En 1770, le mariage entre l'héritier de Louis XV et Marie-Antoinette se transforme en catastrophe en plein Paris. Un mouvement de foule provoqué par un incendie fait 132 morts et plusieurs centaines de blessés.
C'est la pire tragédie pyrotechnique de l'histoire de France. Le 30 mai 1770, le mariage entre le futur monarque, Louis-Auguste, futur Louis XVI, et la jeune Marie-Antoinette, fille de l'impératrice Marie-Thérèse, s'est conclu par la mort de 132 personnes dans les rues de Paris, comme le rapporte Le Parisien.
Un immense feu, d'artifice puis tout court
Plusieurs centaines de blessés ont été recensés, d'après les archives. Ce qui devait offrir une fenêtre de respiration à un peuple empêché de franchir les frontières sociales d'un ordre fondé par le sang a viré au drame humain.
En cause, un immense feu d'artifice tiré des quais de Seine, sur la place Louis XV, l'actuelle place de la Concorde. Alors que le spectacle allait se conclure, un violent incendie s'est déclenché, embrasant la paille sur laquelle étaient disposées les fusées.
Selon les archives de la Bibliothèque nationale de France, 200 000 à 300 000 personnes avaient assisté à cet événement. Or, la quasi-totalité de la foule s'est enfuie, affolée. Les prémices d'une catastrophe.
Car le mouvement de foule s'est rapidement transformé en trappe à piège. Tout le monde cherche à accéder aux principales voies de sortie, mais les carrosses des autorités royales ont bloqué les accès. De ce fait, les milliers de personnes se sont pressées rue Royale, actuellement située dans le 8e arrondissement de la capitale.
La suite a été narrée par l'écrivain Louis-Sébastien Mercier, témoin de la scène. "Des rigoles, des trous, des pierres de taille, plusieurs équipages, rendirent le passage étroit et dangereux. Je me sentis horriblement pressé. Je perdis la liberté de respirer et je fus porté en l'air près de quatre minutes par les flots tumultueux d'un peuple qui avait à la lettre l'impétuosité d'un torrent", avait raconté le romancier du mouvement des Lumières.
Un bilan contesté
Si la royauté a communiqué un bilan officiel de 132 morts, certains estiment que le chiffre a été sciemment falsifié. Le livre Galignani's New Paris Guide: Or Stranger's Companion Through the French Metropolis, publié en 1839, mentionne 3 000 morts. Un bilan également partagé par New International Encyclopaedia, paru en 1917. Dans l'histoire française, cette catastrophe sera associée au "grand étouffement".
Plus de vingt ans plus tard, cette même place, baptisée la place de la Révolution, sera le théâtre de la décapitation de Louis XVI et de Marie-Antoinette, condamnés à la sentence la plus sévère prononcée par le Tribunal révolutionnaire. Ce qui ne relève pas du hasard. L'ancienne place, symbole de la puissance royale, est réappropriée par les révolutionnaires. Aujourd'hui, les feux d'artifice restent l'une traditions de la Fête nationale, le 14-Juillet.
Antoine Grotteria