Une étudiante juive menacée de mort à la fac

Peut-on encore suivre des études, normalement, en France, quand on est juif ? Depuis le 7 octobre 2023, date de l’attaque du Hamas contre Israël, il semble que la réponse soit “non”. L’actualité entourant les facultés françaises ces derniers mois comme la multiplication des actes antisémites pouvaient le laisser penser. BV a recueilli le témoignage d’une étudiante du nord de la France, convertie au judaïsme il y a quelques années, qui le confirme. Elle raconte comment sa vie à changé depuis le pogrom.

Elle plante le décor : « Quand je suis arrivée à la fac, je n’avais pas de difficulté à parler des questions religieuses avec les autres étudiants de ma classe même s’ils étaient en majorité musulmans. J’avais beaucoup d’amis dans ma promotion, beaucoup de musulmans, des gens avec qui je suis partie en vacances, des gens qui sont venus chez moi… » Jusqu’au 7 octobre, cette jeune fille avait une vie estudiantine des plus normales.

Image générée par IA.

Des « amis » qui souhaitent sa mort

Du jour au lendemain, tout a basculé : « Certains ont décidé de ne plus me parler et d’autres ont été plus menaçants et ont tenu des propos antisémites à mon égard ». En une journée, elle a perdu l’ensemble des amis qu’elle s’était fait durant sa scolarité. Ce n’est pas le tout. Elle rapporte : « J’ai reçu des menaces de mort, des menaces de viol, des messages du style “tonton Hitler n’a pas fini son travail”, “ta famille de sales juifs vous devriez être en enfer”, “on a ton adresse on va t’envoyer des gens chez toi”... » Ces personnes de sa classe « affichaient un antisémitisme ouvert ».

Des propos qu’elle n’a pas voulu signaler à son université, pensant que ce serait sans effet sur les menaces mais qu’en revanche, cela pourrait en avoir pour la suite de sa carrière. Elle pense que se plaindre de tels faits pourrait l'empêcher « d’évoluer dans le milieu professionnel ». Elle ajoute : « Il y a de grands professeurs qui donnent des cours dans cet établissement et je n’ai pas envie d’être handicapée par ce que j’aurais pu dénoncer ».

Quel avenir pour les Juifs en France ?

Le 7 octobre a eu une influence évidente sur sa vie d’étudiante, elle a décidé de poursuivre ses études via des cours par correspondance. L’attaque du Hamas pourrait également en avoir une sur sa vie professionnelle et plus globalement sur sa vie d’adulte : « Je ne scolariserai pas mes enfants dans des universités françaises de peur qu’ils vivent la même chose que moi. Je ne prendrai pas le risque d’éduquer mes enfants dans un pays autant antisémite. »

Le sujet est encore chaud pour cette jeune femme. Il l’est pour beaucoup de Français de confession juive qui ne se sentent plus en sécurité, plus libres de vivre leur foi. Le pogrom du 7 octobre n’aura pas seulement été un tournant de l’histoire d’Israël, il aura aussi été un tournant pour les juifs de France et pour la France où le vivre-ensemble semble de moins en moins d’actualité.

Sarah-Louise Guille

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2024

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