Point-de-vue. Jordan Bardella a récemment édicté une règle intangible : ne pas avoir de condamnation pour être élu. Ce nouveau Brutus, pensait-il à Césarine Le Pen et aux prochaines échéances électorales ? Décryptage.
Nous sommes en 1998 : Brutus, c’est le surnom donné par Jean-Marie Le Pen à Bruno Mégret, ex-numéro deux du FN, qu’il accusait de trahison. Il poursuit ainsi : « Ce qui me différencie de César, qu’approchait Brutus le couteau à la main et qui releva sa toge pour se couvrir la tête, c’est que, moi, je sors mon épée et je tue Brutus avant qu’il ne me tue! ». Réflexe qui n’a visiblement pas franchi le cap de la nouvelle génération. Ne voyant rien venir, la fille du patriarche a imprudemment cédé les clés du camion à un jeune premier aux allures sympathiques, mais à la stratégie redoutable. Trop sûre d’elle, Marine Le Pen laissa son épée au râtelier. Mal lui en prit !
Ils sont redoutables, mais prévisibles
Ce qui caractérise les jeunes de la génération Bardella, c’est leur ambition sans limites, leurs discours stéréotypés, leurs raisonnements huilés, et leur détermination à atteindre leur but quoi qu’il en coûte. On en trouve partout. Dans les partis politiques – la Macronie en regorge – mais aussi aux postes clés des entreprises. Leur formatage et leurs attitudes constituent une signature radar qui ne peuvent échapper aux observateurs expérimentés. Ils sont redoutables, mais extrêmement prévisibles. De fait, il est facile d’anticiper leurs stratégies. À condition de garder constamment les yeux ouverts… et une épée prête à sortir du fourreau.
Une fatwa
Le 18 novembre, Jordan Bardella, Président du RN, édictait une règle dont la première victime sera forcément Marine Le Pen. À savoir, « ne pas avoir de condamnation à son casier judiciaire est pour moi une règle numéro une lorsqu’on souhaite être parlementaire de la République ». Règle à laquelle ne saurait implicitement déroger les candidats au poste suprême. Or, que le juge suive à la lettre ou non les réquisitions du Parquet, la candidate du RN sera forcément condamnée, ce que Bardella ne peut ignorer. C’est donc à dessein qu’il a édicté cette fatwa. Seul un aveugle ne pourrait entrevoir cette stratégie matricide cousue de fil blanc.
La trahison, une règle immuable
Comme évoqué récemment dans l’article intitulé « le coup de main de la Justice à Jordan Bardella », la trahison demeure une règle immuable dans le monde glauque de la politique. Le plus étonnant, c’est que ceux qui la pratiquent de longue date ne la voient pas toujours venir. Et que, plus elle est visible, plausible, prévisible, inévitable… plus, elle est aveuglante. Au point que certain(e)s dressent un tapis rouge aux jeunes loups qui vont les dévorer… L’étau se resserre sur la famille Le Pen. Césarine a du souci à se faire. Dans quelque temps, le nouveau Brutus risque de lui porter le coup fatal.
À suivre !
Bernard Aubin