Après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron dimanche soir, une nouvelle campagne débute, en vue des élections législatives anticipées qui auront lieu les 30 juin et 7 juillet prochains.
Que va-t-il se passer après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron dimanche soir ? Après les résultats des élections européennes, qui ont placé le RN largement en tête en France avec 31,4% des voix, le Président a annoncé des élections législatives anticipées, qui auront lieu les 30 juin et 7 juillet prochains. Une nouvelle campagne électorale, qui va durer trois semaines seulement, démarre en France. Quelles sont les échéances à venir ? Que se passe-t-il à l'Assemblée nationale en attendant ?
Les travaux parlementaires suspendus
Avec la dissolution, le mandat des députés est aujourd'hui interrompu. Plus aucun texte n'est examiné, tous les travaux parlementaires sont suspendus. C'est notamment le cas du projet de loi sur la fin de vie, qui avait commencé à être discuté dans l'hémicycle. Une situation que la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a regretté sur France 2 ce lundi matin. La discussion du projet de loi sur l'indemnisation des chômeurs, portée par le groupe Liot, est également suspendue, tout comme celle du projet de loi sur l'audiovisuel public et celle de la loi agricole.
En attendant la nomination des 577 nouveaux députés, et donc de nouveaux ministres, le gouvernement actuel gère les affaires courantes.
Une campagne éclair de trois semaines
Selon la Constitution, l'élection de nouveaux députés doit avoir lieu entre 20 et 40 jours après la dissolution. Emmanuel Macron a choisi le délai le plus court, puisque le premier tour est prévu le 30 juin, soit 21 jours après la dissolution. Trois semaines éclairs s'ouvrent donc avant le premier tour.
C'est une situation inédite : même en 1968, quand le Général De Gaulle a dissous l'Assemblée en pleine révolte, les délais n'avaient pas été aussi courts. Il y avait à l'époque 24 jours entre la dissolution et le premier tour des législatives, contre 21 jours aujourd'hui. Le chef de l'État a promis de s'exprimer cette semaine pour indiquer "l'orientation" qu'il croit "juste pour la nation".
Les candidats devront déposer leurs candidatures entre le 12 et le 16 juin à 18h, selon le décret publié ce lundi. La campagne officielle commencera le 17 juin, deux semaines avant les élections, soit le délai légal prévu. Autrement dit, la campagne officielle débutera dans une semaine. Mais le décompte des temps de parole des partis politiques à la télévision et à la radio débutera dès ce mardi à 6h, a décidé lundi l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel.
Le second tour aura lieu le 7 juillet, à peine trois semaines avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, le 26 juillet.
Tractations en cours
Tous les députés sortants peuvent se représenter, et de nouveaux candidats peuvent également être investis par les partis. Ces candidats vont en tout cas avoir quelques jours seulement pour se déclarer, jusqu'à dimanche. Les tractations entre les différentes forces politiques ont déjà débuté, notamment en vue d'éventuelles fusions. Les réunions et les prises de parole vont s'enchaîner dans les jours à venir, en vue des investitures des partis.
Appels au rassemblement contre l'extrême droite
Des organisations de jeunesse ont appelé à un rassemblement contre l'extrême droite ce lundi soir place de la République à Paris, après une mobilisation plus tôt dans la journée devant le lycée Henri IV. D'autres rassemblements sont prévus dans des grandes villes de France comme à Marseille ou Lille.
"La jeunesse emmerde le Front national", indique l'appel à manifester à 20h place de la République, qui circule sur les réseaux sociaux. Il a été lancé à l'initiative du syndicat étudiant L'Union étudiante et relayé par l'USL (Union syndicale lycéenne), Les Jeunes écologistes, Les Jeunes insoumis, Les Jeunes générations ou L'Unef, a indiqué à l'AFP la porte-parole de L'Union étudiante Eléonore Schmitt. "L'idée, c'est d'appeler à se rassembler pour montrer que la jeunesse refuse ce qui s'est déroulé déjà hier avec les résultats des élections européennes", a-t-elle souligné.
La CGT a appelé aussi lundi dans un communiqué "le monde du travail à se syndiquer, à s'organiser, à participer à toutes les initiatives de mobilisation contre l'extrême droite et contre la politique d'Emmanuel Macron, en commençant par l'appel des organisations de jeunesse à se rassembler dès ce lundi soir".
L'association des maires de France craint des difficultés d'organisation
La décision d'Emmanuel Macron suscite des inquiétudes dans les communes. L'association des maires de France affirme dans un communiqué que "La décision soudaine du président de la République de dissoudre l'Assemblée nationale et de convoquer les électeurs dans un délai inédit dans l'histoire de la république suscite une réelle inquiétude chez de nombreux maires sur la capacité des communes à organiser ces deux scrutins dans des conditions satisfaisantes".
L'organisation matérielle des élections, les 30 juin et 7 juillet prochains, représente "une charge importante pour les communes", rappelle l'association, qui évoque notamment la difficulté à trouver des assesseurs les jours de scrutin.
Géraldine Houdayer - Lise Roos-Weil