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« Marseille en grand », ou les vains délires élyséens

Reportage] Marseille, la ville aux 100 checkpoints - Boulevard Voltaire

« Marseille en grand », c’est le plan de développement très ambitieux présenté en 2021, lors d’un énième déplacement dans la ville, par Emmanuel Macron pour la seconde agglomération de France par la démographie – et première par la criminalité –. Le projet a été jugé « fragile » et « surévalué » par la Cour des comptes qui n’ose pas mettre un nom sur le problème majeur – et insoluble – de la ville : l’explosion de la narco-criminalité allogène.

Le président de la République avait détaillé plusieurs mesures permettant d’optimiser les services publics, la mobilité, la sécurité ou encore l’immobilier dans la cité phocéenne. Trois ans plus tard, la chambre régionale de la Cour des comptes en a dressé un premier bilan plus que mitigé. La juridiction financière dénonce un suivi « indigent » du plan, déplorant le « défaut de cohérence » et les « insuffisances intrinsèques » qui « pèsent sur sa mise en œuvre ».

Le plan annoncé par Emmanuel Macron peine à trouver des financements. « Conçu de manière précipitée » et « sans concertation préalable avec les acteurs », le projet affiche « un défaut de cohérence d’ensemble », ont poursuivi les « sages », qui expliquent que le projet est victime « d’un défaut majeur de formalisation », car il « ne s’appuie sur aucun autre document que la transcription du discours du président de la République ». En effet un peu maigre.

Selon les magistrats, « Marseille en grand » souffre d’une part de l’absence de « calendrier d’ensemble » et d’autre part du « caractère insuffisant de la gouvernance et des moyens de pilotage » entre les différents acteurs – l’État, la commune de Marseille dirigée par Benoît Payan, ainsi que la métropole, dirigée par Martine Vassal. « Les moyens que l’État a consacrés au suivi du plan ne sont pas à la hauteur des enjeux et peuvent être qualifiés d’indigents », a conclu la Cour des Comptes.

Certes, l’existence du crime organisé à Marseille ne date pas de l’invasion migratoire. Mais on assiste à une recrudescence des règlements de compte depuis le milieu des années 2000, avec la mort du parrain de la vieille école Francis le Belge. Un indice sur l’origine des criminels : la fiche Wikipédia sur les règlements de compte dont la ville est le théâtre ne donne plus les noms des protagonistes à partir des années 2015.

Les policiers et gendarmes qui opèrent sur la ville sont les témoins – et parfois les victimes – de cette hyperviolence liée principalement au narcotrafic.

La tristement célèbre cité de la Castellane, dans les quartiers nord de Marseille, est connue pour abriter de nombreux points de deal. Les opérations antidrogues s’y succèdent tous les deux ou trois ans depuis 2010. En 2013, le chiffre d’affaires de la drogue représentait 18 millions d’euros par an dans la cité, près de 10 % de ce qui est estimé pour l’ensemble de la ville de Marseille, soit un niveau exceptionnellement élevé pour un quartier de cette taille. Le deal s’articule autour des guetteurs (choufs, des adolescents ou des enfants), des vendeurs et des nourrices (personnes « respectables » qui cachent de la drogue chez elles en contrepartie d’une rémunération). En 2024, les rémunérations de ces derniers sont évaluées à 4000 euros par mois. Après l’important coup de filet de 2013, les réseaux se sont rapidement reconstitués. La dernière opération en date, d’avril 2024, a été largement médiatisée. Les réseaux, aguerris, n’ont pas trop souffert…

Henri Dubost

Date de dernière mise à jour : 25/10/2024

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