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Elections européennes : Pourquoi la campagne de Marion Maréchal et de Reconquête n’arrive-t-elle pas à décoller ?

La tête de liste du parti Reconquête frôle avec les 5 % d’intention de vote dans les sondages, une situation dangereuse pour l’avenir du parti

L'essentiel

Marion Maréchal est la tête de liste du parti Reconquête pour les élections européennes de juin prochain.

L’ancienne figure du Front national continue de stagner dans les sondages, autour des 6 % d’intentions de vote.

Entre le rouleau compresseur Jordan Bardella (RN) et l’omniprésence en interne d’Eric Zemmour, qui sera ce samedi en meeting à Palavas-les-Flots, la candidate Reconquête peine à imposer sa marque.

A l’inauguration du QG de campagne des européennes, mi-décembre, Marion Maréchal arborait un large sourire aux côtés d’Eric Zemmour et d’un sapin de Noël bien décoré. « Nous pouvons être fiers du travail déjà accompli puisque nous avons été une véritable boussole idéologique. Il faut conforter notre socle et l’augmenter ».

Marion Marechal lors d'un meeting à Paris, le 10 mars 2024.

Quatre mois plus tard, les guirlandes et l’optimisme ambiant ont été rangés dans les cartons. Car à neuf semaines du scrutin, et alors qu’Eric Zemmour se déplace ce samedi à Palavas-les-Flots, dans l’Herault, la tête de liste Reconquête peine à imposer sa marque et stagne dans les sondages. Comment expliquer ce début de campagne raté ? Voici quelques éléments de réponse.

Le rouleau compresseur Bardella

Semaine après semaine, les enquêtes d’opinion confirment l’insolente avance de Jordan Bardella pour le scrutin européen du 9 juin prochain. La tête de liste du Rassemblement national, encore testé à 31 % dans un sondage Harris interactive ce jeudi, écrase la concurrence à la droite du parti macroniste. Et il ne laisse que des miettes à François-Xavier Bellamy (LR, à 7 %) et Marion Maréchal, testée à 6 %. « On voit bien que la mayonnaise ne prend pas chez Zemmour, raille Gilles Pennelle, cadre du RN. Les gens n’y croient plus. La dynamique de Jordan [Bardella] est telle que les patriotes qui veulent gagner nous rejoignent », sourit-il.

Selon une enquête Ifop, plus de 40 % des électeurs d’Éric Zemmour au premier tour de l’élection présidentielle de 2022 pourraient se tourner vers la liste RN au scrutin européen. « Pour l’instant, le rapport de force est de leur côté, ils ont imposé le vote utile », souffle-t-on chez Reconquête.

Les querelles stratégiques

Ce délicat début de campagne est également lié à des divergences à la tête du mouvement. Plusieurs médias ont fait part de vives tensions entre Eric Zemmour et Marion Maréchal sur la stratégie à adopter. « Il y a des débats animés et vigoureux », a reconnu le patron de Reconquête sur BFMTV la semaine passée. L’ancien éditorialiste reproche à sa candidate sa mansuétude à l’égard du président de son ancien parti (Bardella, encore lui), qu’elle refuse de voir comme « un adversaire », estimant même qu’ils sont « complémentaires ».

« Marion Maréchal vient du RN. Même plus encore, elle est une fille Le Pen. Donc évidemment, elle n’a pas la même liberté que moi par rapport à sa tante, par rapport au parti d’où elle vient », a lâché Eric Zemmour sur BFMTV. « J’ai toujours été libre », a répliqué sèchement la candidate. Les deux personnalités ne s’adresseraient d’ailleurs plus la parole en dehors des réunions de campagne, selon le Point, qui fait état de deux équipes travaillant en parallèle au sein du même mouvement. « Ils se parlent, se parlent franchement, mais on est loin des tensions », balaye-t-on au parti.

Difficile d’exister (avec Zemmour)

Certains proches de Marion Maréchal ont regretté dans la presse l’omniprésence d’Eric Zemmour dans la campagne. La figure incontournable de Reconquête, qui multiplie les sorties, égrène le précieux temps de parole du mouvement dans les médias. Son long discours de 45 minutes lors du grand meeting de lancement, en mars, à Paris, était à peine plus court que celui de sa candidate. Selon nos informations, il devrait d’ailleurs bien être présent sur la liste Reconquête en position non éligible. De quoi faire de l’ombre à celle censée la diriger, et qui peine à émerger ?

Pas forcément, estime un soutien de l’ex-journaliste. « Marion est une figure méga connue, mais certains ne savent pas son nom exact, ou pensent qu’elle est sur la liste de Bardella… », regrette-t-il. « Les débats vont contribuer à la mettre en avant, rappeler qu’elle est bien chez Reconquête. Il y a une alchimie à trouver dans leur duo », ajoute ce cadre.

Marquer sa singularité

Au sein du parti, on espère que la fin de campagne permettra de régler tous ces détails. « Il faut revenir au zemmourisme originel pour se démarquer du RN. Sur l’immigration, sur l’islam, qui est incompatible avec la République, contrairement à ce que dit le RN », souffle un membre du bureau exécutif de Reconquête. « Il faut aussi faire comprendre qu’il n’y a pas de vote utile. On s’en fout de mettre une claque à Macron, le but est de peser au Parlement européen. Et Marion aura un rôle important dans le groupe des conservateurs (ECR) », dit-il.

En cas de score en dessous des 5 % en juin prochain, Reconquête n’aurait aucun élu au Parlement européen. Un nouvel échec qui serait imputé à Marion Maréchal comme à Eric Zemmour. Et qui assombrirait leur avenir politique.

Thibault Le Gal

 

 

Date de dernière mise à jour : 06/04/2024

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