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L’ORIGINE DE LA CROIX CELTIQUE : un symbole qu’on retrouve dans les manifestations d’ultradroite.

Une croix dans laquelle s’inscrit un cercle : la croix celtique, qui trouve ses origines dans la culture celte irlandaise, puis bretonne, est aujourd’hui devenue un symbole des organisations d’extrême droite. On l’a récemment aperçue lors des manifestations d’ultradroite à Paris ou encore à Saint-Senoux (Ille-et-Vilaine). Comment ce signe celte a-t-il été détourné ? La réponse avec Erwan Chartier, chargé de cours du diplôme d’études celtiques à Rennes 2 et rédacteur en chef du Poher Hebdo.

Dans les récentes manifestations de l’extrême droite, on a souvent vu apparaître la croix celtique : un symbole composé d’une croix qui dépasse d’un cercle. D’où vient cet emblème ?

C’est un symbole qui apparaît dès le néolithique, donc qui n’est pas immédiatement associé au christianisme. Mais on le retrouve surtout en Irlande, au Moyen-Âge, pendant la christianisation. Le cercle au milieu de la croix peut représenter soit l’Ostie chrétienne, soit des symboles plus païens. Ce serait peut-être une association entre les deux religions : le christianisme, et l’ancien druidisme Irlandais. Dans la mythologie celtique, il y a toute une symbolique autour des cercles : ça peut expliquer que l’Église, dans les premiers temps, ait voulu associer les deux symboles pour que ça parle au peuple.

CROIX CELTIQUE

Comment ce symbole est-il arrivé en Bretagne ?

Entre le Ve et le IXe siècle, à l’ouest de la Bretagne, l’Église avait les mêmes rites que l’Église Irlandaise, mais en réalité, les croix celtiques bretonnes qui datent du Moyen-Âge sont très rares. Ce symbole va vraiment apparaître en Bretagne à partir du XIXe-XXe siècle, pendant l’essor des mouvements régionalistes et de l’interceltisme : un courant qui a permis de développer les relations entre différents pays ou régions d’influence celtique, comme l’Irlande, le Pays de Galles, l’Écosse, la Cornouaille et aussi la Bretagne. À cette époque, la croix celtique fait son retour en Irlande et en Grande-Bretagne, notamment chez les immigrants irlandais ou les Écossais : pour eux, c’est un symbole identitaire, et on la retrouve notamment sur les tombes. Les militants régionalistes bretons s’en sont inspirés, ce qui fait qu’en Bretagne, on trouve aussi des croix celtiques dans les cimetières. On peut également en observer dans certains monastères d’inspiration celte, comme à Landévennec (Finistère), ou dans les armoiries de Plouigneau, près de Morlaix.

Pourquoi ce symbole interceltique se retrouve aujourd’hui dans les manifestations d’extrême droite ?

Rien à voir avec la culture celte, mais en effet, la croix celtique dans sa forme très stylisée a été récupérée par les nationalistes de l’extrême droite française, dès l’Entre-deux-guerres. On la retrouve aussi chez les scouts, sous Pétain. En 1949, le militant néofasciste et pétainiste Pierre Sidos l’utilise comme emblème du groupe d’extrême-droite Jeune Nation. À partir des années 1960, avec la guerre d’Algérie, la croix celtique sera systématiquement reprise par les mouvements de l’ultradroite française, comme Occident, l’Œuvre Française, Ordre Nouveau ou encore le mouvement étudiants du GUD (Groupement Union Défense). Ce qui devait leur plaire, c’était le côté néopaïen, et puis ça ressemble à une cible, or il y a des gens qui aiment bien les armes dans cette mouvance politique. Récemment, elle a été utilisée à Callac avec un slogan suprémaciste blanc, dans les manifs du 6 mai à Paris ou encore lors d’une manifestation à Saint-Senoux (Ille-et-Vilaine).

Scandola GRAZIANI BRANQUET

Date de dernière mise à jour : 17/05/2023

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