La presse ne dit pas tout, très loin de là. Après les deux premiers recours contre la tenue des élections législatives, les journalistes nous ont annoncé d’autorité que l’élection aurait lieu. Pourquoi ? Parce que les quelques contradictions avec le code électoral n’avaient pas d’importance. Le droit constitutionnel du Président est, de droit, supérieur. Circulez ! Si la chose était si simple, le Conseil constitutionnel aurait sans doute déjà donné son avis depuis mardi dernier.
Le premier mensonge tient au nombre des recours. On nous a parlé du 3e de LFI, mais pas du 4e ou du 5e et des suivants. La Gazette du Palais, toujours bien informée, annonce 8 recours supplémentaires soit au total une dizaine. Cela fait beaucoup et les sujets abordés sont complexes, techniques et mettent le Conseil constitutionnel en difficulté.
Le deuxième mensonge tient à la complexité de l’affaire des 20 jours. Sans entrer dans le détail des controverses juridiques, le délai de 20 jours pleins ne serait pas tenu pour les territoires ultramarins. Il faudrait invoquer l’intérêt général pour que les ultramarins ne bénéficient pas du délai légal et universel au nom de l’égalité pour avaler la couleuvre. Difficile !
Le troisième mensonge tient à la faisabilité matérielle de l’élection. Les syndicats des imprimeurs et le ministère de l’Intérieur travaillent, parait-il, à vérifier sa faisabilité. La France produit peu de papier. Elle l’achète à l’étranger, dont les pays scandinaves. Il faut les stocks, la production, puis le transport pour approvisionner les imprimeurs, puis imprimer, mettre sous pli et envoyer aux électeurs et transporter vers les bureaux de vote. Il semblerait que le syndicat ait annoncé que la chose était impossible. Il semblerait que les discussions tiennent à la réalité des opérations. Cela expliquerait la prudence du Conseil constitutionnel. Il ne peut se ridiculiser en congédiant les recours, puis constater que les élections sont faussées par l’absence d’envoi des enveloppes et l’indisponibilité des bulletins de vote dans des circonscriptions.
Le quatrième mensonge tient à la sincérité de la démarche présidentielle. Pourquoi dissoudre là et choisir les 20 jours, soit une précipitation bien antidémocratique puisqu’elle interdit, une fois encore, un débat serein ? En effet, si la logistique s’avère impossible ou si la qualité des recours est réelle, le Conseil constitutionnel devra juger que le délai n’est pas tenable ni légal. Toutefois, il faudrait respecter l’injonction présidentielle. Tenez-vous bien. Il faudrait voter un jour férié, le 14 puis le 21 juillet. Pourquoi ? Parce que le 28 juillet est hors délai des 40 jours. Dans une telle circonstance, l’insincérité folle du Président serait manifeste, puisqu’elle obligerait les électeurs de voter un jour férié, beaucoup étant déjà en vacances, et les délais pour faire des procurations individuelles impossible à tenir. Le vote serait confisqué !
Le cinquième mensonge tient à la volonté présidentielle. Avons-nous face à nous un président encore responsable avec une telle situation ? Avons-nous un malade qui est prêt à mettre en péril tout un pays qui a osé le contrarier ? Il est évident que tout cela démontre que Macron sème le chaos, indigne de sa fonction et dangereux pour le pays.
J’en retiens pour ma part quelques idées simples. La première, que nous devons urgemment quitter définitivement un régime présidentiel qui nous fait dépendre de la volonté d’un seul homme. Au 3e millénaire, c’est inacceptable. La deuxième, que nous devons lui infliger la plus grande sanction possible lors de ces élections. La troisième, que tout cela démontre qu’il sera impossible de cohabiter ; il faut le contraindre à la démission ou le destituer. La dernière, que face à tant de malhonnêteté, il faudra limiter les pouvoirs du Conseil constitutionnel aussi ; car comme nous il sait, depuis mardi.
Pierre-Antoine Pontoizeau