Festival du film de Locarno 2024 : Louis XVI et Marie-Antoinette ouvrent le bal

Le 77e Festival de Locarno démarre ce mercredi soir, avec la projection du “Déluge”, évocation de la chute du couple royal. Passage en revue de cinéastes attendus et des films en lice pour le Léopard d’or, remis le 17 août.

Guillaume Canet et Mélanie Laurent incarnent Louis XVI et Marie-Antoinette dans « Le Déluge », film de Gianluca Jodice qui ouvre le festival. Photos Jean-Francois Robert et Patrick Swirc pour Télérama

Après le succès de la séquence « reine décapitée chantante » à la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Paris, c’est à Locarno qu’il faudra être, ce mercredi 7 août au soir, pour retrouver Marie-Antoinette : la tête encore sur les épaules, elle sera interprétée par Mélanie Laurent, aux côtés de Guillaume Canet en Louis XVI, dans le film d’ouverture du festival suisse, Le Déluge. On a forcément une grande curiosité pour cette production italienne, tournée à Rome et à Turin, qui reconstitue le dernier séjour terrestre de la famille royale française, emprisonnée dans la tour du Temple à partir du 13 août 1792. Le réalisateur, Gianluca Jodice (qui a signé Le Poète et le dictateur en 2020, un film sur Gabriele D’Annunzio resté inédit chez nous), présente Le Déluge comme l’évocation d’une apocalypse à la fois historique et intime, se jouant jusqu’au plus profond des illustres condamnés.

Sur la Piazza Grande, décor naturel spectaculaire devenu l’emblème de Locarno, Mélanie Laurent et Guillaume Canet seront couronnés par un « Excellence Award », ouvrant le bal des hommages qui marquent chaque édition du festival. Leur succéderont notamment, jusqu’à la soirée de clôture de cette 77ᵉ édition, le 17 août, Jane Campion, Alfonso Cuarón (dont on attend la série Disclaimer, avec Cate Blanchett, en octobre sur Apple TV), le géant de Bollywood Shah Rukh Khan (avec projection de Devdas, 2002) et Irène Jacob, qui était à Cannes dans Rendez-vous avec Pol Pot, de Rithy Panh. Également attendue sur la Piazza Grande, Bérénice Bejo viendra présenter Mexico 86, où elle interprète une révolutionnaire guatémaltèque en exil, sous la direction de César Díaz, un cinéaste qui avait obtenu la Caméra d’or à Cannes en 2019 pour le beau Nuestras madres.

Sélection plus jeune, plus féminine

Fier d’être un festival de cinéma pour le public, Locarno avait vu défiler 146 930 spectateurs dans ses salles l’an dernier, misant toujours sur une formule qui jongle adroitement avec le glamour et la cinéphilie. La forte concurrence de Cannes, en amont, et de Venise, en aval, a cependant conduit ce rendez-vous estival festif à donner une tournure plus radicale à sa sélection de films en compétition pour le fameux Léopard d’or.

Elle s’annonce, cette année, plus jeune et plus féminine que jamais, avec beaucoup de découvertes en perspective, comme Fario, le premier long métrage d’apparence campagnarde et politique de la Française Lucie Prost. Quelques revenants se glissent parmi les nouveaux venus. Après Sophia Antipolis (2018), Virgil Vernier annonce renouveler son cinéma atypique avec les personnages de jeunes escort girls de Cent Mille Milliards. Et deux prestigieux ex-Léopard d’or asiatiques font leur come-back : primé en 2015 pour Un jour avec, un jour sans, Hong Sang-soo viendra défendre By the Stream, tandis que Wang Bing, primé en 2017 pour Madame Fang, révélera avec Youth (Hard Times) le second volet de sa trilogie documentaire commencée avec Jeunesse (Le Printemps).

Des choix forts auxquels le directeur artistique de Locarno, Giona A. Nazzaro, aura sans doute à cœur, car c’est sa signature, de mêler d’inattendus films de genre. Le Déluge de l’ouverture n’étant peut-être pas loin du cinéma d’horreur.

Frédéric Strauss