Les tracteurs dans les rues de Paris témoignent de la grosse colère des agriculteurs à la veille de l’ouverture du 60ᵉ salon de l’agriculture. La FNSEA décline l’invitation du président de la République à un débat en présence des Soulèvements de la Terre.
Une erreur de communication ? C’est ce qu’affirme l’Élysée, dans un tweet surprenant, à propos de l’invitation de l’association écolo radicale Les Soulèvements de la Terre au débat proposé par Emmanuel Macron à l’ouverture du 60ᵉ salon de l’agriculture, ce samedi 24 février 2024, porte de Versailles. Objectif : calmer la colère des agriculteurs. Manque de pot, ce débat œcuménique « ouvert et sans filtre » voulu par l’Élysée, provoque une violente polémique. En effet, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, refuse l’invitation en raison de la présence de représentants des Soulèvements de la Terre, ce collectif que Gérald Darmanin a voulu dissoudre en novembre dernier en raison de ses positions très radicales. Mais son décret a été retoqué par le Conseil d’État.
« Ni contacté ni convié »
Le refus de la FNSEA, principal syndicat agricole français, de débattre avec le président a été vécu comme un affront par l’Élysée qui, aussitôt, a fait machine arrière en évoquant maladroitement « une erreur de communication ». Les communicants de l’Élysée se sont enferrés dans leur maladresse en croyant utile de préciser que le collectif écolo tant décrié n’avait été « ni convié ni contacté », contrairement à l’évidence. Mais le mal était fait.
Débat pour quoi faire ?
On sait que l’Élysée avait invité plusieurs centaines de personnes pour un échange de plus de deux heures avec le président. Parmi les invités, les représentants des syndicats d’agriculteurs, les représentants de la grande distribution, quelques leaders de l’agro-industrie, mais aussi des représentants des associations environnementales comme Réseau Action Climat et Générations futures.
Au menu de ces échanges, les grands thèmes soulevés par les agriculteurs en colère : l’environnement, les produits phytosanitaires, la loi Egalim, la concurrence déloyale, la souverainement alimentaire, etc.
Depuis le « grand débat » orchestré par Emmanuel Macron il y a cinq ans, on sait que cet exercice, dans lequel le président excelle, n’a d’autre but que de brasser des mots à la fourche, des heures durant. En sachant que de ces milliers de mots jetés en l’air retombent toujours sans faire germer la moindre idée utile pour ceux qui l’écoutent.
Alors, un débat de plus, à quoi bon ?
Marcel Gay