
L'affaire Apollonia sera jugée du 1 mars au 6 juin dans la salle PHN de la caserne du Muy à Marseille (3e), dédiée au procès hors-normes (crédit : JRG / Gomet)
L’affaire Apollonia sera jugée à Marseille à partir du lundi 31 mars jusqu'au 6 juin 2025 à la caserne du Muy devant la 6e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire. Un procès hors norme où se retrouveront près de 300 familles victimes et 15 prévenus.
Entre 2002 et 2010, la société Apollonia a proposé des investissements dans des projets immobiliers - au minimum une dizaine à chaque fois - censés assurer une retraite prospère à leurs clients. Cette offre clés en main, directement gérée avec les banques et des notaires, était en fait une escroquerie immobilière aux chiffres records.
Le procès de "l'affaire Apollonia" s'ouvre ce lundi devant la 6e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Marseille. Les audiences se tiendront dans la salle des "procès hors norme" sur le site de la caserne du Muy, dans le 3e arrondissement.
Près de 300 familles touchées
Du côté des victimes, près de 300 familles ont été touchées, quelque 760 personnes sont parties civiles (dont 26 banques différentes), représentées par 110 avocats.
Le cabinet de Gobert et associés, à Marseille, représente 204 familles. Il a rédigé la première plainte déposée le 10 avril 2008. Même des années plus tard, les conséquences de cette affaire restent dramatiques pour les victimes présumées. Parmi elles, trois personnes se sont suicidées.
Dans ce premier procès pénal, le cabinet va demander des préjudices moraux à hauteur de 62 millions d'euros. Le montant des intérêts civils devrait, lui, avoisiner le milliard d'euros : il s'agit de crédits en cours impossibles à rembourser, parfois de un à trois millions d'euros de dette par familles.
Ce procès est l'aboutissement d'une gigantesque enquête qui a duré 10 ans. En 2016, le dossier incluait 86 tomes, plus 72.000 pages. Plus de 7,5 millions d'euros d'avoir ont été saisis, en France, en Suisse, au Luxembourg et au Maroc.
La société Apollonia et 14 prévenus
Dans le box des prévenus : la société Apollonia et 14 autres prévenus. À la tête de l'entreprise, la famille Badache : Jean Badache, 69 ans, ancien commercial de la chaussure de sport, Viviane Badache, 67 ans, esthéticienne qui a la carte d'agent immobilier et leur fils Benjamin Heysen-Badache, 46 ans, aux commandes de la société Apollonia fondée, en 2006, à la fois agent immobilier et conseiller financier.
Jean Badache a passé trois mois en détention provisoire à la prison des Baumettes avant d'être libéré sous caution. Quatorze prévenus sont renvoyés devant la justice : l'avocat de la société, René Spadola, quatre commerciaux, Rémy Suchan, François Mélis, Jean-Luc Puig et Amélie d'Almeida, ainsi que trois employés administratifs d'Apollonia, chargés des relations avec les banques : Lynda Quintart, Fabienne Florentino et Holda Dahir.
On compte enfin trois notaires : Jean-Pierre Brines, Philippe Jourdeneaud Philippe Rambaud (un Lyonnais, un Aixois et un Marseillais) qui ont passé deux mois aux Baumettes avant d'être libérés sous caution.
Des victimes surendettées
Les victimes de l'escroquerie se retrouvent surendettées, incapables de rembourser des prêts contractés sur la base de revenus locatifs surévalués. Sur la région de Nice, Toulon, Marseille, plus de 200 médecins, dentistes, chercheurs, biologistes ont ainsi été séduits par les rendements alléchants promis par la société.
Entre 2002 et 2010, la société Apollonia, basée à Aix-en-Provence, a vendu plus de 5.300 biens défiscalisés pour un montant proche de 950 millions d'euros. En 2008, elle réalise un chiffre d'affaires de 36 millions d'euros pour un personnel de 30 personnes. Les clients ont investi chacun entre 800.000 et quatre millions d'euros.
Isabelle Lassalle