Jeanne d'Arc a vécu ses dernières heures de liberté dans l'Oise, le récit de sa capture

File:Statue of Jeanne d'Arc in Orléans A (cropped).jpg - Wikimedia Commons

Le 23 mai 1430 marqua le début de la fin pour Jeanne d'Arc, qui fût capturée à Compiègne alors que la cité était assiégée par les Bourguignons.

À Compiègne, dans l’Oise, Jeanne d’Arc est omniprésente dans la ville. Une statue la représentant trône d’ailleurs depuis des décennies sur la place du 54e Régiment d’infanterie.

La tour Jeanne d’Arc, également nommée « tour du roi », est une autre de ces évocations de la jeune paysanne devenue Sainte. Tout comme la « fresque Jeanne d’Arc », au bord de l’Oise, qui rappelle sa capture par les Bourguignons, le 23 mai 1430, alors qu’elle tentait de délivrer Compiègne du joug de l’ennemi. C’est en effet sur la Rive droite de l’Oise que l’histoire se termina tragiquement pour la Pucelle de Domrémy.

Créateur et animateur du groupe Facebook Histoire et patrimoine du pays de Compiègne, Guillaume Levillain compte aujourd’hui plus de 11 000 abonnés. Cet historien passionné par sa ville, également consultant télé pour Secrets d’Histoire, s’est intéressé à cette page de l’histoire de France.

« Jeanne d’Arc n’a jamais été cheffe de guerre »

Une chose qui est peut-être importante à rappeler à vos lecteurs en préambule : Jeanne d'Arc n'a jamais été cheffe de guerre. Elle n'a jamais mené d'armée en tant que tel. Elle était à la tête des troupes, symboliquement, pour les mener et les haranguer, comme à Orléans, mais ce sont bien les généraux de l'époque et les maréchaux du roi qui dirigeaient les opérations sur le terrain.

Guillaume Levillain Fondateur du groupe Histoire et patrimoine du pays de Compiègne

C’est à Compiègne que prendra fin l’épopée militaire de cette frêle jeune femme qui, du haut de ses 19 printemps, voulut bouter les Anglais hors du royaume. Nous sommes alors en pleine de guerre de Cent Ans et la France est coupée en deux.

Jeanne, dont l’influence auprès du Roi Charles VII a considérablement diminué depuis son sacre à Reims, tente à cette époque de se faire remarquer par ses faits d’armes. « Vous avez le siège de Paris par exemple, où elle fût blessée. Quelque temps avant le siège de Compiègne, elle va aussi mener quelques opérations dans le pays Noyonnais », recontextualise Guillaume Levillain. Un épisode finalement assez peu connu de sa fin de vie.

Des troupes anglaises postées à Venette, Clairoix et Margny

« Compiègne, à l’époque, est le verrou défensif de la région parisienne, mais aussi un nœud commercial très important, notamment dans le commerce du vin. C’est donc un véritable objectif militaire pour le Duc de Bourgogne », retrace Guillaume Levillain. Les troupes bourguignonnes, alliées des troupes anglaises, occupent alors Clairoix, Margny-lès-Compiègne mais aussi Venette…

23 mai 1430. La date est historique. Jeanne part de Noyon dans la nuit avec une bande d’hommes armés et arrive à Compiègne tôt le matin.  « Ce que l’on sait de ce jour-là, c’est qu’elle suit une messe à l’église Saint-Jacques et rencontre les édiles de la cité, notamment Guillaume de Flavy, qui tente de la dissuader de tenter une sortie », raconte l’historien.

Mais Jeanne, qui se croit appelée par Dieu pour sauver sa patrie, veut en découdre. Rétive aux compromis qu’exige la diplomatie, elle tente avec sa bande une sortie par le vieux pont, dont il ne reste aujourd’hui que trois piles, et débouche de l’autre côté. « Elle va alors se confronter avec ses hommes à un avant-poste bourguignon qui devait se situer à peu près au niveau de la gare SNCF actuelle ». Des combats éclatent, mais des renforts arrivent, et vont la forcer à refluer vers l’Oise. La voilà alors prise à revers par les troupes anglaises, arrivées en renfort depuis Venette.

Mise à terre par un archer picard qui avait tiré sur sa huque

Guillaume de Flavy, le capitaine de Compiègne, est à cet instant confronté à un choix que l’on jugera cornélien : « Soit lâcher Jeanne, soit laisser les Anglais et les Bourguignons pénétrer dans la ville… »

Les portes du pont-levis finissent bien par se refermer, laissant Jeanne encerclée. Un archer picard au service d’un seigneur bourguignon tire sur sa huque (casaque, Ndlr) : la jeune femme tombe de cheval.

Reconnue, Jeanne est mise au cachot à Beaulieu-les-Fontaines, près de Noyon. Le début d’un long chemin de croix pour la Pucelle, qui sera ensuite traînée de geôle en geôle et de château en château, entre l’Oise, l’Aisne et la Somme, avant d’être menée à Rouen et de connaître le martyre sur le bûcher.

Vendue aux Anglais pour 10 000 livres

Elle est vendue aux Anglais moyennant 10 000 livres, une somme colossale à l’époque, d’ordinaire réservée aux rançons royales.

Jugée pour hérésie, on lui réserve un procès resté tristement célèbre pour son iniquité. Les anglais ont confié cette tâche à l’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, l’un de leurs alliés religieux. « C’est un procès exclusivement à charge. Les réquisitoires sont en latin, une langue que Jeanne ne maîtrise absolument pas ».

Le but de ces ecclésiastiques à la solde des Anglais est de prouver que Jeanne d’Arc n’a pas n’a pas entendu d’injonctions célestes, mais plutôt « les voix du diable ».

Le 30 mai 1431, soit pratiquement un an après sa capture, le bourreau met le feu à un bûcher installé place du Vieux-Marché de Rouen. Devant la foule nombreuse, Jeanne est liée à un poteau. Les Anglais regardent mourir dans les flammes leur bête noire, une jeune femme qui n’avait pas 20 ans.

Nicolas Giorgi

Date de dernière mise à jour : 27/01/2025

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