Le 11 novembre, la France rend hommage aux "Poilus" de 14-18. Pourtant, ce surnom repose sur un mythe : ces soldats n’étaient pas "poilus" comme on le croit. Découvrez l'origine de cette appellation et sa perception par les combattants.
Le 11 novembre, la France célèbre l’Armistice. D'ailleurs, les soldats français de la Première Guerre mondiale, "les Poilus", sont appelés ainsi à tort. Qui n'a pas l’image d'un soldat français galérant dans les tranchées, poussiéreux, avec une barbe hirsute, attendant d’attaquer l’ennemi : c'est le surnom des "Poilus". Pourtant, c’est totalement faux. Les soldats sur le front, au contraire, prenaient bien soin de se raser. C’était même une obligation règlementaire.
Très vite, durant la Première Guerre mondiale, dès 1915, il y a eu recours au gaz de combat, notamment le tristement célèbre gaz moutarde. Ces attaques toxiques ont causé d’ailleurs 5% des morts de 14-18. Le seul moyen de s’en protéger, c’était de porter un masque à gaz.
Pour que ce soit vraiment efficace, il fallait être totalement rasé. Aucune barbe qui aurait pu laisser passer le gaz. On gardait juste une fine moustache dont le port était une obligation militaire. D’ailleurs, tous les soldats avaient un kit de rasage dans leur paquetage. Donc les Poilus n'étaient pas... poilus.
Les "Pauvres Couillons Du front"
La première raison de ce surnom, c’est le secret militaire. L’armée française avait imposé une censure qui interdisait de publier des images prises sur le front, en particulier les photos des combattants. Ceux qui étaient affichés dans les journaux étaient des soldats en permission ou de retour de combat. Et eux n’avaient pas ces mêmes obligations niveau pilosité. L’autre raison, c’est qu’il y a erreur sur le sens du mot "poilu".
Le terme de "poilu" pour un soldat est né un siècle avant la Première Guerre mondiale, au moment des guerres napoléoniennes. Ce sont les Grognards de l’Empereur qui ont été baptisés comme ça dans l’argot militaire, car ils étaient vaillants. C’était un surnom plein d’admiration. À l’époque, le poilu, c’est le type viril, qui n’a pas froid aux yeux. Donc par extension, celui qui va se battre, qui a du poil partout sauf dans la main. D’ailleurs il y avait beaucoup d’expressions liées au courage avec le mot "poil", comme "avoir du poil au cœur". Ou, ça, c'est Molière dans "Les Précieuses Ridicules" : "être un brave à trois poils".
Ainsi, les Poilus aimaient-ils être surnommés ainsi ? Paradoxalement non. Pour eux, ce terme était une expression utilisée par les planqués, ceux qui ne savaient rien des souffrances qu'ils ont enduré sur le front. D’ailleurs, ils s’appelaient entre eux les bonshommes", "les biffins" car une biffe, c’était un chiffon sans valeur. Ils avaient le sentiment d’être juste de la chair à canon. D’où cet autre surnom qu’ils se donnaient aussi : les PCDF, les Pauvres Couillons Du front.
Ismaël Renard-Azouzi