Dernière ligne droite avant les Jeux olympiques. Paris, ville hôte dans laquelle se déroulera la cérémonie d’ouverture le 26 juillet prochain, se prépare. Il reste dix jours à la Ville Lumière pour tout mettre en ordre afin que l’événement soit une réussite. Au-delà des résultats sportifs, c’est toute l’organisation de la compétition qui sera scrutée, et s’il y a une question sur laquelle les organisateurs, la mairie, la préfecture de Paris et le gouvernement sont particulièrement attendus, c’est la sécurité. Depuis des mois, les observateurs s'inquiètent que l’événement puisse se dérouler dans de bonnes conditions, sans débordement ni incident.
Pour éviter les critiques et les problèmes, il semble que les institutions aient préféré en faire trop que pas assez. C’est, en tout cas, ce que laissent penser les 44.000 barrières installées par la préfecture pour sécuriser la cérémonie d’ouverture et les épreuves sur route. Non pas des petites barrières d’un mètre de haut sur lesquelles les spectateurs peuvent s’accouder mais de très grandes barrières, type chantier, qui donnent à la ville des allures de prison ou de cage. Le tout maintenu au sol par des parpaings pour que l’installation soit bien solide.
Déplacements impossibles
Des parpaings placés à la perpendiculaire de la chaussée, pour des raisons évidentes de stabilité, qui transforment les trottoirs en parcours du combattant. Les piétons zigzaguent, les poussettes passent par-dessus les obstacles à la force du poignet et les personnes à mobilité réduite… sont coincées. Paul Quesada, chef de projet chez Novosports, association qui crée des disciplines sportives où se mélangent des personnes valides et des personnes en situation de handicap, rapporte à BV : « Les Jeux olympiques avaient été annoncés comme les plus inclusifs et adaptés pour tout type de public : c’était beaucoup de paroles. Au niveau de l'accessibilité, il n’y a aucun aspect positif. C’est pire qu’avant. C’était déjà pas terrible, mais là, c’est pire. » Il détaille : « Les trottoirs ont été réduits, les obstacles n’ont pas été pensés pour les personnes à mobilité réduite, des barrières ont été mises devant des trottoirs abaissés, les bus vont faire des détours… » Tous ces changements ont pour effet d’allonger les distances et de compliquer les trajets, ce qui « cantonne les personnes à mobilité réduite à rester chez elles ». Pour un événement qui se voulait « accessible », ça laisse à désirer.
Commerces sacrifiés
Ce n’est pas tout : les Jeux olympiques de Paris 2024 devaient aussi booster l’économie locale grâce à un afflux important de touristes. Pour les commerces qui se retrouvent coincés derrière les fameuses barrières, c’est tout le contraire. Le patron de la brasserie l’Esmeralda, située sur l’île de la Cité, confie à BV : « On a été prévenu qu’il y aurait des QR codes lors de réunions avec la mairie et avec le préfet, mais on ne nous avait pas dit qu’on serait barricadé comme ça. Ça donne une sensation un peu bizarre, on se croirait dans un zoo. » Ce restaurateur est amer, il dit ne jamais avoir « fait une saison aussi nulle ». Il précise : « Normalement, à cette période, c'est la haute saison, mais là, on fait moins qu’en basse saison. » La semaine qui précède la cérémonie d’ouverture, il restera fermé car il sait que « les touristes n’auront pas de QR codes pour accéder à la zone grise ». Il conclut : « Si c’est pour servir trois plats du jour et dix cafés, autant être fermé car ça ne paie pas l'électricité et le personnel. »
Comme lui, ils sont nombreux à avoir espéré retirer un bénéfice des Jeux olympiques, mais force est de constater que plus la date approche, plus les contraintes s’accumulent et plus les chiffres d'affaires diminuent. La compétition n’a pas encore débuté que pour les commerçants, les personnes à mobilité réduite, les riverains de la zone grise et les touristes, ces JO sont déjà une épreuve.
Sarah-Louise Guille