
Cyril Hanouna, mais aussi Éric Zemmour, incarnent aux yeux de l'extrême gauche tous les stéréotypes juifs.
Partout en France, le 22 mars, La France insoumise, des associations et des syndicats manifesteront contre « l’extrême droite ». Comprenez : contre Musk, Le Pen, Bardella, Retailleau, Bolloré… et Hanouna, qui a l’honneur d’être une des têtes d’affiche. Et cela n’a pas manqué d’être remarqué, l’affiche étant proche de caricatures antisémites des années sombres. Vous avez la réf' ?
L’extrême gauche se livrerait-elle à un antisémitisme graphique, sans le faire exprès ? En 2022, L’Humanité publiait une caricature d’Éric Zemmour en « gobelin défraîchi, nez crochu, oreilles pointues », relevait La Tribune juive, qui ajoutait : « soit l’archétype de la caricature antisémite dans la presse national-socialiste allemande des années 1930 ».
Éric Zemmour a également été caricaturé en Gargamel, le méchant personnage des Schtroumpf. Un article relevait qu’il était « difficile de ne pas percevoir les similitudes entre l’affreux sorcier » et les caricatures antisémites, similitudes aisées à identifier : « nez busqué, doigts crochus, soif de pouvoir et obsession pour les richesses ». C’est l’image du banquier juif dans un certain imaginaire, pas spécialement d’extrême droite : « une vieille tradition d’antisémitisme de gauche, dénonçant les Juifs "capitalistes" au nom des opprimés », écrit Georges Gachnochi (De l'antisémitisme traditionnel à l’islamo-gauchisme).
Macron en banquier
Siné Mensuel a publié en une (avril 2021) un Macron banquier qui reprend ces codes iconographiques. La figure grimaçante, les doigts crochus, le nez busqué faisaient penser, cette fois, à l’affiche de l’exposition « Le Juif et la France » (Paris, 1941). La caricature de Macron était signée Jean Solé. Lequel a, vu de gauche, un CV irréprochable. Jugez plutôt : il était signataire, en juin 2024, de la déclaration « La BD emmerde le Rassemblement national ».
La France insoumise a repris l’idée du banquier en 2022. Dans un défilé parisien, on promena « un pantin d'Emmanuel Macron au nez crochu et sourire carnassier rappelant les caricatures antisémites du XXe siècle », selon LCI. Adrien Quatennens avait repoussé cette interprétation. « Je n’ai pas vu que le nez soit spécialement crochu », commentait-il le lendemain, ajoutant que le masque de Macron était en vente libre sur Internet - on trouve vraiment de tout, sur Internet.
« L’image représente une figure majeure du discours antisémite et un outil non négligeable dans les processus de discrimination et de persécution des Juifs », analysait Marie-Anne Matard-Bonucci. À ce titre, les caricatures sont un complément naturel, et majeur en effet, de certaines déclarations des LFI très nettement teintées d’antisionisme, pour ne pas dire plus. L’humour de Guillaume Meurice a épuisé le genre lorsqu’il a qualifié Netanyahou de « nazi sans prépuce ». Depuis le 7 octobre 2023, l’extrême gauche est de moins en moins protégée par le mythe qui veut que l’antisémitisme de gauche, cela soit impossible. Les suites de l'affaire seront judiciaires : l'avocat de Cyril Hanouna annonce qu'une plainte va être déposée pour « atteinte à l'image » et que d'autres actions sont envisageables en lien avec l'antisémitisme.
Samuel Martin