Les voies de l’Arcom sont impénétrables. Alors que l’autorité de régulation des médias ne semble guère se préoccuper de la liberté de la presse ou du respect du pluralisme sur le service public, elle prend en revanche d’autres missions très à cœur. Il en va ainsi de la promotion de la « diversité » sur les antennes françaises. « L’Arcom est chargée de contribuer, dans son domaine de compétences, aux actions en faveur de la cohésion sociale et à la lutte contre les discriminations, rappelle-t-elle, en préambule d’un épais rapport publié le 15 novembre. Elle veille, notamment, à ce que les antennes reflètent la diversité de la société française. »
De quelle « diversité » s’agit-il ? Sept « critères quantitatifs de perception » ont été retenus pour la définir : l’origine, le genre, le handicap, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, la situation de précarité et le lieu de résidence. Pour la diversité d’opinion, vous l’aurez compris, il faudra repasser.
Le rapport 2013-2023 sur la « représentation de la diversité de la société dans les médias » débute sur une note positive. « Les éditeurs montrent une préoccupation grandissante pour les sujets de cohésion sociale, comme en témoigne leur engagement croissant dans la programmation et la diffusion de contenus liés à la diversité et à l'inclusion », se félicite l’Arcom, notant « une prise de conscience croissante des groupes audiovisuels quant aux enjeux de représentation ». Les « efforts » réalisés auraient ainsi notamment profité aux femmes, dont la présence à la télévision ne cesse de croître depuis dix ans.
Encore trop de Blancs à l’écran
Hélas, le compte n’y est pas encore, pour l’Arcom. Cette dernière note des « efforts louables », mais « ces avancées ne se reflètent pas encore suffisamment dans les données statistiques du baromètre de la diversité ». Il faut donc « poursuivre et intensifier les efforts ».
La marge de progression serait encore importante, notamment pour ce qui concerne les « personnes perçues comme non blanches ». Leur part n’a pas évolué depuis dix ans, déplore ainsi le rapport, stagnant à 15 %. Combien en faudrait-il exactement ? L’Arcom ne le précise pas, mais elle semble penser que les Blancs représentent nettement moins que 85 % de la population française… C’est intéressant. On pensait que le Grand Remplacement était un mythe raciste et que les statistiques ethniques étaient interdites. On s’est trompé, visiblement.
Mais pour parer à toute critique, l’Arcom a déjà publié une sorte de disclaimer [clause exonératoire, NDLR] retors en diable : la mention « personne perçue comme non blanche » ne renverrait pas à une couleur de peau, non, non, pas du tout, mais simplement à une « perception ». Ben voyons... « Qualifier des personnes de « blanches » ou « non blanches » ne fait pas référence à leurs origines réelles mais à la perception qu’en a le public », se dédouane l’autorité. En clair, ce n’est pas elle qui voit des couleurs de peau, c’est vous, bande de racistes !
Surtout, l’Arcom observe un phénomène qui la scandalise : les « personnes perçues comme non blanches » seraient bien souvent représentées négativement à l’écran. Elles incarnent un peu trop fréquemment des délinquants. « Dans les programmes d’information, de magazine et de documentaire, plus d’une personne sur deux représentée dans une activité marginale ou illégale était une personne perçue comme non blanche », s’offusque l’Arcom. Mais les programmes d’information, de magazine et de documentaire ont, précisément, vocation à refléter la réalité... Alors ? Il faudrait sans doute qu’on voie davantage à l’écran d’islamistes blonds comme les blés ou de dealers d’origine suédoise. Personne n’y croirait, mais le gendarme du PAF y verrait un formidable progrès.
Dieu merci, les séries et les mangas sauvent l’honneur. « Il apparaît que les programmes de fiction et d’animation participent activement à une surreprésentation positive des personnes perçues comme non blanches », applaudit le rapport. Pour donner à voir des non-Blancs faire le bien autour d’eux, il faudrait donc recourir à des récits imaginaires ? Est-ce bien ce dont se réjouit l’Arcom ? Si oui, c’est ce qu’on appelle marquer un but contre son camp.
Jean Kast