Alors que la pauvreté et la précarité s’aggravent en France, selon un sondage Ipsos pour le Secours populaire, la droite et l’extrême droite voudraient supprimer l’AME. C’est « inopportun et ignoble » fulmine l’ancien secrétaire d’État au Budget. Il explique pourquoi.
En France, Pays des Lumières, de la République laïque et solidaire, historiquement attachée aux droits de l’Homme, septième puissance économique mondiale en 2024, il existe en matière de soins une politique en accord avec ses valeurs. Cela s’appelle l’Aide Médicale d’Etat (A.M.E.).
Elle met en œuvre, pour un être humain sur notre territoire, un principe humaniste simple : en cas de besoin, notre système de protection sociale prend en charge les besoins de santé de chacun, indépendamment de son origine, de sa nationalité, de sa religion, de sa couleur de peau, de la régularité de sa présence en France.
Moins de 0,5% des dépenses de santé
Le coût de cette pratique est un peu supérieur à un milliard d’Euros, dont une (très faible) partie est récupéré auprès des pays d’origine des patients. Cela parait énorme, mais représente en fait moins de 0.5% de nos dépenses de santé et environ quatre dix millièmes de notre richesse nationale. On me dira que les petits ruisseaux font les grandes rivières, mais prendre une goutte d’eau dans une bassine n’en change pas le niveau !
L’abrogation de ce dispositif est depuis quelques années érigée en totem de la droite et de l’extrême-droite pour négocier tantôt un vote, tantôt une abstention, voire une participation au Gouvernement. L’actualité récente le démontre encore davantage.
C’est inopportun et surtout ignoble
C’est inopportun, car ne pas soigner tout de suite, c’est éviter plus de soins plus tard, car une maladie aggravée sera in-fine prise en charge par quelqu’un qui a prêté le serment d’Hippocrate. C’est aussi éviter souvent que ne se propagent des maladies infectieuses.
C’est surtout ignoble, car un être humain doit être soigné même sans carte bleue, sans carte vitale et sans titre de séjour. Les Français seraient à ce point déshumanisés qu’ils mégoteraient quatre dix millièmes de leur richesse pour soigner un de leurs semblables !
J’entends tel ou telle pressentie pour entrer au Gouvernement y mettre comme condition la remise en cause de l’A.M.E. ! J’ai honte pour eux ! Et si j’étais encore député, cela suffirait à me faire voter la censure.
Christian Eckert et la Rédaction
Christian Eckert, Ancien secrétaire d'État