Le principal suspect dans la disparition de la jeune fille, Samuel Gonin, a été arrêté en janvier près de Narbonne. Il s’est suicidé le 10 juillet dernier à Besançon. Mais l’affaire est peut-être plus compliquée qu’il n’y paraît.
Il faut croire que les enquêteurs qui travaillent sur la disparition de Lina, 15 ans, en septembre 2023, ont des informations assez précises sur le sort de la jeune fille puisqu’ils mobilisent depuis trois jours d’importants moyens pour sonder le massif forestier du Kemberg, dans les Vosges. On sait que Lina s’est volatilisée le samedi 23 septembre 2023, entre son domicile, au hameau de La Plaine (Bas-Rhin) où elle vit avec sa mère et Sainte-Blaise-la-Roche où elle devait prendre le train pour Strasbourg.
Un véhicule recherché depuis des mois
Après plusieurs mois d’investigations, les gendarmes ont pu mettre un nom sur le principal suspect. Samuel Gonin, 43 ans, père de deux enfants, avait refusé d’obtempérer à un contrôle douanier. Il a été arrêté début janvier 2024 à Sigean, dans l’Aude, au volant d’une Ford Puma volée en Allemagne. Cette voiture a été placée à la fourrière de Narbonne où elle est restée jusqu’en juin dernier. C’est dans cette voiture que les gendarmes de la section des recherches de Strasbourg ont découvert des traces d’ADN de Lina. Le véhicule était au nombre de ceux qui ont été localisés sur le secteur de La Plaine le jour de la disparition de Lina.
« J’ai perdu mon honneur… »
Samuel Gonin avait été déféré au parquet de Narbonne après son arrestation et condamné en comparution immédiate après une brève incarcération à une peine de 15 mois de prison avec sursis probatoire. Il a ensuite été remis en liberté, rapportent nos confrères de Midi Libre.
Le 12 juin 2024, Samuel Gonin a été à nouveau interpellé à Besançon pour une affaire de séquestration. Curieusement, la plainte déposée par une jeune femme a été classée. Cependant, cinq jours plus tard, le 17 juin donc, il était à nouveau entendu au commissariat pour l’agression d’une nonagénaire et pour le braquage d’une supérette. Pour ces faits, datant du 25 août 2023, il devait comparaître le 22 juillet 2024 devant le tribunal judiciaire de Besançon. Entre temps, Samuel Gonin s’est donné la mort le 10 juillet. Il a laissé une lettre dans laquelle il écrit : « J’ai perdu mon honneur, ma dignité, mon humanité, je dois partir. C’est mieux ainsi. »
Un profil psychologique fragile
Le principal suspect dans la disparition de Lina est un homme souffrant de troubles psychiques, il a fait plusieurs séjours dans une unité de soins spécialisée. Fortement addict à l’alcool et aux stupéfiants, il a été décrit comme étant « dangereux » par un psychiatre.
Qu’a-t-il fait précisément, le 23 septembre 2023, entre La Plaine et Sainte-Blaise-la-Roche ? Était-il au volant de la voiture ? Avait-il des complices ? Le communiqué du parquet de Strasbourg invite à la prudence. «L’information judiciaire est actuellement dans une phase très active, de multiples actes étant en cours pour retrouver Lina et déterminer les circonstances de sa disparition. Si les investigations récentes ont conduit les enquêteurs sur la piste d’un homme de 43 ans originaire de Besançon, il ne peut – à ce stade – être tiré de conclusions définitives sur son implication dans la disparition de Lina. »
Prudence, donc, en attendant le résultat des fouilles qui se poursuivent dans la forêt de Kemberg, proche de l’endroit où Lina a disparu. Apparemment, les enquêteurs en savent beaucoup plus sur cette mystérieuse disparition qu’ils ne veulent le dire.
Emilien Lacombe