PORTRAIT - Cette prof à Caen publie un roman d’Alexandre Dumas « jamais sorti dans sa version intégrale »

Professeure de littérature à l’Université de Caen, Julie Anselmini publie Création et Rédemption, roman méconnu d’Alexandre Dumas intimement lié à la ville de Caen, édité pour la première fois dans sa version intégrale.

Pour la première fois, ce récit d’Alexandre Dumas sera publié en intégralité. | PHOTO FOURNIE PAR L’AUTEUR

Alexandre Dumas n’a pas fini de nous étonner, même un siècle et demi après sa mort. Julie Anselmini, professeure de littérature à l’Université de Caen (Calvados), a récemment publié une œuvre méconnue de l’auteur, Création et rédemption, aux éditions Gallimard. « C’est un ouvrage dont il a commencé la rédaction dans les années 1850, alors qu’il était en exil à Bruxelles après le coup d’État de Napoléon III, explique l’enseignante. Après l’avoir un temps délaissé, il a repris son écriture dans les années 1860 pour l’achever en 1868. »

L’ouvrage n’avait jamais été édité sous sa forme originelle

S’il l’a bien écrit comme un livre, le récit est d’abord paru sous forme de roman-feuilleton dans le journal Le Siècle entre décembre 1869 et mai 1870, soit peu avant la mort de Dumas. « Il n’a jamais été édité sous forme de livre de son vivant », indique Julie Anselmini. Il faut attendre 1872 pour que l’éditeur Michel Lévy le publie en deux volumes, intitulés Le docteur mystérieux et La fille du marquis. « Mais cela ne respectait pas vraiment l’organisation de l’ouvrage, qui est en trois parties. Pourtant, toutes les éditions ultérieures ont repris cette publication en deux parties », souligne encore la professeure. Jusqu’à aujourd’hui…

Dans cet ouvrage, on fait la connaissance de Jacques Mérey, médecin dans la petite ville d’Argenton (Indre), qui s’attire la défiance de ses pairs à cause de sa pratique de l’hypnose et du magnétisme. Un jour il recueille une petite fille sourde. Grâce aux bons soins du médecin, elle guérit et grandit et tous deux s’éprennent l’un de l’autre. Mais tout bascule lorsque la jeune Eva découvre être en réalité la fille d’un marquis, et est arrachée au médecin par sa famille. Désireux de se venger, Jacques Mérey devient député à la Convention, ce qui le conduira à côtoyer d’illustres personnages comme Danton, Marat, et les députés Girondins.

Un roman d’amour, et un roman historique

Pour la première fois, le roman est donc édité dans sa vraie version. Julie Anselmini s’est pour cela appuyée sur les archives du journal Le Siècle, en y ajoutant une préface, un dossier critique, des annotations, ou encore un dictionnaire des personnages historiques. « Cela me semblait important de publier ce roman, justement parce qu’il est très méconnu. Il est pourtant passionnant à différents égards : C’est une histoire d’amour sur fond de Révolution française, un vrai roman historique qui mêle aussi magnétisme et sciences occultes. »

Des liens avec Caen

Un roman lié aussi à l’histoire caennaise, car l’assassinat de Marat par Charlotte Corday (née à Ligneries, près de Caen), y tient une place importante, « comme la proscription des Girondins, dont beaucoup se sont réfugiés dans le bocage Normand », note l’enseignante.

Salomé LEMONNIER