Urgences : Frédéric Valletoux, ministre démissionnaire de la Santé, critiqué par les soignants après cette sortie

Crise des urgences médicales : pour une réforme systémique - La Grande  Conversation

Comme chaque été, des témoignages documentent la galère de l’hôpital public, qui fait les frais d’un manque d’effectifs chronique, criant en période de vacances.

Champion du déni ? Des représentants d’agents hospitaliers pointent ce jeudi 22 août la « mauvaise foi » et le « déni » du ministre délégué à la Santé, selon qui la situation aux urgences est cet été légèrement meilleure qu’en 2023. Ces professionnels dénoncent, au contraire, « l’effondrement » croissant du système.

Temps d’attente interminables sur des brancards, fermetures perlées, témoignages de patients désabusés : comme chaque été, des services d’urgence font les frais d’un manque d’effectifs chronique, criant en période de vacances.

En réaction, le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux a estimé mardi qu’une « cinquantaine d’hôpitaux » français « sont actuellement en tension ». Ce qui, selon lui, est « un peu mieux que l’été dernier » et mieux qu’en 2022.

« La situation sanitaire poursuit sa dégradation programmée »

Un diagnostic rassurant qui fait donc hurler les professionnels. « Peut-être monsieur le ministre est-il encore sous l’effet euphorisant de l’ambiance des Jeux olympiques », ironise par exemple la coalition Action praticiens hôpital (APH, 14 syndicats de praticiens) dans un communiqué, décernant au passage la « médaille d’or de la mauvaise foi » à ce proche d’Édouard Philippe.

« La situation sanitaire de notre pays poursuit sa dégradation programmée » et cela ne concerne « pas seulement les urgences », poursuit APH, évoquant des « lignes de Smur (service mobile d’urgence et de réanimation) fermées, avec des retards de prise en charge pour des urgences vitales » ou encore de nombreuses fermetures de lits dans les services.

La situation est devenue « endémique sauf sur un site : celui de la clinique des Jeux olympiques », fustige encore l’APH, avant de conclure : « Si certains politiques affichent un satisfecit béat, les professionnels (...) observent non plus une dégradation mais un effondrement de notre système de santé ».

« Difficultés généralisées et plus importantes que jamais »

Dans une interview à Libération, le président du syndicat Samu Urgences de France (SUDF) Marc Noizet conteste lui aussi le chiffre donné par le ministre, selon lui « largement sous-estimé », et dénonce « l’habituelle communication ministérielle destinée à rassurer l’opinion ». Selon une enquête du syndicat, « durant l’été 2023, un service sur deux avait dû fermer au moins une ligne d’urgence » et « 70 % des Smur » avaient tourné en mode dégradé.

« La situation n’a pas été meilleure cet été », et des CHU ont été affectés, « comme au Havre, à Caen, Rennes, Bordeaux et Grenoble. Laval, un gros service d’urgences, va même devoir fermer la nuit en septembre. Cela n’était jamais arrivé. Les difficultés sont généralisées et plus importantes que jamais », assure Marc Noizet.

SUDF publiera mi-septembre son enquête annuelle sur ces fermetures estivales. Selon une récente étude (Inserm, APHP, Universités de Rouen et de la Sorbonne), passer une nuit sur un brancard augmente de près de 40 % le risque de mortalité hospitalière pour les patients de plus de 75 ans.

La Rédaction avec AFP

 

Date de dernière mise à jour : 22/08/2024

4 votes. Moyenne 4 sur 5.