Emmanuel Macron n'envisage pas de démissionner à l'issue des élections législatives, quel que soit le résultat du scrutin. Mais le scénario commence à être jugé possible dans un certain cas de figure.
La démission d'Emmanuel Macron à l'issue des élections législatives n'est pas un scénario envisagé à la tête de l'Etat. "Le Président est élu, il restera président de la République jusqu'en 2027" quel que soit le résultat des scrutins des 30 juin et 7 juillet prochains a souligné le Premier ministre Gabriel Attal en conférence de presse à dix jours du premier tour. Avant le chef du gouvernement, le chef de l'Etat lui-même a balayé l'hypothèse de sa démission d'un revers de main alors qu'il prenait la parole au début de la campagne électorale le 12 juin. Emmanuel Macron disait vouloir "tordre le cou à ce canard qui n'a jamais existé" assurant qu'il avait obtenu sa légitimité lors de sa réélection en 2022 et pour cinq ans.
Pour le chef de l'Etat démissionner serait un terrible aveu d'échec, surtout si son départ intervenait après deux défaites consécutives face à l'extrême droite contre laquelle il s'est toujours présenté comme un obstacle. Le président de la République a d'ailleurs indiqué avoir "pris pour [lui]" le résultat des européennes qui ont sacré le RN avec une large avance sur la majorité présidentielle lors d'un point presse en marge du G7 : "Ça fait 7 ans que je travaille comme un fou pour que le pays aille mieux et qu'il avance. Je l'ai pris pour moi, pour cette majorité ! Ça ne m'a pas fait plaisir, évidemment que ça m'a touché". Il a ajouté avoir compris le message envoyé par les électeurs et a promis : "Il y a des choses qui vont changer". Une déclaration qui confirme la volonté d'Emmanuel Macron de rester à l'Elysée quoi qu'il arrive.
Majorité ou cohabitation.... "La place du Président est claire"
Emmanuel Macron pourrait voir sa majorité renouvelée à l'Assemblée nationale à l'issue des scrutins, même si c'est loin d'être le scénario privilégié par les résultats des sondages sur les législatives. Alors son gouvernement pourrait rester en place, Gabriel Attal aurait toutes les chances d'être reconduit à Matignon dans ce cas de figure et le chef de l'Etat pourrait poursuivre sa politique comme il le fait depuis sept ans.
Mais les chances pour qu'une cohabitation ait lieu entre le chef de l'Etat et le chef du gouvernement sont importantes. Si l'extrême droite du Rassemblement national ou l'union de la gauche obtient la majorité à l'Assemblée, Emmanuel Macron n'aura d'autre choix que de nommer un Premier ministre issu de la nouvelle majorité. Reste qu'une cohabitation n'oblige en rien le président de la République a démissionné comme l'a rappelé le fondateur de Renaissance en se référant à la Constitution dans les colonnes du Figaro Magazine : "Les institutions sont claires, la place du président, quel que soit le résultat l'est aussi". Et s'il venait à l'esprit de la nouvelle majorité d'exiger la démission d'Emmanuel Macron, notamment au RN qui appelé de ses voeux une dissolution de l'Assemblée nationale, il a prévenu : "Ce n'est pas le RN qui écrit la Constitution, ni l'esprit de celle-ci".
Une démission contrainte par un blocage institutionnel ?
Emmanuel Macron assure dur comme fer qu'il ne démissionnera pas de l'Elysée et ira jusqu'à la fin de son mandat en 2027. Mais des surprises restent possibles, comme celle de l'annonce de la dissolution de l'Assemblée au soir du 9 juin. L'événement a été une preuve de la capacité du chef de l'Etat à prendre des décisions radicales et contraires à ses précédentes affirmations sans prévenir. Pour rappel alors que le RN exigeait une dissolution en cas de victoire aux élections européennes, le Président avait rétorqué dans un entretien pour La Tribune Dimanche et La Provence que "l'élection des députés européens" appellerait une "conclusion d'abord européenne" et non nationale... Le chef de l'Etat peut donc encore changer d'avis sur sa démission.
D'autant qu'une démission présidentielle est de plus en plus considérée comme un scénario possible après les législatives dans un cas de figure en particulier. Si aucune force politique n'obtient de majorité franche à l'Assemblée nationale, le gouvernement pourrait être plongé dans un blocage institutionnel et devenir incapable de faire passer un texte de loi. Emmanuel Macron pourrait alors juger que la seule solution pour sortir de l'impasse serait de démissionner et d'organiser une nouvelle élection présidentielle. Mais cette option présente des failles, car l'élection d'un nouveau président ne résoudrait pas le problème du blocage institutionnel dans l'hémicycle.
Macron peut-il démissionner pour se représenter à une présidentielle ?
Mais si Emmanuel Macron envisageait de démissionner pour pouvoir se représenter en 2027 ? C'est ce que soupçonnent plusieurs internautes sur les réseaux sociaux, mais cette hypothèse n'est pas crédible. Une démission ne permettrait pas au chef de l'Etat d'être élu une troisième fois car l'article 6 de la Constitution limite à deux le nombre de mandats consécutifs possible à la tête de l'Etat : "Le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs". Une démission ne change en rien le fait qu'Emmanuel a déjà effectué deux mandats, même si le second n'est pas complet. Au contraire, démissionner après les législatives priverait le chef de l'Etat de ses trois dernières années de présidence avant une possible nouvelle candidature en 2032.
Cécile Vassas