Il y a quelques jours, il était prétendu par le microcosme politico-médiatique qu’un Rassemblement national obtenant une majorité absolue, voire relative, serait synonyme de chaos. Ce mouvement n’a obtenu ni la première ni la seconde. Et c’est un autre chaos qui s’annonce, assez prévisible somme toute : celui de cette extrême gauche ayant tendance à tout casser lorsqu’elle perd, quitte à tout brûler quand elle gagne.
La preuve par l’appel d’Adrien Quatennens, l’ex-député mélenchoniste qu’on sait, empêché de se présenter pour cause de violences conjugales, à une « marche populaire en direction de Matignon ».
Notons qu’il y a un distinguo à faire entre « manifestation » et « marche ». L’une fait en quelque sorte partie du patrimoine national, du Front populaire, en 1936, jusqu’à la Manif pour tous, en 2012. L’autre évoque plutôt celle des électeurs trumpistes vers le Capitole, en 2021, ou ces chemises noires marchant sur Rome, en 1922 ; comme quoi la doxa « antifasciste » peut se retourner aussi bien qu’une chaussette trouée.
Les mélenchonistes dupés par les macronistes ?
À l’origine de cette initiative, cette rumeur voulant que l’Élysée puisse conclure un « pacte législatif » avec Les Républicains et les députés du groupe Renaissance. Un arrangement en forme « d’accords techniques » appelé de ses vœux par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe. Jusque-là, rien que de très logique, la Macronie ayant de longue date affirmé que jamais elle ne gouvernerait avec des députés LFI.
Quel beau jeu de dupes dans lequel on ne sait plus trop bien qui est le dindon de la farce… Si les députés macronistes tirent leur épingle du jeu à l’Assemblée nationale, c’est bien grâce au soutien du Nouveau Front populaire, l’inverse valant tout autant. Comme si ce front républicain à la va-vite érigé en forme d’alliance de circonstance n’avait finalement fait que des cocus.
LFI et les « bruits de bottes »…
D’où cette déclaration tonitruante d’Adrien Quatennens : « Emmanuel Macron veut nous voler la victoire et manœuvre pour faire barrage à l’application du programme du Nouveau Front populaire. » Dans le registre « bruits de bottes », le mélenchonisme est décidément insurpassable.
C’est donc de manière tout aussi logique que Marine Le Pen sonne le tocsin : « L’extrême gauche, minoritaire en voix et en sièges, exige d’exercer le pouvoir et d’imposer son programme alors qu’elle n’en a pas la légitimité électorale. Après avoir fait élire les députés du NFP, Emmanuel Macron porte une lourde responsabilité dans ces appels inacceptables à l’insurrection, ce climat de menaces et d’intimidations. »
En effet, quand La France insoumise en appelle quasiment à descendre dans la rue pour en découdre, au nom de qui parle-t-elle ? Certes, le NFP est la plus importante coalition du Parlement (182 députés). Mais il ne s’agit que d'une coalition du moment dans laquelle le groupe LFI n’est fort que de 75 sièges. À ce compte, le Rassemblement national (123 députés) demeure le premier parti d’opposition, surtout quand on y ajoute les 17 parlementaires des LR, parti donc Éric Ciotti demeure, jusqu’à nouvel ordre, le président contestable mais incontesté. L’Élysée pourrait, bien sûr, aller chercher de ce côté pour tenter de monter une majorité, fût-elle temporaire et montée de guingois. Mais ne rêvons pas. Voyez sa lettre publiée dans la presse quotidienne régionale, ce mercredi après-midi. Et pour Laurent Wauquiez, il n'est pas question de participer au gouvernement...
Et les préoccupations des Français, dans tout ça ?
Sans surprise, le mélenchoniste Manuel Bompard affirme : « Ce que dit Adrien Quatennens, et que je partage, c’est que le président de la République donne l’impression de chercher tous les moyens de ne pas tenir compte du résultat des élections. »
Pourtant, ces mêmes élections semblent lui avoir donné tort, le RN caracolant loin devant LFI. D’ailleurs, dans ce bel orchestre digne des orgues de Staline, et quitte à écouter les préoccupations premières des Français, quid de l’immigration et de l’insécurité ? Rien dans le programme du NFP, si ce ne sont ces mesures visant à désarmer la police et à vider les prisons.
Les mélenchonistes persistent à estimer avoir été privés de leur victoire en trompe-l’œil ; les lepénistes pourraient en dire tout autant, ayant dû faire face à une coalition pas tout à fait démocratique allant de la gauche de la droite à la gauche de la gauche. Et pourtant, ces gens ne menacent pas de descendre dans la rue, tel que rappelé par Gabrielle Cluzel : « Les supposés "fascistes" acceptent le résultat des urnes et ne demandent rien à personne. Les supposés "démocrates-appartenant-à-l’arc-républicain" menacent de marcher sur les institutions si on ne leur donne pas les manettes du pays dans la demi-seconde. Il n’y a pas une erreur de casting ? »
Cherchez l’erreur.
Nicolas Gauthier