Grand-Charmont, une petite commune du Doubs, qui se serait sans doute bien passée de cette nouvelle polémique. Depuis ce 10 novembre, un extrait d’une intervention « en live » d’Ismaël Boudjekada circule sur les réseaux sociaux et suscite l’indignation d’une bonne partie des internautes. Face caméra, en pleine discussion avec ses abonnés, le conseiller municipal d’opposition de Grand-Charmont commente les agressions antisémites commises à Amsterdam le 7 novembre dernier. Mais au lieu d’exprimer son soutien aux supporters israéliens du club du Maccabi Tel Aviv blessés, le jeune homme de 29 ans déclare : « Je pense qu’ils n’en ont pas pris assez ». Des propos qui viennent s’ajouter à de précédentes déclarations polémiques, qui ont conduit le Crif à demander, ce 12 novembre sur CNews, des sanctions « à la hauteur de la haine qui a été portée ».
« La France est gangrénée par le cancer sioniste ».
« Boudjekada monte encore d’un cran dans l’immondice antisémite alors qu’il avait déjà placé la barre très haut ». Contacté par BV, Matthieu Bloch, député UDR du Doubs et auteur d’un précédent signalement auprès du procureur de la République pour des propos du jeune élu de Grand-Charmont sur le chef du Hamas, s’indigne de la violence contenue dans les nouvelles déclarations du militant pro-palestinien. En effet, dans cet extrait vidéo qui circule sur les réseaux sociaux (BV n’a pu se procurer la vidéo in extenso), le jeune homme est interrogé par ses abonnés sur les évènements qui se sont produits à Amsterdam. « Je pense qu’ils n’en ont pas pris assez. Voilà, j’en dirais pas plus. Et croyez-moi, ce qu’il s’est passé à Amsterdam, ça va continuer ». Et à celui qui lui demande s’il aurait « rêvé » être à Amsterdam le 7 novembre dernier, il rétorque : « Enregistre bien, baltringue que tu es, J’aurais aimé être à Amsterdam pour en faire courir quelques-uns ». Puis, après avoir insulté la députée des Français établis à l’étranger, membre de la majorité, Caroline Yadan, qui avait également signalé l’un de ses tweets dans lequel « il avait comparé des Juifs [sionistes, NDLR] à des rats et des cafards », Ismaël Boudjekada poursuit : « Vous avez du mal à comprendre qu’on a gagné la bataille de l’opinion, que même si t’es en Israël, on va te remonter, mais t’es pas prêt. S’il faut payer cher pour venir te chercher là-bas, on viendra te chercher. Et là, tu pourras pleurer ». Et il conclut : « La résistance palestinienne a mené une opération d’ampleur contre l’entité d’occupation. Oui, le Hamas est un mouvement de résistants. La France elle-même est gangrénée par le cancer sioniste ».
Face à l’ampleur de la polémique, Ismaël Boujdekada a repris la parole dans une courte vidéo, publiée ce 12 novembre sur ses réseaux sociaux. « Je n’ai jamais parlé des Juifs, mais bien de ces extrémistes totalement fanatiques qui sèment la terreur dans les rues européennes » se justifie-t-il. Il accuse également les médias d’avoir « tronqué » ses propos et « effacé » leur contexte, et se dit victime d’une campagne de harcèlement. Le candidat aux élections législatives pour les Français de l’étranger, soutien du Nouveau Front populaire, promet de porter plainte contre les rédactions. Contacté par nos soins, l’intéressé n’a pas donné suite à notre sollicitation.
Condamné en première instance
Ismaël Boudjekada n’en est pas à sa première intervention qui flirte avec l’antisémitisme et l’apologie du terrorisme. En juin 2024, il était condamné en première instance à 20.000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité pour apologie du terrorisme. Deux jours après l’attaque du 7 octobre, il avait en effet qualifié le Hamas d’« organisation de résistants palestiniens ». Un propos qu’il réaffirme encore aujourd’hui. Il a fait appel de cette décision.
Le 25 octobre dernier, Bruno Retailleau a également signalé au procureur de la République de Montbéliard, « les propos tenus par Monsieur Ismaël Boudjekada, élu du Doubs,. […] Il avait qualifié le chef du Hamas Yahya Sinwar de "héros" ce qui constitue une apologie de terrorisme ». « J’attends de la justice qu’elle le condamne sévèrement, ajoute le député Matthieu Bloch. D’une peine d’inéligibilité, évidemment, puisqu’il salit tous les élus de France, et d’une peine de prison, tant ses propos ont franchi depuis longtemps la limite de l’inacceptable et de l’insoutenable ».
Clémence de Longraye