La France a décidément les polémiques qu’elle mérite. Ainsi, la chanteuse belge Angèle, après avoir revendiqué être « pansexuelle », se voit-elle aujourd’hui accusée de « transphobie » sur les réseaux sociaux. Tout démarre sur France 2 avec l’émission « Les rencontre du papotin » : « Je suis bi. Je dirais même que je suis pansexuelle. […] En fait, c’est une nuance. C’est-à-dire que, moi, je peux tomber amoureuse d’un garçon, d’une fille, d’une personne non binaire, d’une personne transgenre. […] C’est juste quelqu’un. Le sentiment amoureux, avoir des papillons dans le ventre, fille ou garçon, pour moi, c’est le même. »
Avec de telles déclarations, cette icône féministe très engagée dans la défense des minorités sexuelles aurait dû être saluée par les chaisières de LGBTQI+AZERTYUIOP. Pas de pot : pas du tout, à en croire cette série de tweets.
L’un, signé d’une certaine Euphorie, nous dit : « La chanteuse Angèle taclée par des pro-trans après avoir fait son coming out pansexuel. » L’autre, signé par un énigmatique « aigri era dsl », précise : « C’est un peu offensant honnêtement car ça voudrait dire que les personnes trans ne sont pas comme les cis. fin. Moi je suis gay, je fais pas de différence d’attirance : je le croyais avant, mais bahh c’est des mecs et je suis attiré par les mecs quoi. » Brillant. Et pour ceux qui n’auraient pas tout à fait saisi la hauteur de pensée de ce cher « aigri era dsl », ce codicille lui permet de mieux expliciter son aérienne pensée : « Être bi inclut tous les genres et identités : définir la pansexualité par le fait d’inclure les personnes trans, c’est transphobe. » Un peu comme si coucher avec un transexuel n’était finalement qu’une sorte de second choix, un voyage au septième ciel en low cost.
Peut-être. Mais puisque « aigri era dsl » l’assure, c’est que cela doit être vrai, même s'il admet ensuite : « Après, c’est une maladresse qu’on ait (sic) beaucoup à avoir fait, donc le tout est de reconnaître le souci et c’est pas grave. » Orthographe, syntaxe et style garantis d’origine. Il aurait été sûrement « offensant » de traduire les concepts lumineux exposés par « aigri era dsl » en français vernaculaire.
À l’heure où ce texte est mis en ligne, Angèle s’est bien gardée d’en remettre une couche, histoire, peut-être, de ne pas finir, telle une vulgaire J. K. Rowling, la maman d’Harry Potter qui, après en avoir fait des caisses et des bidons dans l’inclusif, se trouve désormais exclue de la communauté progressiste pour avoir seulement rappelé qu’une femme était avant tout une femme, menstrues et ovaires à l’appui.
Il y a au moins deux leçons à retenir de ce qui, en d’autres temps, n’aurait été que prétexte à blagues de comptoir.
La première, c’est qu’avec tout ce qu’ignore Angèle, née d’un milieu bourgeois, à propos de son métier de chanteuse, on pourrait emplir des discothèques entières. Elle se plaint de n’être pas considérée comme artiste à part entière, pensant être à l’avant-garde féministe en écrivant ses propres textes et en soignant de près ses enregistrements en studio ? Charmante enfant. Qui ignore qu’Édith Piaf écrivit nombre de ses paroles et dirigeait de main de maître la fabrication de ses disques ; tout comme Françoise Hardy, Sheila, Véronique Sanson, Brigitte Fontaine et tant d’autres avant elle qui n’attendirent pas l’irruption de cette pimprenelle pour prendre leur carrière en main.
La seconde, relative à ses mœurs, réelles ou présumées : longtemps avant elle, quand on demandait à Catherine Lara ce qu’elle préférait chez un homme, elle répondait immanquablement : « sa femme ». Pour ce qui est de la bisexualité, David Bowie le fit bien avant Angèle, au siècle dernier. Mais la différence, c’est que ses ritournelles à elle sont interprétées à l’Auto-Tune™ (logiciel permettant de corriger les fausses notes en direct) : l’immense Bowie n’en eut jamais besoin. Lui, avait du talent, voire du génie. Alors que notre donzelle... La preuve en est qu’à côté, notre chère et adorable Louane, révélée dans La Famille Bélier et issue de la France d’en bas, aurait presque des airs de Callas.
Nicolas Gauthier