Le vin coule dans les veines de notre pays depuis vingt siècles ; dans son esprit, sa culture, ses traditions et sa cuisine dont il est indissociable. Il est par excellence un des symboles de l’art de vivre à la française. Mais pourquoi donc les grands vins français sont-ils les meilleurs du monde ?
Malgré une crise terrible et historique subie depuis quelques décennies par les bouleversements de la mondialisation, après celle du phylloxéra qui avait éliminé 70 % de nos vignes au XIXe siècle, la pérennité de nos grands crus semble inébranlable. Le succès grandissant du tourisme viticole nous le garantit.
il y a 7000 ans, les premières traces de vigne cultivée apparaissent en Géorgie. Le vin est une des plus vieilles boissons humaines qui devient rapidement populaire, non seulement pour son goût, mais parce qu’il est potable, alors que l’eau souvent ne l’est pas. Pasteur lui-même considérait encore il y a un siècle que « le vin est la plus hygiénique des boissons ».
En effet, à la condition absolue d’être bu modérément – « un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts ! » - le vin est reconnu par les scientifiques d’aujourd’hui comme un bienfait pour la santé : riche en antioxydants, prévenant les maladies cardiovasculaires et les cancers, il a également des effets positifs sur le cerveau, le cœur et la longévité.
Rendons à César ce qui est à César, ce sont les Romains qui ont introduit la culture de la vigne dans la Gaule au début de notre ère. Ils ont transmis leurs connaissances viticoles déjà avancées avant que les Gaulois ne développent leur propre méthode de vinification.
Le vin français va gagner en qualité au Moyen Âge, sous l'influence des moines (le fruit de la vigne, symbole du sang du Christ, est aussi mentionné 440 fois dans la Bible dont les noces de Cana et la Cène).
Les abbayes, puis les propriétés, ou châteaux, n’ont cessé d’expérimenter des techniques de vinification pour en augmenter sans cesse la saveur. Ils ont identifié les premiers les meilleurs terroirs en classant vignobles et cépages.
Au XVIIe siècle, on préfère réduire les quantités, améliorer la qualité et faire vieillir les vins longuement en cave. La science du vin devient œnologie. Elle s’étend de la culture de la vigne à la vinification, expertise qui se révèle au grand moment de la dégustation.
En 1855, a lieu à Bordeaux la classification officielle des grands crus (dits « Climats » en Bourgogne), établie à l'occasion de l'exposition universelle de Paris de 1855, à la demande de Napoléon III.
Trois grands vins parmi les meilleurs : Château d’Yquem. Ce bordeaux de Sauternes fut le vin favori des tsars de Russie et du président des États-Unis, Thomas Jefferson : c’est le vin blanc liquoreux le plus prestigieux du monde.
Romanée-Conti. Ce bourgogne est d’abord élevé dans un prieuré par des moines dès le XIIIe siècle. Un Bourbon, prince de Conti l’acquiert en 1760 et en fait sa renommée. En 2018, une bouteille (millésime 1945) est vendue à New York 482 000 euros par la maison Sothebys. Un record absolu.
Château Lafite Rothschild, ce grand médoc est le chouchou des Anglais, le préféré des Chinois, et si c’était lui le meilleur du monde ? Les gourmets les plus célèbres de la planète ne ratent pas l’occasion de s’y faire inviter. L’acteur Yul Brynner, par exemple, aurait profité de son séjour pour acheter des bouteilles en demandant à les laisser vieillir sur place, donc dans les meilleures conditions. Selon ses hôtes, il serait mort en oubliant de les récupérer.
« In vino veritas ». Aimable, charpenté, chatoyant, généreux, gouleyant… : déjà à l’oreille, les qualificatifs du vin vous mettent l’eau à la bouche, si l’on peut dire ! Pour ceux qui savent le déguster et le savourer, le génie du bon vin, c’est d’abord l’apport en convivialité et en joie. Il favorise les échanges humains, délie les langues et donne le sourire et la spontanéité. C’est le produit du bonheur. Quant au roi des vins, ce sera pour une prochaine fois… Alors, champagne !
Antoine de Quelen