JO 2024 : « Il y a un peu de découragement », les bouquinistes loin d’être en forme olympique

Les bouquinistes des quais de Seine, un « monument » de Paris qui fait de  la résistance face aux JO - Le Parisien

Sur le quai Conti, en bord de Seine, les touristes passent mais ne s’arrêtent que très rarement chez les bouquinistes. Pour eux, les affaires sont mauvaises pendant ces Jeux.

L'essentiel

Les autorités ont voulu déplacer leurs boîtes installées pour la cérémonie d’ouverture des JO.

Après plusieurs mois de combat, les bouquinistes ont pu rester sur les quais de Seine.

Mais pendant les Jeux, leur moral n’est pas au beau fixe. Les affaires ne sont pas bonnes. « C’est archi calme », déplore Jérôme Callais, président de l’association culturelle des bouquinistes de Paris.

ssis sur sa chaise pliante, Alain voit défiler les spectateurs des Jeux olympiques à toute vitesse sur les quais de Seine. Mais pas grand monde tenté par un arrêt au stand, ou plutôt devant sa boîte. « On pensait que ce serait extraordinaire, on est tous un peu déçus, bougonne le bouquiniste. C’est vraiment très moyen en ce moment. »

Entre le pont Neuf et le nouveau pont « Aya », le quai de Conti est baigné par le soleil, tandis que les bateaux-mouches voguent sur la Seine. Idéal pour une petite lecture, en attendant désespérément les clients.

« Il y a un peu de découragement »

« En principe, on travaille bien les derniers jours de juillet et les premières semaines d’août, pose Jérôme Callais, président de l’association culturelle des bouquinistes de Paris. Mais là, c’est archi calme. Il y a un peu de découragement, certains collègues ont pris des gamelles. » En passant devant sa boîte, l’un de ses collègues l’alpague, regrettant de « ne pas avoir les bons touristes » cet été.

« Je m’en sors sur les bibelots, aujourd’hui je n’ai pas vendu un seul bouquin, c’est rare », confie Fabrice, installé un peu plus loin sur le quai. Le bouquiniste s’apprête à fermer quand une touriste jette son dévolu sur un tote bag du petit prince. Les bonnes affaires pendant les JO, il jure y avoir cru au début. « Après j’ai compris que les gens ont beaucoup économisé pour venir et acheter des places, donc ils n’ont plus un rond. »

Avec ses peintures et ses livres, Pascal Corseaux partage la même analyse. « Les touristes ont mis tout leur argent pour l’hôtel et les billets des Jeux. Sinon, c’est très serré pour eux. » Il arrive à faire ses journées grâce à un ou deux clients « pour qui le prix n’est pas un problème », et qui craquent pour trois peintures d’un coup.

« Normal d’être ouvert même si ça ne paie pas »

Mais pour le bouquiniste, présent depuis 2006 sur son son quai, l’essentiel est ailleurs. Il n’oublie pas que leurs boîtes vertes étaient en sursis il y a quelques mois de ça.

Les autorités voulaient déplacer les bouquinistes en vue de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Face à la fronde, elles ont finalement reculé. Alors, même « si ce n’est pas totalement le même sujet », le bouquiniste est tout de même heureux d’être présent.

« D’habitude, je suis fermé à cette période. Mais on s’est battus pour garder nos boîtes. Ça avait un sens d’être là pendant les Jeux. D’autant que même si les gens ne s’arrêtent pas, ils sont très sympas », reconnaît celui qui est également vice-président de l’association.

« Après sept mois de combat, je considère que c’est normal d’être ouvert, même si ça ne paie pas et qu’on ne vend rien, appuie Jérôme Callais. On fait partie du patrimoine de la ville. »

Quelques touristes s’arrêtent d’ailleurs, plus pour prendre le décor en photo que pour casser leur tirelire. Sur l’autre rive, les bouquinistes de Conti prédisent de meilleures affaires pour leurs collègues d’Etienne Marcel, collés à la fan zone de l’Hôtel de Ville. Ces derniers, plutôt discrets, n’ont pas souhaité nous répondre. « Ça va revenir à partir du 15 août », prédit Alain, toujours solidement installé sur sa chaise de camping à Conti. Quand les fans des JO eux, vont repartir.

Octave Odola

 

 

Date de dernière mise à jour : 11/08/2024

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