OQTF « dangereux » à Saint-Pierre-et-Miquelon : désolé, c’est une excellente idée

Je n’en croyais pas mes yeux en lisant plusieurs articles, ni mes oreilles en entendant plusieurs déclarations politiques, suite à la proposition de Laurent Wauquiez d’envoyer à Saint-Pierre-et-Miquelon les OQTF dangereux.

Quel tintamarre, que de déclarations totalement décalées à ce sujet et surtout quelle surprise de voir des gens qui sont à l’exact opposé sur l’échiquier politique pousser en commun des cris d’orfraie contre cette proposition et exprimer la même indignation, avec en plus les mêmes arguments. Stupéfiant.

Au risque de m’attirer quelques noms d’oiseaux, je considère que c’est une excellente idée que cette proposition, ce qui ne m’engage nullement sur le reste des opinions de Wauquiez. Reprenons les arguments avancés afin d’exposer clairement mon opinion.

D’abord il a été dit « Saint-Pierre-et-Miquelon n’est pas la poubelle de la France ».

Jusqu’à plus ample informé, Saint-Pierre-et-Miquelon « c’est la France »… non ?

Alors pourquoi pourrait-on répartir tous ces OQTF indésirables et dangereux sur l’ensemble du territoire métropolitain et pas sur ce territoire, certes éloigné, mais qui est partie intégrante du territoire national ?

Dit autrement, pourquoi les départements de province seraient-ils bons à recevoir ces OQTF mais pas Saint-Pierre-et-Miquelon ? Il y a quelque chose qui m’échappe, au plan des principes.

Deuxièmement – et c’est selon moi l’argument principal : il n’est pas proposé d’envoyer TOUS les OQTF mais seulement ceux qui sont « dangereux ».

Je rappelle qu’en France, au bout de 90 jours, ces individus dangereux sont remis en liberté puisque notre droit le prévoit. Aux risques et périls de nos concitoyens dont les journaux rapportent quasiment quotidiennement qu’ils sont victimes de ces individus qu’il vaut mieux ne pas croiser. La pauvre Philippine est un triste exemple de cette cruelle réalité d’un OQTF dangereux relâché au bout de 90 jours et qui l’a tuée à peine libéré. Philippine est-elle déjà oubliée ? N’en avons-nous tiré aucune leçon ?

En Allemagne c’est 18 mois de détention pour ces individus contre 90 jours en France.

Donc désolé, mais protéger nos concitoyens des individus les plus dangereux ne me semble pas une absurdité. En tout cas, c’est une nécessité.

J’ajoute que Wauquiez, dont je suis loin de partager les opinions politiques, a ajouté qu’en fait il fallait proposer à chacun de ces OQTF dangereux de choisir : soit il quitte la France de son plein gré et il retourne dans son pays d’origine, soit il est envoyé en détention à Saint-Pierre-et-Miquelon. Étant entendu qu’il faudra également modifier notre droit et nous aligner sur les Allemands pour la durée de détention.

Notons au passage que les OQTF qualifiés de « dangereux » ne sont pas des milliers.

À votre avis, combien de ces individus vont choisir de partir à Saint-Pierre-et-Miquelon ? Il me semble qu’ils vont bien sûr choisir de rentrer dans leur pays plutôt que d’aller se faire embastiller dans un pays au climat très rude et sans aucun espoir de revenir en métropole. Au final, ce serait quelques dizaines d’individus qui seraient concernés. Et encore, je n’y mettrais pas ma main à couper.

Les infrastructures seraient donc très modestes à construire tout comme en termes de coûts. Quant au personnel pour les faire fonctionner, il pourrait aisément être recruté dans la population locale qui serait sans doute bien contente d’avoir quelques emplois de plus.

Par contre, mettre en œuvre un système de ce type aurait un énorme avantage : il enverrait un message très clair à tous les candidats à l’immigration et sa mise en œuvre permettrait sans doute que la France ne soit plus la risée du monde entier lorsqu’un pays refuse de reprendre un ou plusieurs de ses ressortissants dangereux.

Dès lors, le lecteur acceptera sans doute de reconnaître que vu comme cela, c’est assez différent des caricatures que nous avons lues et entendues à propos de cette proposition de Wauquiez. J’insiste, c’est bien cela qu’a dit Wauquiez. Il l’a même exposé en long en large et en travers sur CNews mardi dernier en soirée.

Au demeurant, pour ce qui me concerne, je trouve insupportable que plusieurs pays, tout spécialement l’Algérie qui est très bien représentée dans ces OQTF dangereux, se foutent ouvertement de la figure de la France. Ils nous font envahir par de multiples citoyens de leurs pays et lorsque nombre de ces derniers se rendent indésirables, ils refusent de les reprendre en nous rigolant au nez. Allant même jusqu’à nous les renvoyer lorsque ces individus expulsés de France atterrissent dans leur pays d’origine. Nous en avons eu plusieurs exemples ces derniers mois.

Combien de temps cette mascarade va-t-elle durer ? Combien de temps ces pays vont-ils continuer à se foutre de nous de la sorte ?

Puisque le contexte est celui-là, soyons un peu « intelligents » et créons les conditions pour que tous ces indésirables choisissent « librement » de rentrer chez eux puisque lorsque la justice leur donne une OQTF moins de 10 % sont réellement appliquées. Sans oublier qu’en plus notre pays se fait humilier devant le monde entier à cette occasion.

Au final, il faut savoir taper sur la table quand la coupe est pleine et sur ce plan, cela fait longtemps que non seulement elle est pleine mais elle déborde abondamment.

Enfin, certaines voix s’indignent en disant que ce n’est pas correct d’envoyer ces indésirables se geler sous ces latitudes.

Et les Français qui ont été victimes de ces individus, est-ce correct de les oublier et de verser des larmes de crocodile sur le sort de ces pauvres OQTF dangereux ?

Avons-nous aussi oublié comment l’Algérie, par exemple, traite Boualem Sansal qui a près de 80 ans et est atteint d’un cancer ? Avons-nous oublié qu’il n’a commis aucun crime ou délit justifiant son emprisonnement et pourtant il est en prison ? Avons-nous oublié que son avocat français a été interdit de venir le défendre en Algérie, parce que juif ?

Alors, que les âmes sensibles qui s’émeuvent sur le froid qu’il fait à Saint-Pierre-et-Miquelon aillent verser leurs larmes ailleurs et surtout, qu’ils se souviennent de Philippine. Moi ces pleurnicheries ne me font ni chaud ni froid.

Nous voulons débarrasser la France de ces OQTF dangereux. Donnons-nous les moyens de le faire.

Saint-Pierre-et-Miquelon est une bonne solution à mes yeux, mais quelques âmes chagrines risquent malheureusement d’empêcher le projet d’aboutir.

Reste que si ce n’est pas à Saint-Pierre-et-Miquelon, il faut absolument mettre en œuvre une solution de ce type dans un autre lieu, ce qui bien sûr exclu d’envoyer ces OQTF dangereux dans nos îles sous les cocotiers. Il est hors de question de leur payer des « vacances au soleil » aux frais de la République. C’est-à-dire à nos frais, nous, les contribuables.

La solution doit être très pénible pour ceux qui y seront confrontés. Pour une raison toute simple : cela doit être suffisamment désagréable pour qu’ils préfèrent partir, sans aucune hésitation, lorsque le choix leur sera proposé.

Si nous refusons de recourir à ce type de moyen, assumons nos malheurs qui ne seront que la conséquence de nos choix. Et surtout, cessons de geindre car nous n’aurons de ce fait que ce que nous voulons.

Souvenons-nous de ce que Bossuet disait : « Dieu se rit des créatures qui déplorent les effets dont elles continuent de chérir les causes. »

Bernard Germain