L'office du tourisme de Terres d'Argentan a proposé une visite itinérante et commentée du parcours mémoriel de la Résistance.
Une trentaine de personnes s’est rassemblée sous un soleil brûlant et sur la place du Général-Leclerc d’Argentan (Orne) dans l’après-midi du mardi 30 juillet 2024 pour prendre part à une visite commentée du parcours mémoriel de la Résistance.
Parmi elles, « des gens du coin », principalement, et qui sont venus « se souvenir » d’évènements ou de personnes qu’ils ont parfois connus. Et une petite dizaine d’enfants de plus ou moins 10 ans, emmenés par des familles soucieuses de contribuer « au devoir de mémoire ».
Sortie caniculaire
La chaleur caniculaire n’a pas découragé les participants. Cette animation, dont c’était la première, a fait le plein. Des visiteurs en tout cas prévoyants, et qui étaient équipés en bouteilles d’eau chapeaux, casquettes, et autres parapluies !
Une balade teintée d’humour, en direct des années 40
La visite était animée par Josy et Cosette, deux jeunes résistantes ornaises tout droit débarquées des années 40. Après avoir décrypté la symbolique des bas-reliefs du Monument de la Résistance Ornaise, elles ont emmené les visiteurs jusqu’à la place Saint-Germain, en passant par la gare ou le lycée Mézeray, entre autres.
Les différents arrêts furent autant d’occasions d’évoquer les années noires de la seconde guerre mondiale, à l’échelle du département en général, et de la ville en particulier.
Et non sans humour parfois ! Sur le trajet entre deux lieux, elles diffusent des extraits d’une musique « comme on savait en faire alors », s’étonnent de la « forme des voitures », ou encore de l’évolution architecturale de la ville !
Des résistants
Mais elles ont aussi, et surtout, beaucoup, d’histoires à raconter. Les figures locales de la Résistance sont passées en revue. « L’Orne comptait 250 résistants » énoncent-elles.
Elles ne manquent d’ailleurs pas de se réjouir de ce qu’aujourd’hui beaucoup d’artères de la ville portent le nom de ces illustres et lointains combattants de la liberté. Parmi lesquels les Vimal du Boucher père et fils, le docteur Couinaud, ou encore Robert Dugué.
Bien qu’eux n’aient pas de rues à leurs noms, elles n’oublient cependant pas de rendre hommage aux femmes et aux enfants qui ont également résisté. « Nous interceptions les lettres de dénonciation envoyées par les traîtres et soignions les camarades blessées », précisent-elles.
Quant aux enfants, dont les plus jeunes avaient neuf ou dix ans, « ils convoyaient des messages qu’ils cachaient dans les roues de leurs vélos. Certains aidaient même à poser des mines ! »
Des collabos
Des figures moins glorieuses, pour ne pas dire collaborationnistes, sont également évoquées. Par exemple, Bernard Jardin, personnage « sadique et cruel ».
Il était le chef de la section argentanaise de la Gestapo. On lui doit, notamment, une rafle au cours de laquelle de nombreux résistants locaux seront arrêtés. Il finira arrêté, emprisonné, jugé, et exécuté sur la place publique.
Les bâtiments dans la guerre
Les bâtiments ont aussi des choses à raconter par l’entremise de Colette et Josy. Le pont de l’avenue de La Forêt-Normande, qui « abritait la population pendant les bombardements ».
Et aussi, le lycée Mézeray, qui était à l’époque un collège, et dont le proviseur n’était autre que… Robert Dugué. L’établissement a été « une place forte de l’armée allemande » apprennent-elles.
Il a hébergé des membres de l’armée de terre, puis de l’armée de l’air et à même abrité un hôpital militaire.
Durant cette période de réquisition, les élèves ont suivi, tant bien que mal, leur scolarité dans l’Hôtel de Ville.
Des visiteurs conquis
C’est donc tout un pan de l’histoire locale de la guerre qui a été dévoilé aux visiteurs pendant presque 1 h 30. Et qui a contribué, à son niveau, à l’écriture de l’Histoire, avec un grand H.
Nombreux sont ceux qui ont souligné, en fin de parcours, l’originalité d’une proposition « immersive », portée par les deux guides qui ont su faire montre d’un certain talent pour jouer la comédie.
Et malgré la forte chaleur, tous ont bu d’un trait les paroles parfois sombres mais rafraîchissantes des deux guides.
La Rédaction