Pétain-Mitterrand : la photo que la gauche cache aux Français

François Mitterrand, de Pétain à de Gaulle | France Inter

Dans le Figaro en ligne de ce samedi 29 mars 2025, un papier intitulé : « Pétain-Mitterand, l’histoire d’une photo explosive », papier signé Jean-Christophe Buisson pour le Figaro Magazine.

Il s’agit bien sûr de la fameuse photo de François Mitterrand rencontrant le maréchal Pétain le 15 octobre 1942 ; le même Mitterrand recevant ultérieurement la francisque des mains du même Maréchal.

Cette photo, selon Buisson, ne sera révélée qu’en 1994 ; 1942-1994, 52 ans donc durant lesquels l’électeur hexagonal pourra être tranquillement roulé dans la farine, étant persuadé d’élire en 1981 un grand résistant antiraciste, anticolonialiste, anti-facho et surtout anti-Algérie française et par conséquent farouchement anti-Le Pen torturant d’innocents colonisés. (Je résume ici un ressenti découlant de ces non-dits historiques ou du moins souffrant d’un absence chronique de piqûres de rappel.)

Résistant, il le fut certes, donc certainement courageux à sa manière, ce qui ne m’a jamais empêché de m’interroger sur le fait de savoir ce que ce grand résistant, récipiendaire de la Francisque mais néanmoins obsédé du pouvoir, serait devenu si Adolf et Philippe étaient sortis vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale…. Eût-il continué à résister ? Au vu de ce précédent pétainiste, il m’est permis d’en douter…

En effet, Mitterrand m’a toujours paru correspondre en tous points au personnage de la chanson de Dutronc, « l’Opportuniste ». Mais foin d’hypothèses invérifiables…

Ce qui est parfaitement vérifiable par contre, ce sont les paroles d’un Mitterrand ministre de l’Intérieur en 1954, à la tribune de l’Assemblée nationale, au cours d’un épisode que semble avoir laissé de côté Buisson dans son papier, du moins dans la présentation accessible au non-abonné que je suis, et qui projette de le rester d’ailleurs. Ce faisant, je ne puis avancer avec certitude que l’épisode ne soit mentionné dans l’article. Seule certitude, il ne l’est pas dans l’introduction de celui-ci.

Petite piqûre de rappel donc, au cas où. Introduction de l’article ci-dessous dans sa partie accessible aux non abonnés..

« Vichy, hôtel du Parc, le 15 octobre 1942. Le Maréchal Pétain, chef de l’Etat français, reçoit une délégation du Centre d’entraide de l’Allier aux prisonniers, évadés et rapatriés. Parmi les quatre hommes représentant le CEA figure François Mitterrand, 26 ans . A l’époque, il est ‘contractuel’ de l’administration française, et sera bientôt décoré de la francisque avant de s’engager dans la résistance active (s’engageant une fois certain que les Adolf et Pétain ne pourraient jamais sortir vainqueurs de la seconde guerre mondiale ? Question que je me pose de façon lancinante…) puis devenir le chef de file de la gauche socialiste et président de la République en 1981… sans que ce cliché saisissant soit rendu public – c’est Pierre Péan, dans son livre ‘Une Jeunesse Française’  qui en révèlera l’existence, en 1994, soit 52 ans plus tard ! (…)

Dans cette sorte d’ellipse d’aspect favorable à Mitterrand, l’on passe directement de 1942 à 1981, en oubliant de citer l’épisode suivant : 1954, Mitterrand est ministre de l’Intérieur du gouvernement Mendès France, président du Conseil, nommé en juin de la même année par le Président de la République René Coty. Alors qu’en juillet est mis fin à la guerre d’Indochine, en novembre de la même année début de l’insurrection algérienne, qui deviendra la guerre d’Algérie.

Extrait du discours d’alors du ministre de l’Intérieur Mitterrand à l’Assemblée nationale le 12 novembre 1954.

(…) Voilà donc qu’un peu partout, d’un seul coup, se répand le bruit que l’Algérie est à feu et à sang. De même que le Maroc et la Tunisie ont connu ce phénomène du terrorisme individuel dans les villes et dans les campagnes, faut-il que l’Algérie ferme la boucle de cette ceinture du monde en révolte depuis quinze ans contre les nations qui prétendaient les tenir en tutelle ? 

Eh bien ! non, cela ne sera pas, parce qu’il se trouve que l’Algérie, c’est la France, parce qu’il se trouve que les départements de l’Algérie sont des départements de la République française. Des Flandres jusqu’au Congo, s’il y a quelque différence dans l’application de nos lois, partout la loi s’impose et cette loi est la loi française. (…) 

Notre bon vieil antifasciste François n’a pas l’air du tout gêné d’évoquer une France des Flandres jusqu’au Congo…

1954-1981 ; il faudra 27 ans pour que ce récipiendaire de la francisque en 1942 puis grand résistant, ministre de l’Intérieur du gouvernement Mendès France en 1954, soit 12 ans plus tard, affirmant alors que l’Algérie c’est la France et qu’elle n’est qu’un département français, 27 ans donc, entre 1954 et 1981 pour que le même soit (eeeenfin ?) élu président de la République, de gauche comme il se doit, le président le plus anticolonialiste qui soit, le plus antiraciste qui soit (Touche Pas à Mon Pote !) le plus anti-Algérie française qui soit, et comme de bien entendu, le plus anti-Le Pen torturant en Algérie qui soit.

Ce parcours politique exemplaire ne parle-t-il pas de lui-même ? Est-il vraiment étonnant que nous gisions aujourd’hui politiquement aux fins fonds de nulle part, parmi les raclures de fonds de casseroles, après avoir subi une descente aux enfers nommée Sarkozy-Hollande-Macron ? Je ne le pense pas. Ce qui me rassure cependant lorsque Foutriquet évoque les crimes contre l’humanité français en Algérie : il accuse ainsi Mitterrand d’être une pourriture de criminel contre l’humanité… ou me trompé-je ?

Silvio Molenaar

https://beaugency.over-blog.com/2016/10/etude-de-document-mitterrand-1954.html

https://www.lefigaro.fr/livres/petain-mitterrand-l-histoire-secrete-d-une-photo-explosive-20250329

Date de dernière mise à jour : 30/03/2025

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