Josée, soignante suspendue : des soignants ont pleuré avant d’être vaccinés… ils n’avaient pas le choix.
Il y a un an exactement, les soignants qui n'avaient pas démontré qu'ils disposaient d'un schéma vaccinal complet étaient impitoyablement suspendus. Cette décision historique, qui les laissait sans traitement, sans statut, sans moyen de subsistance, a constitué un traumatisme collectif méticuleusement nié et dissimulé par les autorités publiques. Pour inaugurer la relance de sa chaîne Youtube, le Courrier des Stratèges a décidé d'interroger l'une d'elle, Josée... qui nous évoque sa vocation, sa liberté, sa suspension, son traumatisme, son pardon. Et la crise de l'hôpital que la stratégie gouvernementale a ouverte.
Souvent, les témoignages de soignants suspendus sont suspects de dramatisation ou de victimisation à outrance. Josée ne cède à aucune de ces facilités. Avec une impressionnante dignité, elle nous explique sa vocation pour le soin, sa décision rationnelle de ne pas être vaccinée, et sa reconversion forcée.
Elle était orthoptiste à l’hôpital de Gonesse, dans la banlieue nord de Paris. Elle y rendait un service unique, notamment pour une population extrêmement pauvre. Le gouvernement serait bien en peine de prouver que sa suspension a évité un seul cas de COVID. En revanche, Josée peut prouver que cette suspension a nui à la santé des citoyens, puisqu’elle n’a pas été remplacée dans ses fonctions.
Comme dans de nombreux endroits, la suspension des soignants à Gonesse s’est traduite par une réduction de l’offre de soins, une dégradation des conditions de santé de la population, et une mise sous tension des équipes hospitalières.
Pour les soignants suspendus, l’année qui vient de s’écouler est très largement une année de deuil : il faut accepter que l’on ne sera pas réintégré (ce qui est, en réalité, hypothétique), et envisager une reconversion. Pour ceux qui avaient la vocation de soigner, comme Josée, c’est un vrai changement de vie. Le traumatisme est profond mais, pour Josée, il va de pair avec le pardon qu’il faut accorder.
Un moment touchant.
Éric Verhaeghe