Le principal syndicat d’agriculteurs donne jusqu’au 24 février, date du début du Salon de l’agriculture, pour voir de « premiers résultats ».
L’échéance est donnée : le gouvernement a jusqu’au Salon de l’agriculture pour concrétiser la première partie de ses promesses faites aux syndicats agricoles. Ce jeudi 1er février, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau et celui des Jeunes agriculteurs (JA) Arnaud Gaillot ont appelé à suspendre les blocages et à rentrer dans une nouvelle forme de mobilisation.
« Nous avons décidé qu’au vu de tout ce qui a été annoncé, il faut qu’on change de mode d’action », ont-ils annoncé, mettant toutefois en garde : « Personne ne doit considérer que c’est terminé ce soir. Le mouvement se transforme. Si on se rend compte que tout ça n’était qu’un effet de manche, le résultat sera catastrophique ».
Pour ne pas reprendre le mouvement comme la France l’a connu ces dernières semaines, les deux syndicats donnent jusqu’au 24 février, date du début du Salon de l’agriculture, pour voir de « premiers résultats ». « Ce doit être le marqueur fort », a averti Arnaud Gaillot.
Ils réclament également un document de synthèse mettant par écrit toutes les annonces du gouvernement. « On a quinze jours pour regarder si tout ça c’est sérieux, c’est crédible, ça tient la route », a déclaré Arnaud Rousseau.
Une mobilisation dans les préfectures
Une mobilisation transformée, qui n’impactera plus le quotidien des Français puisqu’elle se déroulera dans les préfectures et les ministères. « Dès lundi on va se mettre au travail dans les préfectures, dans les ministères pour aller travailler tous les points qui ont été annoncés pour voir comment on les met en application, comment faire pour que ça se concrétise sur le terrain », a expliqué Arnaud Gaillot.
« Nous allons travailler dès lundi pour voir si ces annonces du Premier ministre c’est du toc ou si réellement sérieusement on peut faire avancer la simplification », a ajouté Arnaud Rousseau.
La « simplification », un terme employé par Gabriel Attal lors de l’une de ses annonces sur un « mois de la simplification ». C’est également lui qui avait déjà placé, quelques minutes plus tôt lors d’une conférence de presse, le Salon de l’agriculture comme date butoir. Il faut « simplifier les normes et les procédures lorsqu’elles ne font pas sens », a déclaré le Premier ministre, évoquant déjà un travail entre les préfectures et les agriculteurs pour modifier et simplifier les arrêtés qui les concernent.
Un retour de la mobilisation actuelle en juin ?
Gabriel Attal avait annoncé vendredi dernier « 10 mesures de simplification immédiate » comme les « curages » des cours d’eau agricole, la diminution des délais de recours contre les projets agricoles (de 4 à 2 mois) ou la réduction des délais de contentieux des projets relatifs à la gestion de l’eau. Mais également la création d’une « présomption d’urgence » pour qu’un juge se prononce dans les 10 mois sur un recours. Le gouvernement s’est aussi engagé à ne pas imposer plus d’un passage annuel sur l’exploitation pour les contrôles administratifs.
« Ce retour au calme (...) ne doit pas être un retour à la situation d’avant, a commenté Emmanuel Macron depuis Bruxelles, où les dirigeants européens étaient réunis en sommet extraordinaire sur l’aide à l’Ukraine. Il faut mettre en œuvre très vite ce qui a été décidé, et aller au bout des engagements qui ont été pris, pour qu’on puisse avoir dès les prochains jours à nouveau des décisions concrètes, le plus tard pour le Salon de l’agriculture. »
Une fois passée l’échéance du Salon de l’agriculture, les syndicats attendent l’adoption d’une loi d’orientation et d’avenir agricole ainsi que de mesures européennes d’ici quatre mois. « Si d’ici le mois de juin, ces marqueurs ne sont pas remplis, nous n’hésiterons pas à rerentrer dans un mouvement de mobilisation d’ampleur générale », a déclaré Arnaud Gaillot.
À noter que cette levée des blocages concerne la FNSEA et les Jeunes agriculteurs. Cela n’est pas le cas de Confédération paysanne. « Les annonces d’aujourd’hui ne répondent pas à une des revendications principales : celle du prix, du revenu, qui (nous) permette de vivre dignement de (notre) travail, couvrir (nos) prix de production, (nous rémunérer) et envisager l’avenir », a regretté Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, qui n’appelle pas à suspendre les blocages.
Claire Tervé