
La prise de parole du chef de l'État, mercredi soir, intervient après les récentes déclarations de Donald Trump et à la veille d'un Conseil européen extraordinaire, au cours duquel seront abordés l'aide à l'Ukraine et la défense du Vieux Continent.
Emmanuel Macron tenait à "répondre aux angoisses des Français", d'après son entourage. Le président de la République s'est exprimé, mercredi 5 mars, dans une allocution télévisée, à 20 heures, sur "la défense nationale" dans le contexte de la guerre en Ukraine. Une prise de parole qui intervient alors que Donald Trump a décidé de suspendre l'aide américaine à Kiev et à la veille d'un Conseil européen extraordinaire consacré à la défense.
"La menace russe est là. (...) La Russie est devenue une menace pour la France et pour l'Europe", a notamment déclaré le chef de l'Etat, condamnant "l'agressivité" de Moscou. Face à cette menace, "nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires", a poursuivi Emmanuel Macron, et ce "sans que les impôts ne soient augmentés". "Le soutien à l'Ukraine est un impératif. Viser l’autonomie stratégique de l’Union européenne doit être l’objectif", mais "s’en donner les moyens ne peut pas passer par de nouveaux sacrifices pour les Français", a réagi sur X le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.
Une "nouvelle ère" qui s'ouvre. "Vous êtes légitimement inquiets devant les événements historiques en cours qui bouleversent l'ordre mondial", a déclaré en début d'allocution le président de la République. "Les États-Unis soutiennent moins l'Ukraine et laissent planer le doute sur la suite. (...) Le monde continue d'être sans cesse plus brutal. Nous rentrons dans une nouvelle ère", a expliqué Emmanuel Macron.
Un "débat stratégique" sur la dissuasion nucléaire. "Notre dissuasion nucléaire nous protège. Elle est complète, souveraine", a rappelé le chef de l'État. "J'ai décidé d'ouvrir le débat stratégique sur la protection de nos alliés européens" grâce à cette dissuasion nucléaire, a poursuivi Emmanuel Macron, ajoutant que "la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République".
"C'est un changement d'époque." "Oui, Macron dit vrai. C'est un changement d'époque", a déclaré le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, mercredi soir sur X. Il a néanmoins affirmé que "ceux qui nous ont mis dans l'impasse et ont idéalisé les [Etats-Unis] ne doivent plus être suivis". "Emmanuel Macron prend conscience, en dernier, que le monde d'aujourd'hui est celui de la puissance. Il n'y aura pas d'avenir pour la France et l'Europe sans indépendance, sans croissance, sans ambition", a déclaré le président du Rassemblement national, Jordan Bardella.
Une volonté de rassurer. Cette prise de parole faisait suite à l'altercation entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump, dans un contexte de rapprochement entre Washington et Moscou aux dépens de l'Europe et de l'Ukraine. "On sent une angoisse très forte chez les Français", a assuré l'entourage du président à France Télévisions. "Le président parle pour y répondre et pour transformer ces angoisses en volonté d'agir et d'avancer."
Un Conseil européen consacré à l'Ukraine prévu jeudi. Les Vingt-Sept se réunissent à Bruxelles jeudi, pour échanger sur la poursuite du soutien à Kiev et la défense européenne. "Les dirigeants auront pour objectif de prendre les premières décisions afin d'aider l'Europe à devenir plus souveraine, plus capable et mieux à même de faire face aux défis actuels et futurs en matière de sécurité", précise le Conseil européen sur son site.
Article rédigé par Eloïse Bartoli, Valentine Pasquesoone, Paolo Philippe