À Bordeaux, cette queue interminable d’étudiants pour une distribution alimentaire révolte des élus

Environ 500 étudiants ont été filmés mardi en train d’attendre de pouvoir recevoir des denrées alimentaires. Un phénomène en expansion dans la ville girondine.

BORDEAUX - Ces images, filmées mardi 24 septembre dans le centre-ville de Bordeaux par France Bleu Gironde, interpellent. On peut y voir environ 500 étudiants patientant dans une queue interminable, tout autour d’un pâté d’immeuble, pour une distribution alimentaire.

Une fois à l’intérieur du Centre Info Jeunes pour cette distribution assurée par l’association Linkee et sa vingtaine de bénévoles, les étudiants se voient proposer fruits, légumes, laitages, céréales et produits d’hygiène.

« C’est une très forte reprise depuis la rentrée étudiante, là, on est sur une distribution pour 500 étudiants donc c’est impressionnant. On fait tout pour que ce soit le moins stigmatisant possible, et pour que l’attente soit la moins désagréable », explique Lucas Vivet, le vice-président de Linkee Bordeaux, auprès de France Bleu Gironde. Depuis deux ans, le nombre de bénéficiaires a doublé à Bordeaux, selon l’association.

Interrogés dans le reportage de France Bleu, plusieurs étudiants dans la queue mettent en avant le coût toujours plus élevé des loyers et des prix dans les rayons de supermarchés. « Payer sa bouffe et payer son loyer et donner du temps à ses études, c’est quasi impossible. Tout a augmenté et tout est devenu vraiment super cher au fil des dernières années », témoigne ainsi l’un d’entre eux auprès de la radio.

Selon le site Seloger.com, le prix moyen du loyer mensuel d’un appartement non meublé à Bordeaux en 2024 s’élève à 747 euros ; il s’élève à 1 599 euros à Paris, 843 euros à Lyon ou 734 euros à Marseille.

Des images « bouleversantes »

Les images de cette impressionnante file d’attente en plein cœur de la neuvième ville de France ont en tout cas fait réagir certains élus sur les réseaux sociaux. « Ces images sont bouleversantes. Il est urgent d’enrayer la précarité étudiante », commente le député socialiste Arthur Delaporte, qui souhaite notamment le vote du « repas à 1 euro ».

« Les images publiées par Linkee sont révoltantes et devraient inquiéter notre nouveau Ministre de l’Enseignement supérieur Patrick Hetzel », écrit le sénateur socialiste Rémi Cardon, qui souhaite une discussion autour d’« une sécurité alimentaire pour les moins de 25 ans ». Le député François Ruffin ou le sénateur communiste Pierre Ouzoulias dénoncent aussi cette situation.

Selon une étude parue en début d’année, environ 19 % d’étudiants déclaraient ne pas manger à leur faim, tandis qu’en moyenne, les étudiants affirmaient sauter 3,5 repas par semaine.

La Rédaction