
Jean-Emmanuel Bernard dirige l’entreprise familiale Bernard & Bernard Transport, dont le siège social est situé près d’Arras (62). Il nous expose sa vision décarbonée de ses activités.
Transport Info : Comment a évolué votre entreprise ?
Jean-Emmanuel Bernard : Comme beaucoup de transporteurs à l’époque, à partir de 1982, mon père Emmanuel a démarré dans le TRM en qualité de sous-traitant. Il a eu la chance de décrocher rapidement des contrats clients en direct pour effectuer des prestations de transport sur le marché international. En 2001, lorsque je suis arrivé dans l’entreprise, sans avoir fait d’études spécialisées, j’ai alterné plusieurs postes – conducteur routier, exploitation.
J’ai gravi les échelons pour prendre des responsabilités jusqu’à la direction générale. Il y a une quinzaine d’années, alors que nous réalisions 95 % de notre chiffre à l’international, nous avons décidé de mettre en place des lignes sur du national avec de nouveaux clients, notamment en frigorifique et en porte-conteneurs. Aujourd’hui, nos activités, réparties à 50 % en national et 50 % à l’international, génèrent environ 30 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
TI : Comment axez-vous votre stratégie environnementale ?
J-E B : Il est important pour nous de pouvoir proposer des solutions plus vertueuses liées à notre business. Depuis 2021, nous avons fait le choix du carburant XTL/HVO, qui permet de décarboner notre activité en réduisant de 90 % nos émissions de gaz à effet de serre. Cette décision correspond au fait que s’approvisionner en XTL à l’international est assez simple.
“Nous sommes également aux nouvelles technologies qui arrivent, comme l’hydrogène.”
Cette solution offre également davantage de souplesse à moyen terme, en fonction des contrats signés ; en cas de perte de flux, nous pouvons repartir sur du diesel standard à tout moment. La moyenne d’âge de notre parc, composé de 145 véhicules, s’élève à 10 mois. Nous avons pu constater que la toute dernière génération de tracteurs consomme moins que les véhicules du même type âgés de 3 ans. Même si nous restons attentifs aux autres alternatives, pour l’heure, nous considérons que l’autonomie de la solution électrique n’est pas assez pertinente pour exécuter nos prestations sur des moyenne et longue distances. Nous pensons que le matériel et le réseau de recharge seront plus matures d’ici trois ans.
TI : Quelles sont vos perspectives de développement ?
J-E B : Je veux prolonger nos efforts pour rouler plus vert. Nous souhaitons aussi avoir recours à l’écocombi, qui fait ses preuves depuis des années chez nos voisins européens. La politique européenne doit s’accorder d'urgence sur le sujet.
Nous sommes également attentifs aux nouvelles technologies qui arrivent, comme l’hydrogène, les carburants de synthèse ou encore l’électrification des essieux des semis. Pour l’heure, nous sommes en pourparlers avec des fournisseurs pour la réalisation de tests en conditions réelles. Un passage obligé afin de proposer plus tard à nos clients de nouvelles solutions, selon leurs besoins et leurs budgets. Cette projection vers l’avenir fait partie intégrante de la stratégie globale de notre entreprise.
Arnaud Ilié