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Le fait monarchique

QUIZ. Connaissez-vous bien les rois de France?

« Le gouvernement monarchique a un grand avantage sur le républicain : les affaires étant menées par un seul, il y a plus de promptitude dans l’exécution. »  (Montesquieu)

« Le principe royal ne repose pas sur la foi que l’on a ou que l’on n’a pas en lui. Il importe peu qu’on y croie ou que l’on n’y croie plus. Cela ne peut se peser. Dieu est Dieu, et le Roi est le Roi. »  (Jean Raspail)

Depuis de nombreuses années, dans mes écrits, je répète à l’envi que la France a perdu son âme en détruisant le Trône et l’Autel. Et on me demande régulièrement d’expliciter mon propos, ce qui n’est jamais chose facile en quelques lignes, ni même en quelques pages. Je suggère aux gens qui m’interrogent de commencer par lire « Enquête sur la monarchie » et « Mes idées politiques » (1) de Charles Maurras pour mieux appréhender le fait monarchique. Pour ma part, je reste convaincu que le Français, qui a pourtant guillotiné Louis XVI, est foncièrement « césariste » : il a besoin d’admirer son (ou ses) chef(s). Il respecte un pouvoir fort, une gouvernance autoritaire. Il appelle régulièrement de ses vœux un « César », qui viendrait remettre de l’ordre dans la pétaudière ingouvernable qu’est devenu son pays livré aux exactions d’une faune allogène incontrôlée (car incontrôlable).

Depuis 1789, la France n’est plus « la fille aînée de l’Eglise » mais une dame de petite vertu. Sans les valeurs morales imposées par le décalogue chrétien, elle tapine telle une fille à soldats. Elle a besoin de bruits de bottes et elle en redemande régulièrement depuis qu’elle n’a plus de monarque :

Mort de Louis XVI, c’est un général – Bonaparte – qui la sort de la Révolution.  Bonaparte devient Napoléon 1er. Il s’ensuit quinze années de furie. 1815, la garce réclame à nouveau  bottes et  cravache, et ce sera le neveu, Napoléon III qui va lui organiser une belle guerre inutile et une défaite cuisante à Sedan. Puis il lui faudra encore un général; ce sera Mac-Mahon. La chienne demande encore de la culotte de peau. C’est le général Boulanger, qui mourut « comme un sous-lieutenant », qui rate son élection de quelques voix. Pendant la Grande Guerre, elle va aduler Joffre, Foch et Pétain, pour se doter ensuite d’une chambre « bleue-horizon », des civils certes, mais plus cocardiers que les militaires. Pendant l’entre-deux guerres, elle se serait bien donnée au colonel de La Rocque  si ce dernier avait voulu d’elle. Après la déculottée de juin 1940, elle s’offre, le cul encore nu, à un vieux maréchal de France, Philippe Pétain. Elle flirte avec le général Giraud avant de s’amouracher tardivement – après le débarquement du 6 juin 1944 – d’un général à titre temporaire, De Gaulle. L’Indochine s’embrase, la catin se rassure en sachant que le conflit sera cogéré par un moine-soldat, l’amiral Thierry d’Argenlieu et le généralissime à la promotion plus rapide que l’avancée de ses chars, le général Leclerc. Le 13 mai 1958, elle compte encore sur « l’homme du 18 juin ». Ce même général De Gaulle qui, selon sa légende, l’a sauvée de l’humiliation de l’armistice en juin 40, puis l’a libérée en 1945. Si le putsch d’avril 1961 avait réussi, elle se serait jetée dans les bras du général Salan, auquel elle aurait trouvé des qualités républicaines (qualités qu’il avait indéniablement !). En mai 1968, elle s’est sentie rassurée quand De Gaulle, paniqué devant la chienlit, s’est réfugié à Baden-Baden auprès de Massu, encore un général ! En 2002, devant  la présence de Jean-Marie Le Pen au second  tour de l’élection présidentielle, j’ai vu le moment où, dans un sursaut républicain, cette vieille catin allait en appeler à Bigeard. Après tout, il avait encore « bon pied, bon œil », un peu comme le maréchal Pétain en juin 1940… Mais l’appel à une gouvernance musclée est un aveu de faiblesse. Un pouvoir fort et dictatorial ne suffit pas, hélas, pour construire (ou reconstruire) une nation forte dans la durée !

La France éternelle a entamé son déclin, sa descente aux enfers, en détruisant « le Divin et le Sacré » en 1789. Elle a bien eu quelques soubresauts salutaires: le premier Empire (au début !) qui a, entre autres, ré ouvert les églises, le second Empire, la IIIe République, surtout, pour son épopée coloniale. Mais un pays qui n’a plus d’idéal, plus de croyance, plus de religion (« l’opium du peuple » disait Lénine) n’a plus d’ossature, plus de colonne vertébrale, et perd son identité en même temps que sa fierté. Notre pays a atteint un tel degré de dégénérescence, de lâcheté, d’abandon, de veulerie, en deux mots de « pourriture morale » qu’on est en droit d’espérer un retour de balancier. Mais ce redressement  devra d’abord être moral avant d’être économique et/ou social.

Il y a quelques années, un ministre osait affirmer que  « La France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n’y a pas de Français de souche. Il n’y a qu’une France du métissage… » (2). Ces inepties ont été énoncées lors d’un débat sur l’« identité nationale ». Le débat était clos avant même d’être ouvert !

Je m’en tiendrai donc à un développement historique : le 21 janvier 1793, rompant avec des siècles de tradition monarchique, la France guillotinait son Roi, rompant le lien sacré entre Dieu et le Roi, puis entre le Roi et son peuple. C’est davantage au monarque « de droit divin » et à la religion catholique que s’attaquaient les esprits instruits en Loges maçonniques. Tout ceci avait commencé avec la Constitution civile du clergé et ses « curés-jureurs », le 12 juillet 1790. Puis le mouvement s’est accéléré jusqu’à la mort du Roi qui n’était déjà plus monarque de droit divin depuis des mois.

Ceci allait déboucher sur les crimes de la Terreur et sur le génocide du peuple vendéen.

Il n’est pas dans mon intention d’idéaliser, de glorifier ou de magnifier l’Ancien Régime, mais de remettre l’histoire à sa juste place : la France est née avec le baptême de Clovis. Dans sa longue histoire, tout ne fut pas idyllique ! Mais elle a amorcé son déclin en tuant la monarchie de droit divin.

Détruire le catholicisme était, pour la franc-maçonnerie, une chose relativement facile. Il suffisait d’agiter le chiffon rouge pour qu’une partie du bas peuple, pauvre et affamée, veuille se venger de la richesse et de l’arrogance de l’aristocratie et du clergé. Il aura suffi, ensuite, d’assortir cette haine de l’Autel de décisions ridicules et inutiles, décisions qui ne survivront pas à la Révolution : imposer un calendrier républicain ; supprimer les fêtes chrétiennes ; faire de la cathédrale Notre-Dame de Paris un « Temple de la déesse Raison », etc. Depuis le 14 juillet 1789, toutes les surenchères étaient permises: le conventionnel Rühl brise la Sainte Ampoule dans la cathédrale de Reims. On change le nom des villes si ce nom fait référence à un saint : Saint-Malo, par exemple, devient Port-Malo, Saint-Denis devient Franciade, et on va toujours plus loin dans l’abject. Ruault écrira : « On a creusé à Saint Denis, une grande fosse dans laquelle on a jeté tous les ossements des rois, des princes et des princesses… ». Cet épisode peu connu de la furie révolutionnaire mérite qu’on s’y attarde, même s’il est répugnant. Personnellement, je l’ai découvert  il y a quelques années déjà, en lisant « Sire » de Jean Raspail (3). Ce dernier raconte que la profanation des tombeaux de nos rois ne s’avéra pas florissante : « Nos princes s’étaient le plus souvent couchés dans leur tombeau en chemise, sans bijoux ni attributs royaux, en signe d’humilité chrétienne. Le total de la collecte donna onze couronnes de vermeil ou de cuivre doré, onze sceptres de même métal, quatre mains de justice en argent, trois anneaux dont un seul en or ». La fosse commune  des Bourbons a été fermée le 16 octobre 1793, celle des Valois et autres souverains, le 25 octobre. Ainsi fut consommée la seconde mort de nos rois. Il restait aux valeureux fils du peuple à rendre compte à la Convention de l’accomplissement de leur mission. Ils y allèrent en délégation. En tête marchait, titubant, Pollart, le maire de Franciade (Saint-Denis), curé défroqué. Le suivaient, assis sur des ânes auxquels on avait enfilé, sous les rires, des chasubles et des étoles, des braillards aussi éméchés que leur maire. Parvenu à la Convention, Pollart hoqueta un discours d’ivrogne : « Citoyens, nous vous apportons toutes les reliques puantes et les pourritures dorées qui existaient à Franciade. Nous vous prions de nous en débarrasser sans délai, pour que le faste catholique n’offense plus nos yeux républicains… ». Hormis ce qui disparut dans quelques poches, tout fut fondu. N’en réchappa que le sceptre du Roi Charles V…

Mais, puisqu’on avait pris l’habitude de « bouffer du curé » et de tuer « la superstition », il eût été dommage de s’arrêter en si bon chemin ! On avait commencé, le 4 novembre 1789, par la confiscation des biens du clergé, puis la Terreur avait détruit les temples et tué bon nombre de curés « non-jureurs ». L’œuvre de déchristianisation de la France était en marche, elle n’allait plus s’arrêter.

Ce sera d’abord Émile Combes, franc-maçon fanatique qui, par la loi du 7 juillet 1904, interdit aux congrégations d’enseigner. Il fait fermer, en quelques jours, 2500 écoles religieuses. Puis « l’affaire des fiches » du général André. Puis  la Loi de séparation de l’Église et de l’État, d’Aristide Briand, le 9 décembre 1905 et le scandale des inventaires qui se dérouleront dans un climat de guerre civile. L’apaisement ne viendra qu’après la saignée de 14-18, avec l’ «Union Sacrée ». Puis la scandaleuse condamnation de « l’Action Française » par Pie XI, le 25 décembre 1926 et l’interdiction faite, en 1927, aux adhérents de l’AF, de recevoir les sacrements de l’Église.

Ce drame va déchirer des familles et troubler les consciences mais il était bien orchestré puisque, en dissociant le Trône de l’Autel, il interdisait toute possibilité d’un retour de la monarchie en France (4).

Le coup de grâce sera donné par le Concile Vatican II, commencé sous Jean XXIII en 1962 et clôturé sous Paul VI en 1965, qui va prôner l’œcuménisme, abandonner le rite tridentin et le latin,  provoquant une forte crise des vocations et, en corollaire, une désertification des séminaires, des couvents et des églises. Les abus, les excès, les abandons liturgiques d’après Vatican II vont  amener la rupture entre les « traditionalistes », sous l’égide de monseigneur Marcel Lefebvre, et le courant progressiste de l’Église. Aujourd’hui le pape Bergoglio morigène l’Occident, encourage l’immigration irrégulière, flagorne l’islam mais combat… le latin et la messe de Saint Pie V ; allez comprendre !

Il est bien connu qu’« un clou chasse l’autre » ; le recul du catholicisme s’est d’abord traduit par une montée en puissance des sectes, en métropole comme dans nos anciennes colonies (5). Puis, avec le regroupement familial et le « jus soli », la France est devenue, peu à peu, terre d’Islam.

La morale n’étant plus chrétienne, les idéaux maçonniques débattus en Loges sont arrivés à l’Assemblée nationale: ainsi de la « Loi Veil », en 1975, autorisant et légalisant l’avortement.

On légalisait le droit de tuer l’« infans conceptus » qui avait des droits depuis la plus haute antiquité. Depuis la Loi Veil, on a tué en France environ 230 000 fœtus par an (chiffre officiel) soit en gros 10 millions de petits Français. En 1981, la France abolissait la peine de mort sur pression de Badinter, le garde des Sceaux de l’époque, et nous arrivons à cette aberration : chez nous, on n’a plus le droit de tuer que… des innocents (6).  Après tout, la France actuelle récolte ce qu’elle a semé !

On me dit que le « nationalisme intégral » – la monarchie – n’est plus possible de nos jours.

Qu’aucun prétendant au Trône n’est crédible et/ou digne de régner. Qu’on me permette d’en douter et de préférer faire confiance à un monarque d’émanation divine plutôt qu’à un petit marquis poudré, bien formaté par l’ENA (et le GODF), marionnette de la finance apatride et mondialiste.

Même si le citoyen français est appelé aux urnes en gros tous les 18 mois, et souvent sur des sujets (comme la Constitution européenne) auxquels il ne comprend rien, les hommes politiques ne jouent plus l’intérêt suprême de la nation mais leur réélection. Ces gens-là vont à la soupe, alors que la « Res publicae » devrait être un sacerdoce. Par démagogie ou clientélisme électoral, ils acceptent  tout, au nom de la sacro-sainte liberté. Une liberté qui n’implique plus aucun devoir, mais seulement des droits. « La liberté du fou s’appelle folie, celle du sot, sottise, celle du bandit, banditisme, celle du traître, trahison, et ainsi de suite… » disait Charles Maurras. J’ai envie de rajouter que celle du con s’appelle connerie et qu’elle est en train de prendre le pas sur toutes les autres !

« Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! » Cette citation célèbre de Manon Roland, avant de monter sur l’échafaud, reste d’une brûlante actualité !

Qu’on le veuille ou non, notre civilisation s’est construite sur le décalogue chrétien.

Les dix commandements de l’Eglise sont à l’origine de cet « ordre social chrétien » cher à La Tour du Pin (7), base du catholicisme social. Saint Vincent de Paul n’a pas attendu Bernard Kouchner ou ce vieux vicelard d’abbé Pierre pour venir en aide aux plus pauvres. D’ailleurs ces apôtres de la gauche morale confondaient allègrement la « redistribution socialiste » avec la charité.

Si une monarchie n’est plus possible en France, alors disons que je suis – comme l’était le géniteur de Charles De Gaulle – « un monarchiste de regrets ». Mais comme les regrets, fussent-ils éternels, ne servent à rien, je garde l’espoir qu’un jour – que je ne connaîtrai sans doute pas – la France redevienne « catholique et royale ». Après tout, j’ai encore le droit de rêver !

Eric de Verdelhan 

1)- « Enquête sur la monarchie » livre publié en 1903, « Mes idées politiques » publié en 1937

2)- Propos tenus par  le ministre Éric Besson, à La Courneuve en janvier 2010.

2)- « Sire » de Jean Raspail ; Éditions de Fallois ; 1991

4)- Cette condamnation sera levée par S.S. Pie XII en 1939, qu’il en soit remercié. Mais la blessure était profonde, elle ne cicatrisera jamais totalement.

5)- Je pense aux évangélistes américains en Afrique dans les années 1980 : sous couvert de religion, c’était une nouvelle colonisation qui s’instaurait.

6)- Le Code de la Chasse punit sévèrement celui qui tuera une hase (lièvre femelle) pleine mais tuer le petit homme à naître est parfaitement légal !

7)- « Vers un ordre social chrétien » de La Tour du Pin ; Réédition Trident ; 1987

Date de dernière mise à jour : 27/01/2025

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