino. Le cinéaste italien dépeint sa ville natale, Naples, et les Napolitains, notamment à travers une visite guidée des quartiers populaires par un jeune fiancé mafieux. Une cité pittoresque, chaotique, sauvage, évoquée avec l’extravagance et l’ampleur de son cinéma (« La Grande Bellezza », « Youth », « Il Divo », « The Young Pope »…) dans des séquences composées comme des tableaux.
Cette fresque mélancolique à la beauté froide est aussi « une épopée féminine », le récit de la vie d’une femme, son premier amour, les suivants, la liberté, l’insouciance, le temps qui passe… Une fois âgée, Parthenope (alors incarnée par Stefania Sandrelli) revient sur les lieux de sa jeunesse, en observatrice de son propre destin, telle la prof d’anthropologie qu’elle est devenue. Un soupir pour le temps d’une vie, ce qui dure si peu.
Patrick TARDIT
« Parthenope », un film de Paolo Sorrentino, avec Celeste Dalla Porta (sortie le 12 mars)