L’Académie française a lancé un cri d’alarme dans Le Figaro du 15 février. Emporté par la vague du franglais, le français, en violation de l’article 2 de la Constitution, est en passe de ne plus être la langue de la République. À l’horizon se profile une fracture sociale et générationnelle aux conséquences irréversibles.
L’heure est grave. Tout le monde le lit partout et l’entend : notre langue est compromise dans sa fonction première de communication par une vague de destruction massive venue d’Amérique via le Canada. Nouvelle orthographe, abus des finales en ing et ty, l’anglais a envahi notre langue par la force des choses : celle du business. Ce n’est pas le bilinguisme qui règne mais le globish. Et voici que la syntaxe même est touchée, avec la suppression des conjonctions et des modes. Les Français ne parlent plus leur langue parce que l’Europe s’est soumise à l’empire américain.
Sauf qu’un ennemi extérieur ne triomphe qu’avec des alliés à l’intérieur. Par haine de la civilisation gréco-latine, on a coupé la langue de son étymologie dont témoigne, exemplairement, la suppression souvent illogique des circonflexes. La violence faite à notre langue par une féminisation arbitraire a été le commencement de la fin. L’apothéose est la cancel culture et le wokisme. Quand le politique accepte qu’une idéologie envahisse la langue, dans les facultés et les entreprises, dans les services publics. Quand on grave, dans le marbre des mairies, des mots en inclusive, une langue s’affaiblit. De là à être « remplacée », il n’y a qu’un pas. Peu à peu, les mots anglais ont rongé le français. Au tour du disque dur de la grammaire d’être touché ? Normal !
L’histoire témoigne de notre soumission. 1539 : édit de Villers-Cotterêts. 1974, Giscard fait son discours… en anglais ! 1974/1995 : notre langue passe à l’anglais. 1994 : vote de la loi Toubon, toujours violée ! 2013 : la loi Fioraso est votée dans un Hémicycle à moitié vide ! Le droit anglo-saxon et le libéralisme envahissent notre sol. Le Canada multiculturel est le modèle des élites. L’anglais devient la langue des médias, de la pub, de nos vies : la langue de référence convenant parfaitement à la loi du marché. Mme Pécresse discourt, en anglais, en Amérique latine ! Elle rédige sa biographie, sur le site de l’Île-de-France, en bilingue ! Elle promeut un enseignement, en anglais, à l’université ! Macron fait un discours, à Berlin, en anglais ! Trudeau, son modèle, ne passe-t-il pas, dans la même phrase, du français à l’anglais ? Pendant ce temps, nos bacheliers sont refoulés de la première année de faculté parce qu’ils ne maîtrisent pas leur langue, et faute d’une culture élémentaire.
« Cet afflux massif d’anglicismes […] incontrôlable et instable qui rend difficile leur assimilation porte atteinte à l’identité […] et éventuellement à l’avenir de notre langue. » Ce n’est pas Éric Zemmour qui dit cela mais Mme Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française. Déjà, notre carte d’identité est rédigée en anglo-français, au mépris de la loi. La Coupole du quai Conti est-elle vouée à disparaître ?
La Rédaction