
En demandant à y être inhumé, le pape François marque une dernière fois son pontificat par sa fidélité à Marie.
Parmi les innombrables sanctuaires que compte Rome, le pape François a choisi de reposer au cœur de la basilique Sainte-Marie-Majeure. Cet édifice, l’une des quatre basiliques majeures de la ville, est la seule à avoir conservé sa structure d’origine depuis l’époque paléochrétienne. Dédiée à la Vierge Marie, elle incarne à la fois l’histoire des premiers chrétiens, l’universalité de l’Église et une dévotion mariale constante au fil des siècles. En demandant à y être inhumé, le pape François marque ainsi une dernière fois son pontificat par sa fidélité à Marie et par sa simplicité personnelle.
Un sanctuaire ancien au cœur de la Ville éternelle
La basilique Sainte-Marie-Majeure trouve son origine dans un épisode rapporté par la tradition chrétienne. Dans la nuit du 5 au 6 août 358, la Vierge Marie serait apparue en songe au pape Libère (352-366) et à un riche patricien romain. Elle leur aurait demandé de construire à Rome une église à l’endroit précis où la neige tomberait en plein été. Le lendemain, un manteau neigeux aurait recouvert miraculeusement la colline de l’Esquilin. En souvenir de ce prodige connu sous le nom de « miracle des neiges », une basilique fut construite à cet emplacement, d’abord appelée Sainte-Marie-des-Neiges ou basilique libérienne.
Sous le pontificat de Sixte III (432-440), le bâtiment fut largement agrandi pour célébrer le concile d’Éphèse qui avait proclamé Marie comme la « mère de Dieu ». L’édifice conserve aujourd’hui les éléments essentiels de sa structure paléochrétienne : les nefs, les colonnes antiques ainsi que les mosaïques de la nef et de l’arc triomphal. Au fil des siècles, plusieurs papes ont poursuivi l’embellissement du lieu : Eugène III agrandit l’atrium, Nicolas IV remania l’abside, Clément X fit reconstruire la façade postérieure entre 1670 et 1676 et Benoît XIV en rénova la façade principale entre 1740 et 1758.
Sainte-Marie-Majeure appartient également au cercle très restreint des quatre basiliques dites majeures ou papales de Rome, aux côtés de Saint-Pierre au Vatican, Saint-Jean-de-Latran et Saint-Paul-hors-les-Murs. Elle bénéficie ainsi du privilège de posséder une porte sainte et est considérée comme faisant parti de l’État du Vatican, selon l’article 13 des accords de Latran.
La basilique du pape François
La basilique abrite également plusieurs trésors liturgiques et artistiques, dont la célèbre icône de la Salus Populi Romani, attribuée par la tradition à saint Luc. Cette image mariale, vénérée depuis des siècles, a été au cœur de la piété personnelle du pape François. En mars 2020, au plus fort de la pandémie de Covid-19, il s’y est rendu pour prier la Vierge Marie, invoquant sa protection pour la ville et le monde, urbi et orbi.
Le lien entre François et Sainte-Marie-Majeure est néanmoins ancien et constant. Dès le lendemain de son élection en mars 2013, le nouveau pape s’était rendu dans la basilique pour confier son pontificat à la Vierge. Il y revenait aussi systématiquement avant et après chacun de ses voyages apostoliques.
Dans une interview accordée à la chaîne mexicaine N+, en décembre 2023, François avait publiquement exprimé sa volonté d’être inhumé dans la basilique, près d’une statue de la Vierge Marie, Reine de la Paix. Il déclarait alors : « L’endroit est prêt », précisant qu’il ne souhaitait pas reposer dans les grottes vaticanes comme la plupart de ses prédécesseurs récents. Ce souhait sera ainsi respecté lors de ses funérailles.
Le pape François deviendra ainsi le premier pape à être inhumé dans la basilique Sainte-Marie-Majeure depuis Clément IX, en 1669. Avant ce dernier, plusieurs autres souverains pontifes y avaient été déjà ensevelis, comme Honorius III (1216-1227), Nicolas IV (1288-1292), saint Pie V (1566-1572), Sixte V (1585-1590), Clément VIII (1592-1605) et Paul V (1605-1621). Cette liste témoigne du lien profond qu’a entretenu la papauté avec ce sanctuaire marial. François rejoint également la lignée plus large des papes enterrés hors du Vatican et sera le 117e pape à avoir fait ce choix. Le dernier en date était Léon XIII (1810-1903), inhumé au sein de la basilique Saint-Jean-de-Latran.
Eric de Mascureau