Le caporal Jules André Peugeot (11 juin 1893 - 2 août 1914). • © France 3 Franche-Comté
En ce 11 novembre 2024, nous célébrons le 106ᵉ anniversaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale qui fit près de 20 millions de victimes. Première d’entre elles, un jeune Comtois, entré malgré lui dans l’Histoire un jour d’été.
Jules, André, Peugeot. Deux prénoms, un nom bien connu. Celui qui fut instituteur dans le Doubs avait 21 ans quand il rend son dernier souffle pour son pays.
Natif d’Étupes dans le pays de Montbéliard, Jules André Peugeot est à la veille de la guerre, militaire, caporal exactement dans l’armée française. Son régiment a pour mission de surveiller la frontière franco-allemande dans le nord Franche-Comté.
2 août 1914, des cavaliers allemands entrent en France dans le Territoire de Belfort. • © Archives du Territoire de Belfort
Le 1ᵉʳ août 1914, le président Raymond Poincaré croit encore à une issue pacifique. Il maintient les troupes françaises à dix kilomètres à l’intérieur de la frontière allemande de 1871 pour éviter tout incident. Les villages proches sont évacués.
L’invasion allemande tant redoutée surgit. Dimanche 2 août, vers dix heures, une patrouille de sept cavaliers allemands, venus de Mulhouse, franchit la frontière et se dirige vers Joncherey dans le Territoire de Belfort. Le caporal Peugeot et quatre hommes se trouvent alors dans une maison isolée appartenant à la famille Docourt.
La maison où le caporal Peugeot se trouvait juste au moment de l'incursion allemande dans le Territoire de Belfort. • © Archives du Territoire de Belfort
Les Prussiens ! Voilà les Prussiens ! »
La fille du propriétaire, partie chercher de l'eau, serait revenue effrayée en criant « Les Prussiens ! Voilà les Prussiens ! »
Jules André Peugeot sort et se met alors en position de tir. En face, un lieutenant allemand, Albert Mayer, charge au galop, et tire trois coups de revolver sur le caporal français, qui s’effondre mortellement. Avant de mourir, Jules André a eu le temps de riposter. Mayer, l'Allemand ne survit pas, touché par deux balles, il s’effondre de son cheval.
Une stèle fut érigée sur le lieu de la mort du caporal Peugeot en 1914. • © France 3 Franche-Comté
30 heures après la mort du caporal Peugeot, la guerre est déclarée
Le 3 août 1914, l'Empire allemand déclare la guerre à la France. Le conflit qui va aller d’escalade en escalade, va durer quatre ans et s’étendre au-delà de la vieille Europe.
Nous l’avons tous appris dans les livres d’histoire, mais l’avons petit à petit oublié. Le conflit aura fait au total près de 20 millions de morts.
Le nombre de victimes de la guerre reste difficile à évaluer, il varie de 8,5 à 10 millions de morts, rien que pour les militaires. 1,4 million de militaires français sont morts pour la France. En moyenne, 900 jeunes français mouraient chaque jour sur les champs de bataille.
Près de 9 millions de civils seraient décédés. La guerre aura laissé aussi 600 000 veuves et 760 000 orphelins dans notre pays, sans compter les blessés et invalides.
Première mort d'une tragique guerre, le caporal toujours honoré
Le caporal Jules André Peugeot repose depuis le 4 août 1914 dans le cimetière d’Étupes, dans le Doubs, son village natal.
Dès 1915, une souscription mondiale est lancée pour financer la construction d’un monument sur le lieu du drame, à Joncherey. Une colonne est inaugurée le 16 juillet 1922 en grande pompe par le président du conseil Raymond Poincaré. Elle sera en partie détruite par les Allemands lorsqu’ils arrivent en juillet 1940 dans le secteur, durant la Seconde Guerre mondiale.
Depuis 1959, un monument en grès des Vosges rend hommage au premier mort français d’une guerre qui fut sanglante.
Sophie Courageot et Florence Cicolella