Une masse de glace provenant de la région arctique et flottant calmement dans l'océan Atlantique, d'une hauteur de 17 mètres, une longueur de 125 mètres et un poids de près de 1,5 million de tonnes. Si ce n'est ces estimations, peu de détails précis sont disponibles concernant le géant glacé qui est entré en collision avec le RMS Titanic dans la nuit du 14 avril 1912, provoquant des dommages critiques à sa coque et conduisant à la tragédie maritime la plus célèbre de l'histoire.
Plus d'un siècle après le naufrage, l'identité exacte de l'iceberg qui a fait sombrer le paquebot transatlantique reste non confirmée. Deux photographies ont longtemps attiré l'attention des passionnés d'histoire. Mais désormais, une troisième récemment mise en avant jette à nouveau un doute sur le véritable coupable, comme le relate Populars Mechanics. Un cliché en noir et blanc d'environ 12,5 sur 7,5 centimètres, avec pour légende (incorrectement orthographiée) "Titantic" et vendu aux enchères par la maison de vente Henry Aldridge & Son ce 27 avril 2024.
Une photographie étroitement liée au repêchage des victimes
La photographie a été prise à bord du CS MacKay-Bennett par l'un des membres de la John R. Snow and Company, grande entreprise britannique de construction basée en Nouvelle-Écosse (Canada). Le navire, habituellement chargé de réparer les câbles sous-marins de l'Atlantique nord, fut cette fois missionné par la White Star Line (copropriétaire du RMS Titanic) de récupérer certains des corps des plus de 1 500 disparus dans la catastrophe – pour 711 rescapés. Parti d'Halifax, sur la côte sud de la province canadienne, il fut donc transformé en véritable "bateau-morgue".
Sur place, l’équipage trouve en revanche beaucoup plus de corps que prévu, la plupart flottant dans l’eau glacée avec les gilets de sauvetage. En raison du manque de fourniture d'embaumement et d'espace à bord, tous ne peuvent être récupérés. L'ordre est donné par la White Star Line, à travers de télégrammes : les passagers de 1re et de 2e classes devront être repêchés en priorité.
En deux semaines, le CS MacKay-Bennett assisté par trois autres navires récupère les corps de 306 voyageurs : ceux de 1re classe – parmi lesquels celui du milliardaire John Jacob Astor IV, homme le plus riche à bord et personnage du film de James Cameron – sont placés dans des cercueils, ceux de 2e classe embaumés dans de la toile, mais 116 autres sont rejetés par-dessus bord.
La photographie "Titantic" aurait été réalisée sur le site le 16 avril 1912, soit deux jours après sa rencontre fatidique avec l'iceberg. Personne ne peut affirmer avec certitude qu'il s'agit de celui qui a fait couler le paquebot, tempère le commissaire-priseur Andrew Aldridge auprès du DailyMail. "Mais ce que l'on peut dire, c'est qu'après le navire de sauvetage RMS Carpathia, le Mackay-Bennett a été l'un des premiers navires à atteindre le site de l'épave", donnant un poids à cette possibilité.
[Le photographe] a dû avoir ses raisons pour prendre une photographie de cet iceberg. Il l'a légendée "Titantic" et l'a destiné à la postérité.
Autour du Titanic, de nombreuses ventes aux enchères
Le cliché était dans la famille John R. Snow jusqu'à ce qu'un collectionneur l'acquière au début des années 1990, et le mette finalement aux enchères le 27 avril 2024. Il est estimé entre 4 600 euros et 8 050 euros. En octobre 2015, une autre image en noire blanc, mise en vente par la même société de vente – et elle aussi censée représenter la masse responsable du naufrage du Titanic – était cédée pour la somme de 27 000 euros environ. Elle a été prise le 15 avril 1912 par un marin du Prinz Adalbert, à quelques kilomètres du désastre dont il n'avait pas encore connaissance.
L'une des rumeurs concernant le funeste iceberg est qu'il aurait porté une trace de peinture rouge à sa surface, témoin du choc avec le bateau réputé insubmersible. Celle-ci n'apparaît sur aucune des photographies mentionnées. La White Star Line a en revanche accroché la seconde pendant près de 90 ans sur le mur de sa compagnie, jusqu'à sa fermeture en 2002.
Quoi qu’il en soit, ces ventes aux enchères, qui ne semblent se raréfier à mesure que la date d'anniversaire du drame grandit – et qui sont parfois sujettes à controverse, notamment en ce qui concerne la légalité de la vente d'objets récupérés de l'épave – continuent de faire vivre la légende tragique du Titanic. Avec, comme dernière en date, celle du menu historique d'un dîner sur le paquebot.
Mathilde Ragot