Le magazine Society consacre 22 pages de sa dernière livraison à l’énigme qui entoure depuis deux ans la disparition d’Yvon Gérard, notaire mosellan. Suicide ? Meurtre ? Disparition volontaire ? Enquête tous azimuts.
Mystérieusement disparu le 17 août 2022 près de Saumur, dans le Maine-et-Loire, Yvon Gérard était à la fois notaire et ami de personnalités de la jet set. C’était aussi un homme d’affaires incontournable : fondateur de l’Open de tennis de Moselle, promoteur du somptueux hôtel Starck à Metz, il comptait parmi les plus grosses fortunes de la région.
Une piste privilégiée par la justice
S’est-il donné la mort comme il l’indique lui-même dans un étrange courrier électronique destiné à ses proches ? A-t-il décidé de changer radicalement de vie en abandonnant tout derrière lui ? A-t-il été victime d’un règlement de comptes ? Society explore les trois hypothèses dans son enquête particulièrement fouillée.
Le 17 août 2022, Yvon Gérard, 54 ans, marié et père de deux enfants, quitte son domicile familial de La Godinière, route du Bellay, à Allonnes (49) à 10 h 45 où il s’était installé depuis peu. Il a rendez-vous chez le coiffeur, dit-il à son fils. On ne le reverra plus. Dans son ordi, les gendarmes découvriront un mail posté ce jour-là à 8 h 33 intitulé « Pourquoi je pars de ce monde ». Il termine cette lettre d’adieu en exprimant une dernière volonté : « Je veux que mes cendres soient dispersées à Font d’Urle. » Il s’agit d’une station de ski de la Drôme qu’il connaissait bien.
Yvon Gérard était dépressif ces derniers temps. Un accident de vélo, le 9 juillet 2022 n’avait rien arrangé. « Le suicide reste la piste privilégiée, explique Alexandra Verron, procureure de la République de Saumur. Mais nous n’écartons pas complètement la disparition volontaire puisque nous n’avons pas retrouvé le corps ».
Notaire et businessman
L’enquête du magazine Society s’attarde ensuite sur l’hypothèse de la disparition volontaire « d’un homme à bout moralement et physiquement ». Ses amis, ses proches, ne croient pas au suicide de cet homme au caractère bien trempé, ce sportif accompli à qui rien ne résistait. Aurait-il eu envie de s’éloigner des ennuis qui le harcelaient ? L’hôtel Starck, à Metz, dont il était le promoteur, semble être frappé de malédiction. Quinze ans après les premières ébauches, le bâtiment n’est toujours pas terminé.
A Thionville, les affaires immobilières dénoncées par Yan Rutili dans les ThionviLeaks, avaient brusquement mis le notaire d’Hettange-Grande (57) au cœur de cette grosse embrouille politico-judiciaire. Pourtant, Yvon Gérard n’était pas homme à fuir ses responsabilités.
De gros dossiers
Quant à la piste criminelle, elle n’a jamais été envisagée par les gendarmes de Saumur. Notaire en Moselle puis à Paris où il a créé en 2020 Invectus Notaires, dans le 17ᵉ arrondissement, Yvon Gérard traitait de grosses affaires avec des clients fortunés.
Aurait-il commis une erreur ? Reçu des actes borderline? Difficile à croire même si son nom apparaît dans plusieurs plaintes. Notamment l’une déposée à la JIRS de Nancy pour « prise illégale d’intérêts, détournement de fonds publics, corruption et trafic d’influence, fraude fiscale en bande organisée ». Les faits s’étant déroulés, selon la plainte, « en Moselle, dans le Maine-et-Loire, à Marrakech (Maroc) au Grand-Duché du Luxembourg et en principauté de Monaco ». Le dossier, particulièrement chaud, a été renvoyé à Thionville.
Autre affaire délicate pour Me Yvon Gérard, cette assignation devant le tribunal judiciaire de Paris. Elle est datée du 22 février 2023, soit plus de six mois après la disparition du notaire, comme l’explique Society.
Ces aspects surprenants du notaire Yvon Gérard dans le cadre de ses activités professionnelles, tant en Moselle qu’à Paris, semblent avoir échappé aux enquêteurs de Saumur.
Le magazine Society y revient en détail.
Marcel Gay