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L'historien raconte la vie à Saint-Brevin-les-Pins durant la Seconde Guerre mondiale

À quelques mois de l'anniversaire de la libération de la Poche de Saint-Nazaire, Michel Gautier a édité une brochure sur Saint-Brevin-les-Pins dans la Seconde Guerre mondiale.

Tout est parti d’une petite boutade de Dorothée Pacaud, maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), lors de l’inauguration de la nouvelle gendarmerie en septembre 2024.

« Et pourquoi pas nous ? », a glissé la maire à l’oreille de Michel Gautier quand ce dernier lui a présenté sa brochure fraîchement éditée, 1940-1945 – Saint-Père-en-Retz dans la guerre. Boutade peut-être, mais le passionné d’histoire locale l’a prise au mot.

Une brochure de 126 pages

À peine plus de trois mois plus tard, 1940-1945 – Saint-Brevin-les-Pins dans la guerre vient de paraître. Un recueil de 126 pages tout de même, fruit d’un gros travail où l’auteur croise les archives de guerre, les journaux civils et militaires et les nombreux témoignages recueillis depuis plus de 20 ans.

« J’ai essayé de couvrir l’ensemble des aspects de la guerre, civils et militaires, et de faire le bilan de ce que l’on sait sur cette période à Saint-Brevin », avise l’ancien enseignant, natif de Saint-Père-en-Retz, par ailleurs président de l’Association Souvenir Boivre Lancaster/Chemin de la mémoire 39-45 en pays de Retz.

Une occupation allemande massive

Michel Gautier insiste sur la singularité de Saint-Brevin, incluse dans les lignes de défense de la base sous-marine de Saint-Nazaire, avec une densité d’occupation massive. « Difficile de préciser les effectifs, car ils évoluèrent constamment de 1940 à 1942 avec la mise en service de la base sous-marine, puis à partir de l’automne 44 lors de la formation de la Poche ».

Mais les Allemands furent sans doute aussi nombreux que les civils brévinois (1 829 habitants en septembre 1944).

Il souligne aussi la densité des défenses en bétons : tobrouks, blockhaus et casemates de 10 m jusqu’à 3 000 m3 de béton pour la casemate H663a du Pointeau.

Soit 227 blockhaus au total, dont 45 affectés aux 6 batteries de FLAK (l’artillerie antiaérienne allemande), et 38 pour le seul Stützpunkt (camp de base) du Pointeau. Enfin, le petit bourg relié au grand port par le bac de Mindin hébergeait aussi des milliers de réfugiés nazairiens.

Les Allemands appréciaient Saint-Brevin

Aux soldats allemands, il fallait ajouter les travailleurs des chantiers Todt et ceux du Reichsarbeitsdienst (ou RAD, l’équivalent du STO pour les jeunes Allemands), venus effectuer des travaux de génie – araser les talus ou raser les toitures (comme celle de la poivrière de la Villa Duchesse Anne) – pour libérer les lignes de tir allemandes.

Du fait de cette cohabitation forcée, l’atmosphère dans la station balnéaire était très particulière. Les villas étaient occupées par les officiers et l’état-major allemand.

Comme à La Baule au nord, ils appréciaient se retrouver ici, à Saint-Brevin, avec ses parcs, ses hôtels, ses casinos, ses maisons de vacances, surtout à la fin de la guerre pour ceux qui arrivaient du front de l’Est.

Michel Gautier

Des conditions de vie difficile

A contrario, les habitants étaient confrontés à des conditions sanitaires et sociales forcément difficiles que l’auteur s’attache à décrire. « Ici, on vivait dans une zone dangereuse car il y avait beaucoup d’interdits, de tensions, de bagarres, de pillage. On était aussi à proximité de zones de tirs ».

Ces conditions vont encore se dégrader après la formation de la Poche avec des pénuries alimentaires, un sentiment d’enfermement et d’isolement, avec le froid et la peur de la mauvaise rencontre voire l’arrestation, comme ce fut le cas pour douze résistants brévinois, dont sept ne revinrent pas des camps.

L’historien souligne le rôle déterminant joué par Marcel Bouhard. Grande figure résistante du pays de Retz, ce jeune lieutenant de gendarmerie, plus tard nommé général, avait rang de sous-préfet de la Poche sud. Il a œuvré pour protéger et améliorer le quotidien difficile des « empochés » en négociant fermement avec la Kommandantur.

Deux drames et des témoignages

Michel Gautier évoque bien sûr les deux drames qui ont frappé la commune. D’abord le crash d’un B24 américain, The Oklahoman, le 5 décembre 1943, désintégré par la FLAK brévinoise et provoquant la mort de neuf aviateurs américains et la capture du pilote.

Un large chapitre est également consacré à la catastrophe du Boivre qui fit 15 morts et 5 blessés français, ainsi que trois morts allemands, après l’explosion de 244 mines antichars sur les dunes de l’Ermitage, le 17 mars 1945.

Avant d’aborder la Libération, Michel Gautier a pris soin d’animer son récit de témoignages de cinq contemporains de l’époque, tous décédés aujourd’hui, qu’il a personnellement rencontrés durant les années 2000.

Ce sont des témoignages très précieux qui viennent apporter un contenu très vivant, au-delà des faits militaires.

Michel Gautier

Parallèlement à la parution de la brochure, le président de l’ASBL animera une conférence sur ce thème à la médiathèque, samedi 8 mars 2025 à 15 h.

La brochure est en vente à la librairie La Case des pins, dans les offices de tourisme ou auprès de l’ASBL : https://chemin-memoire39-45paysderetz.e-monsite.com/

 

 

Date de dernière mise à jour : 21/01/2025

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