Alors que l'Europe entre en récession et que la guerre en Ukraine pourrait prendre des dimensions internationales, la démocratie française s'effrite au profit de la dictature macroniste.
Depuis la Révolution française, la France aura connu cinq républiques.
Première République
La première remonte en l'an 1792 après l'abolition de la royauté par la Convention nationale. Elle durera très exactement 11 ans 7 mois et 27 jours du 21 septembre 1792 au 18 mai 1804 dans un Etat non reconnu. Pendant cette période, on distinguera 3 périodes portant sur trois régimes différents : dans un premier temps, un régime d'assemblée de 1792 à 1795, puis ensuite dans un second temps, un régime directorial de 1795 à 1799, et finalement dans un troisième temps, un régime autoritaire de 1799 au 18 mai 1804, date à laquelle Napoléon Bonaparte va instaurer le Premier Empire. Plus tard, après la chute de ce dernier, la royauté reprendra ses droits avec tour à tour, Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe 1er dont le règne prendra fin lors de la Révolution de février 1848.
Deuxième République
La Deuxième République sera éphémère. Elle connaîtra tout d'abord un gouvernement provisoire avant de procéder à l'élection d'un président au suffrage universel. C'est ainsi qu'est élu le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er avec 75 % des suffrages exprimés. Ce dernier, avec la complicité de certains chefs militaires, s'empare du pouvoir par le coup d'État du 2 décembre 1851. Il fait alors arrêter immédiatement les opposants monarchistes et républicains, puis dissout l'Assemblée nationale. Le 2 décembre 1852, le Second Empire est pro clamé avec la fin du systèmpe républicain.
La Deuxième République n'aura duré que 4 ans 9 mois et 8 jours.
Troisième République
A la chute de l'Empire le 4 septembre 1870, la Troisième République est proclamée. Ce régime politique qui connaîtra bien des tourmentes dont la Première Guerre Mondiale, va durer toutefois pendant près de 70 ans jusqu'au 10 juillet 1940 où l'Assemblée nationale réunie à Vichy va donner les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Pendant cette longue période, ce sont quatorze présidents qui se succèderont à la tête de l'État, d'Adophe Thiers jusqu'à Albert Lebrun qui sera réélu en 1939, mais qui ne démissionnera jamais malgré la gouvernance du régime de Vichy. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il ne retrouvera pas toutefois son mandat de président qui devait en principe s'achever en 1946 en raison du changement de régime politique.
Que retiendra-t-on de la Troisième République ? Ce qui caractérise fortement ce régime, c'est essentiellement la grande transformation en profondeur de la Nation. S'inspirant des idéaux de 1789, il il établit la liberté d'opinion et d'expression des citoyens. Ces derniers participent massivement aux élections qui rythment désormais la vie politique du pays par le biais du suffrage universel.
Quatrième République
Le 27 octobre 1946, est fondée la Quatrième République. Elle est instituée après la période du gouvernement provisoire de la République qui lui-même avait été établi à la libération de la France de l'occupation allemande. Elle va durer 11 ans 11 mois et 7 jours sous la forme d'un régime parlementaire, s'appuyant sur le texte fondamental de la Constitution mise en place au jour de sa fondation. La jeune république doit assurer impérativement la relance de l'économie et la reconstruction du pays fortement touché par six années de guerre. Mais très rapidement, la Quatrième République va démontrer une forte instabilité gouvernementale due par le déséquilibre des pouvoirs et l'absence de majorité au Parlement. La guerre d'Algérie va augmenter les difficultés de l'exécutif et si l'on ajoute à ces problèmes, le déficit des combines partisanes et l'incapacité des pouvoirs publics à trouver des solutions adaptées, c'est tout le système républicain qui va être remis en cause et ces échecs politiques à répétition auront raison de lui à court terme.
Cinquième République
De cette déroute qui secoue le pays tout entier, va naître, le 4 octobre 1958 la Cinquième République qui va marquer une rupture significative par rapport à la tradition parlementaire de la République française, dans la volonté évidente de renforcer clairement le pouvoir exécutif. Ce nouveau régime est qualifié de régime semi-présidentiel. Il est mis en place par la Constitution approuvée par une très large majorité de Français par voie référendaire du 28 septembre 1958. Cette nouvelle république, on la doit à Charles de Gaulle qui en sera le premier président. Par la suite, les pouvoirs du chef de l'État seront consolidés par une légitimité résultant en particulier de son élection au suffrage universel direct, instaurée par référendum en 1962 ainsi que par l'alignement de la durée de son mandat sur celui de l'Assemblée nationale depuis 2002 à la suite du référendum constitutionnel de 2000.
En place maintenant depuis bientôt 65 ans, la Cinquième République est le système républicain français le plus stable dans le temps après celui qui géra la Troisième République.
Il faut noter que la Cinquième République est liée avec la guerre d'Algérie. En effet, avec ce conflit, la France était devenue ingouvernable. Elle devait faire face à un soulèvement de l'armée à Alger qui mis fortement en péril la démocratie, le 13 mai 1958. Il fallait donc se résoudre à faire appel à un personnage hors du commun, le Général de Gaulle, l'homme providentiel capable de sauver le système républicain.
Macron, un ambition anti-républicaine
Après sept présidents issus dont cinq sont issus des partis de droite et deux des partis de gauche, Emmanuel Macron est devenu le 8ème président la Cinquième République en 2017. Sa première mandature a été un échec politique et social avec un déni de démocratie que l'on n'avait jamais connu jusqu'alors. Les diverses élections qui ont marqué cette période ont démontré que les électeurs boudaient les urnes, l'abstention devenant chaque fois plus forte dans les scrutins nationaux et locaux. Réélu en 2022, le pouvoir macronien s'est montré particulièrement autoritaire, notamment dans le cadre de la réforne des retraites.
Le régime macronien proche du Consulat de Napoléon Bonaparte
Pendant toute la durée de la pandémie du Covid-19; les décisions ont été prises dans le secret du conseil de défense, sans consultation du Parlement. Même situation, pour la position de la France dans la guerre en Ukraine. La position géopolitique de la nation n'a jamais été débattue au Parlement.
La France doit-elle soutenir l'Ukraine ou prendre une position plus neutre ? Dans le cadre d'un bon sens politique et humain, il est parfaitement logique que notre pays apporte son entier soutien au peuple ukrainien d'une façon altruiste, mais pas militaire. Fournir des armes pour qu'elles soient détruites par la Russie, sans oublier les pertes considérables de civils dans ce conflit et spécialement chez le peuple d'Ukraine, ce n'est pas du tout raisonnable. En déployant sans cesse du matériel militaire, la guerre ne peut que continuer dans un désastre total avec ses milliers de morts dont le nombre ne cesse d'augmenter. Mais Monsieur Macron prend l'initiative de décider seul, pour le meilleur et pour le pire et aujourd'hui, avec le recul sensible de l'Ukraine, c'est vraiment le pire.
Et soyons lucides, l'avenir sera très douloureux. Avec l'endettement abyssal de la France, la défaite de la réforme des retraites chez les syndicats et donc la victoire réelle de la macronie sur le peuple français pourtant très hostile à cette réforme, les rumeurs d'un troisième mandat possible pour le chef de l'État, il est irrécusable que notre Nation perd peu à peu son identité.
Pas à pas, Emmanuel Macron installe sa dictature, doucement mais très sûrement. Il suit la trace des dictateurs qui eux, également par le passé, ont élaboré un pouvoir autoritaire et tissé une toile figeant totalement le pays qu'ils dirigeaient.
Il faut savoir que, sauf un coup d'État militaire, la mise en place d'une dictature est le plus souvent fort silencieuse. Elle se constitue de décisions dont certaines paraissent même anodines, et un jour, les citoyens qui n'ont pas flairé le danger, se retrouvent soudain sclérosés, face à une situation qui leur échappe totalement et, à ce moment-là, s'impose tout à coup un régime politique qui va devenir de plus en plus autoritaire. C 'est alors l'installation d'une dictature où le peuple tombe sous le contrôle du pouvoir absolu, sans pouvoir disposer des moyens démocratiques d'opposition ou de contestation.
La seule possibilité de se défaire d'une dictature serait la révolution de la rue, bien évidemment. Mais nous savons que la France n'est plus révolutionnaire aujourd'hui, même si à une époque passée de plus de deux siècles, elle fut capable de démontrer qu'elle pouvait provoquer d'énormes changements sociétaux.
Dernière nouvelle en provenance de la macronie : un troisième mandat possible d'Emmanuel Macron. Sur ce point, les avancées sont claires. Et déjà des personnalités politiques ouvrent le débat sur cette possibilité : un proche du président, l'&ancien président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand qui aborde clairement ce sujet, sans pour autant prendre position par peur de provoquer une polémique ; également une ancienne ministre en la personne de Roselyne Bachelot qui affiche sans aucune ambiguïté son véritable souhait d'un 3 ème mandat en faveur du président Macron. Bientôt, d'autres personnalités politiques suivront sans doute la même voie. Et au fil du temps, d'un troisième mandat, on passera un jour au mandat à vie.
Emmanuel Macron qui a bafoué pendant 6 ans le Parlement, continue à le mépriser et la réforme des retraites en est l'exemple frappant.
Il est perceptible que le chef de l'État actuel va s'efforcer d'affaiblir l'Assemblée nationale pour l'éliminer du débat public sans pour autant la faire disparaître.
Macron dans les pas de Pétain
En juillet 1940, le maréchal Pétain, appelé au pouvoir deux mois auparavant après le début de l'invasion allemande sur le sol français, obtient les pleins pouvoirs du Parlement, malgré l'opposition de certains députés et sénateurs.
Il s'octroie alors le titre de « chef de l'État français », puis rapidement, il abolit les institutions républicaines et les libertés fondamentales, dissout les syndicats et les partis politiques.
Si chez Macron, la méthode reste différente du fait que nous ne sommes ni en période de guerre, ni d'instabilité politique, elle va dans le même sens que celle définie par le régime de Vichy et il ne faudra pas s'étonner de voir dans les temps à venir, la disparition de la République au profit d'une autocratie dont le profil se dessine depuis les contestations des « Gilets Jaunes ».
Qui peut empêcher l'effondrement républicain ?
A vrai dire, il n'y a pas d'issue visible. D'un côté, il existe bien la gauche, mais elle est trop divisée,, et les extrêmes sont bien loin des idéologies propres à la démocratie. Peut-on faire confiance à la NUPES ? Certainement pas ! Quant aux socialistes, ils ont perdu leurs repaires et leur crédibilité.
De l'autre côté, à droite, c'est la débâcle : Les Républicains sont devenus un parti fantôme et leur disparition est imminente. Quant au Rassemblement national, serait-il capable de gouverner ? Marine Le Pen n'a pas et n'aura jamais la capacité de redresser le Pays. Enfin, il reste Reconquête! Zemmour est encore bien loin d'être un homme d'État, même s'il représente un atout pour la France.
Autrement dit, la Nation française se retrouve dans une impasse. Et sauf événement miraculeux, son sort est jeté. Si la France conserve encore son identité première, bien que fortement défigurée depuis quelques années, elle aura perdu bientôt sa démocratie et ses valeurs républicaines.
La Cinquième République, c'est fini ! Le régime républicain aussi ! Quel sera le nouvel État de demain ? Personne ne peut le dire à cette heure et les jours qui arrivent restent très incertains pour l'avenir de notre Pays.
Il ne nous reste plus qu'à attendre, avec l'espoir d'une providence qui pourrait changer nos vies et celles des jeunes générations. Mais au lieu de se morfondre dans nos angoisses, ne faudrait-il pas réagir et faire face à l'adversité ? Il est grand temps de se réveiller et de prendre en mains notre destin. Mais les Français en ont-ils la volonté et le courage ? C'est plus qu'incertain à l'heure d'aujourd'hui.
Pierre Reynaud