Il n’est pas un jour sans que les lobbys éoliens tentent d’implanter leurs machines en France. Aujourd’hui, c’est l'une de nos plus belles demeures historiques du bord de Loire, le château d’Amboise, qui est en danger. Symbole de la Renaissance française, l’édifice voulu par Charles VIII à la fin du XVe siècle domine un vaste paysage à la confluence de la Loire et de l’un de ses affluents, l'Amasse. Cette vue imprenable risque d’être gâchée par l’installation de quatre éoliennes.
Des « abords propices à l'éolien »
Selon Guillaume Jumel, directeur de Innergex France chargé d'installer les éoliennes, le site, situé à 15 km d’Amboise, et ses abords « sont propices à l’éolien ». Il existe déjà une voie LGV, dit-il, une autoroute et une nationale. Le préfet d’Indre-et-Loire, Patrice Latron, est allé lui-même vérifier, ce 13 janvier, si les éoliennes pouvaient être vues depuis les terrasses du château lors d’une simulation avec des ballons mis à la hauteur maximale des éoliennes. À l’aide d’une paire de jumelles, le préfet certifie que les ballons sont visibles mais ne semble pas alarmé : il n’est pas « inquiet pour les visiteurs du château », assure-t-il. Fort heureusement, le directeur du château classé monument historique depuis 1840 par le roi Louis-Philippe est d’un autre avis. Pour Marc Metay, « ce qui [me] préoccupe, c’est le paysage lointain, ce qu'on voit depuis les terrasses. Dans ce projet, il s’agit de point en mouvement, qui va attirer l’œil, c’est inévitable. »
La décision de la préfecture n’est pas encore prise, mais un avis positif pour l’installation du parc éolien serait un succès encourageant pour le lobby éolien dans notre pays. De quoi menacer d’autres sites de notre patrimoine privé ou public.
Car le monde éolien n’a de cesse, depuis plusieurs années, de construire de plus en plus de machines, de plus en plus grandes, ce qui n’est pas sans conséquences pour nos paysages et nos sols. Rappelons que selon l’Agence internationale de l’énergie, l’éolien produit environ 8,8 % de l’électricité en France quand le nucléaire en produit 62 %. Si le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires indique, sur son site Internet, que ces moulins à vent 2.0 n'atteignent que 120 à 155 m, la réalité est bien différente.
Toujours plus haut
Ainsi, en prenant un exemple parmi tant d’autres : dans la Haute-Vienne, six éoliennes furent élevées en 2019 à une hauteur de 200 mètres à bout de pale avec un mât d’une hauteur de 140 mètres. « Le précédent record était détenu par l’entreprise française Intervent, avec des éoliennes de 193 mètres du constructeur allemand Enercon installées à Chamole », précise le journal L’Usine nouvelle. Car on oublie souvent qu’à la hauteur du mât doit être rajoutée celle des pales. Rappelons, enfin, que l’élévation de telles machines nécessite de solides fondations afin de résister aux assauts du vent.
De ce fait, le béton déversé dans nos sols renforce l’artificialisation de nos terres et leur destruction. Avec l’éolien, une écologie de façade organise la destruction de notre patrimoine et de nos paysages.