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Paris : La mairie veut les 50 km/h sur le périphérique au 1er octobre, mais peut-elle décider seule ?

Une brève histoire du périphérique parisien | France Culture

Au 1er octobre, les automobilistes devront mettre un coup de frein sur le périphérique, qui passera de 70 à 50 km/h, a annoncé Anne Hidalgo.

L'essentiel

Au lendemain des Jeux, la maire de Paris, Anne Hidalgo, veut abaisser dès le 1er octobre la vitesse maximale de 70 à 50 km/h sur le boulevard périphérique.

« La décision appartient à Paris », a indiqué ce lundi matin David Belliard au micro de France Bleu. L’adjoint aux Transports a confirmé qu’Anne Hidalgo allait prendre cette décision.

Sur ce dossier, la Mairie de Paris fait face à l’opposition de l’Etat, de la préfecture de police de Paris, mais aussi de la région Ile-de-France.

Anne Hidalgo accélère… pour mieux ralentir. Au lendemain de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques, la maire de Paris a confirmé l’abaissement à venir de la vitesse sur le boulevard périphérique, de 70 à 50 km/h.

Le suspense ne concernait pas tant la mesure, dans les cartons depuis un (long) moment, mais sa date d’entrée en vigueur. Dans une interview accordée au journal Ouest France le 31 août, l’élue socialiste avait fixé à « courant octobre » l’application de cette nouvelle règle. Ce lundi matin, Anne Hidalgo a précisé le calendrier. La mesure s’appliquera le 1er octobre.

De nombreuses critiques

Problème : tout le monde (ou presque) est contre. Côté Etat, l’ex-ministre des Transports Clément Beaune avait parlé fin 2023 « d’aberration ». Et son successeur, Patrice Vergriete, disait en mai « ne pas être favorable au débat en l’état ». La Région, menée par Valérie Pécresse (LR), déposera une motion mercredi appelant la mairie à renoncer et « réaffirme sa volonté de se voir transférer la compétence de gestion du boulevard périphérique ».

C’est sans compter la préfecture de police de Paris. Contactée par 20 Minutes, elle déplore « des consultations prévues pas menées à leur terme » dans un courrier adressé à la mairie le 30 juillet dernier. « Ce projet nécessite à la fois une expertise des services de l’Etat responsables du réseau routier national francilien et une consultation des collectivités publiques limitrophes », ajoute-t-elle.

Le pouvoir de nuisance de la préfecture

Cette petite révolution peut-elle vraiment être appliquée dans une vingtaine de jours à peine ? « La décision appartient à Paris. C’est la maire de Paris qui peut décider, par un arrêté municipal, de réduire la vitesse », a rappelé ce lundi matin au micro de France Bleu son adjoint aux Transports, David Belliard. « L’abaissement de la vitesse sur le périphérique est une compétence transférée de l’Etat à la municipalité depuis 2017, confirme Rémy Josseaume, avocat spécialisé en droit routier. Il n’y a pas de débat sur la compétence. Mais la préfecture possède un pouvoir de nuisance. »

Cette dernière peut en effet, en théorie, entraver l’application de la mesure. « Le contrôle radar relève de la responsabilité de l’Etat. Si la vitesse n’est pas abaissée sur les machines, la mesure va être neutralisée, expose notre spécialiste. Pareil pour le contrôle physique de la vitesse. C’est un peu comme si la mairie établissait une loi mais que les décrets d’application lui échappaient. » Dit autrement, la vitesse serait limitée à 50 km/h, mais les forces de l’ordre ne sanctionneraient les automobilistes qu’à partir de 70 km/h.

« Les voies d’un accord commun »

Et les différents recours juridiques auxquels la mairie pourrait faire face * ? Elle peut les envisager sereinement. « Le juge administratif pourrait décider de suspendre s’il y a un doute manifeste sur la légalité de l’acte. Ce n’est pas le cas », balaie Rémy Josseaume. Ce lundi, David Belliard a calmé le jeu, expliquant qu’il « ne doute pas que nous allons parvenir à trouver les voies d’un accord commun » avec le préfet de police, tout en maintenant l’application de la mesure au 1er octobre.

La vitesse va donc être abaissée pour le 1,1 million de trajets automobiles effectué chaque jour sur la voie rapide de 35 km qui entoure la capitale. Un nouveau chamboulement après l’abaissement de la vitesse de 80 à 70 km/h en 2014. A l’époque, les conducteurs avaient eu droit à une semaine de tolérance avant les premières verbalisations, comme l’évoquait Le Parisien. Dix ans plus tard, les autorités seront-elles aussi clémentes ?

* Dans un communiqué en date du 2 septembre, l’association 40 millions d’automobilistes a annoncé avoir saisi le préfet de police de Paris pour « que cette décision arbitraire, dogmatique et inefficace soit suspendue. »

Octave Odola

 

Date de dernière mise à jour : 09/09/2024

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