
La mobilisation nationale des agriculteurs, qui proteste entre autres contre le traité UE-Mercosur, débute lundi mais des actions éparses ont déjà eu lieu cette semaine et d'autres sont programmées dès ce dimanche. Tracteurs, rassemblements, "feux de la colère", le vice-président de la FNSEA a détaillé sur RMC le programme des actions. "On ne va rien lâcher."
"Ca va faire du bruit jusqu'à demain soir", a assuré ce dimanche sur RMC Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA. Lundi, une journée de mobilisation nationale agricole est prévue à l'appel de plusieurs syndicats afin de protester contre la ratification du traité de libre-échange entre l'UE et le Mercosur mais aussi pour réclamer des garanties du gouvernement. Tracteurs, rassemblements, "feux de la colère", voici ce qui est prévu.
Interpeller Emmanuel Macron depuis le Brésil
"Il y aura des actions dans tous les départements, Jeunes Agriculteurs, FNSEA...", assure Luc Smessaert, qui évoque des "rassemblements de tracteurs", notamment en Île-de-France. Si l'appel à la mobilisation est daté à lundi, plusieurs actions ont déjà eu lieu depuis cette semaine comme vendredi à Tarascon (Bouches-du-Rhône) devant le centre des Finances publiques. Des agriculteurs prévoient également de se rassembler dès ce dimanche.
Cet après-midi par exemple, sur la nationale 118, à 10 kilomètre de Paris, les agriculteurs ont choisi la base aérienne de Vélizy-Villacoublay. Des dizaines de tracteurs devraient passer la nuit sur l'asphalte. Soirée de mobilisation également, en Mayenne avec des panneaux de communes qui devraient quelque peu changer d'apparence en étant bâchés et renommés Brésil ou Argentine, en référence au traité UE-Mercosur.
Lundi, ce sont ensuite des "feux de la colère" qui seront allumés dans le Nord, l'Orne, le Haut-Rhin ou encore dans les environs de Toulouse, mais loin des habitations et des axes routiers car "[le] but n'est plus de paralyser la circulation", indiquent les syndicats agricoles des Bouches-du-Rhône, qui donnent rendez-vous devant des bâtiments ed la direction départementale.
"Il y aura des détonations pour que Macron, là ou il est à Rio (le chef de l'Etat est en tournée en Amérique latine pour faire entendre la voix de la France qui est contre la ratification du traité, NDRL), nous entende pour dire non à ce Mercosur. Ca va faire du bruit jusqu'à demain soir pour que ca résonne partout en France. Les Français sont derrière nous", a affirmé Luc Smessaert.
"C'est vraiment le type d'agriculture et d'alimentation que nous ne voulons pas en France", martèle le vice-président de la FNSEA
Si certains agriculteurs ont fait part de leurs doutes sur leur motivation à reprendre la route, près d'un an après le premier épisode de contestations, Luc Smessaert en est convaincu: "La colère est différente. Il y a une détermination, on ne va rien lâcher. On vient de vivre une année noire, climatique, avec 50% d'eau en plus sur toute la France. Les récoltes ont été mauvaises, les trésoreries sont fortement dégradées, on a eu des gros problèmes sanitaires avec la fièvre catarrhale", a énuméré l'agriculteur.
"On n'est pas là pour affamer la France", assure Luc Smessaert
"On a laissé de l'argent. Les paysans en ont marre de sortir pour rien", a pourtant regretté auprès de RMC Sébastien, l'éleveur star des péages bloqués. Il croule désormais sous les dettes. "Parce qu'à chaque fois, on ne va pas au bout, on n'obtient rien, on n'a rien obtenu...", a constaté un autre.
Luc Smessaert l'a concédé, "depuis 10 mois, il ne s'est pas passé grand chose", évoquant notamment les annonces de Gabriel Attal lorsqu'il était Premier ministre avant que la dissolution de juin ne vienne marquer un coup d'arrêt, notamment sur l'examen du projet de loi d'orientation agricole.
Le vice-président de la FNSEA a réclamé des mesures prises par la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, sur la simplification. "Il faut que le gouvernement aille plus loin. Il faut que les décrets soient pris. On a mis sur la table il y a 15 jours 34 mesures de simplification, immédiates, qui ne coûtent pas d'argent et qui ramènent ud bon sens", a-t-il exposé, citant le versement de la PAC à 100% des agriculteurs au même moment ou que les préfets fixent des dates d'épandage au lieu des dérogations du Premier ministre.
Léo Manson avec Inès Zeghloul