Les marchés de Noël, au cœur des racines de l’Europe chrétienne

En 2024, les chalets du marché de Noël seront notés par la Ville

Les marchés de Noël, qui illuminent nos villes chaque année à l'approche des fêtes, sont aujourd'hui des événements incontournables de l’Avent. Leurs chalets en bois, leurs lumières scintillantes et chaleureuses ainsi que leurs effluves de vin chaud créent une atmosphère unique qui attire des millions de visiteurs. Mais quelle est l'origine de cette tradition ? D'où vient cette célébration si particulière, et comment s'est-elle enracinée dans nos cultures européennes ?

Une tradition ancienne aux origines médiévales

Selon la tradition, les marchés de Noël tirent leur origine des marchés de la Saint-Nicolas, dont le premier aurait eu lieu le 6 décembre 1294 à Vienne, en Autriche. Un événement en l’honneur du saint évêque de Myre, ayant vécu au IVe siècle et dont la légende a fait un protecteur des enfants et des plus démunis. Cependant, il faudra attendre 1434 pour que cette tradition devienne une véritable habitude, notamment à Dresde, en Allemagne. Cette ville accueille ainsi, chaque année depuis le XVe siècle, un marché de Noël reconnu comme le plus ancien du monde. Connu sous le nom de Striezelmarkt, ce dernier célèbre, en 2024, sa 590e édition. Son nom fait référence à un délicieux pain brioché typique d’Allemagne avec parfois un cœur en pâte d’amande. Cette douceur est mieux connue, aujourd’hui, sous l’appellation de « Stollen » ou de « Marzipan Stollen ».

D’autres villes allemandes, comme Nuremberg, ont rapidement adopté cette tradition, au cours des siècles suivants. Ces marchés, initialement limités à quelques jours, se sont progressivement étendus à toute la période de l'Avent. En France, cette tradition est arrivée en 1570 par l’Alsace, notamment à Strasbourg, qui a joué un rôle majeur dans la diffusion des marchés de Noël dans notre pays. Cependant, au XVIe siècle, la Réforme protestante bouleverse l’histoire des marchés de la Saint-Nicolas. En effet, le culte des saints étant proscrit chez les huguenots, les marchés de Noël prennent alors le nom de « Christkindelsmärik », c’est-à-dire le marché de l’Enfant Jésus. C'est lui qui apporte, désormais, des cadeaux aux enfants à la place de saint Nicolas.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, les marchés de Noël connaissent un essor gigantesque grâce au boom économique de l’Europe lors des Trente Glorieuses et à la montée en puissance de la société de consommation, qui ouvre ces marchés au consumérisme.

Symbolique et ancrage

Cependant, malgré un dévoiement partiel de leur symbolique, les marchés de Noël restent ancrés dans l’esprit de la fête de la Nativité : un moment de partage, de solidarité et de chaleur humaine. Ces marchés, qui apparaissent lors des jours les plus courts de l’année, apportent une lumière dans l’obscurité hivernale et rappellent la symbolique chrétienne du Sol Invictus, soit la venue du Christ comme « lumière du monde ». Les produits vendus, qu’il s’agisse de décorations comme les santons de Provence en lien avec la crèche ou de gourmandises comme le pain d’épices et le vin chaud, renforcent également cette dimension symbolique. Au-delà des thèmes religieux, les marchés de Noël jouent un rôle crucial dans la préservation des traditions et dans le rassemblement des communautés locales, offrant aux familles un lieu où se retrouver et partager une expérience unique. Plus que de simples lieux de commerce, les marchés de Noël demeurent des fenêtres sur nos traditions, résumant à eux seuls l’esprit de Noël : une évasion magique et intemporelle où chacun peut retomber en enfance et retrouver le sens des racines chrétiennes de l’Occident.

Eric de Mascureau

Date de dernière mise à jour : 27/12/2024

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